| Logogriphe (du grec logos = parole, et griphos = piège, filet) est une sorte d'énigme qui donne à deviner un mot par l'analyse de ce mot lui-même, en le décomposant en d'autres mots, en indiquant les différentes significations qu'il prend suivant qu'on en retranche une ou plusieurs lettres. En voici un exemple, tiré du Mercure de France (janvier 1758) : Rien n'est plus vieux, rien n'est si beau que moi. Des lettres de mon nom efface la troisième; Vieux ou jeune, je suis d'une laideur extrême. Retranche la seconde : à chaque instant chez toi J'augmente en dépit de toi-même. Ton embarras me fait pitié. Tu ne m'as jamais vu, tu ne peux me connaître, Mais reconnais au moins ma première moitié Tu l'as vu mourir et renaître. On trouve chez les Anciens quelques exemples de logogriphes. Les Arabes en faisaient, dit-on, un de leurs divertissements, à une époque très reculée. On fait remonter le logogriphe en France au temps de Charlemagne : mais il ne fut véritablement en vogue qu'au commencement du XVIIIe siècle. C'est en 1727 que le Mercure en inséra ses premiers modèles; le succès en fut tel, que le logogriphe fut dès lors régulièrement admis dans cette feuille au même titre que l'énigme et la charade. Une véritable poétique du logogriphe, attribuée à La Condamine, y fut insérée en 1758. l'Angleterre nous avait devancés dans ces jeux d'esprit; la reine Élisabeth s'y livrait avec passion. Disons aux personnes qui n'auraient pas voulu exercer la sagacité de leur esprit sur le logogriphe ci-dessus, qu'il est bâti sur le mot ange, où l'on trouve âne, âge, et an. | |