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L'Ascania
(en grec ancien : Ἀσκανία) était une petite région située dans
la Bithynie antique, une ancienne région
d'Anatolie (au nord-ouest de l'actuelle Turquie), bordée par la mer de
Marmara et les montagnes du Pont. Cette contrée, principalement composée
de la plaine fertile traversée par le fleuve Ascanius (aujourd'hui Aşkılıç
Çayı), était connue pour ses vastes marais, son lac (le lac Ascanius,
actuel lac d'İznik), et sa fertilité agricole. Son nom est parfois associé
à la mythologie grecque, évoquant
le personnage d'Ascanius, fils d'Énée, bien que
cette connexion reste symbolique.
Historiquement, l'Ascania fit partie des
territoires contrôlés par les Bithyniens, un peuple thrace établi dans
la région dès l'Antiquité. Sous le royaume de Bithynie, qui s'affirma
au IIIᵉ siècle av. J.-C., la région devint stratégique, notamment
grâce à sa position entre la mer Égée et les montagnes du Pont. La
ville de Prusa (aujourd'hui Bursa), située
sur les rives du fleuve Ascanius, fut un centre important, tandis que Nicomédie
( İzmit) et Nicaea (İznik) se développèrent
comme des cités prospères, profitant de l'exploitation des ressources
agricoles et minières.
Sous domination romaine
(à partir du Ier siècle av. J.-C.), l'Ascania
intégra la province de Bithynie-Pont. La région connut un essor grâce
à l'infrastructure romaine, notamment les routes et les installations
portuaires. Le lac Ascanius, entouré de villes romaines, fut un lieu de
villégiature pour l'aristocratie, tandis que les terres agricoles fournirent
des céréales aux métropoles impériales. La présence chrétienne s'y
imposa progressivement, avec le concile de Nicée (325 ap. JC), tenu dans
la cité de Nicaea, qui marqua un tournant dans l'histoire de l'Église.
L'Ascania fut également touchée par les
conflits entre l'Empire romain d'Orient
et les invasions des Goths, des Huns
et des Arméniens au Bas-Empire. Avec l'expansion byzantine, la région
conserva son importance jusqu'à la conquête ottomane
au XVe siècle. Les marais, souvent mentionnés
par les historiens anciens comme des obstacles naturels, furent progressivement
asséchés pour agrandir les zones cultivables.
Aujourd'hui, bien que le nom d'Ascania
ait depuis longtemps disparu des cartes, la région reste marquée par
des vestiges antiques (comme les mosaïques de la basilique d'İznik) et
par l'agriculture intensive, héritage de son passé agricole. La mémoire
de cette contrée se retrouve dans les textes des géographes anciens (Strabon,
Ptolémée) et dans les récits des pèlerins
byzantins, témoignant de son rôle dans l'histoire de l'Anatolie antique. |
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