| Robert (désigné souvent sous le nom de Prince Rupert), prince palatin, neveu du roi d'Angleterre, Charles Ier, né à Prague le 18 décembre 1619, mort à Londres le 29 novembre 1682. Sa mère, Elisabeth (fille aînée de Jacques Ier, roi d'Angleterre), était femme de Frédéric V, l'électeur palatin, banni de ses États après avoir vainement essayé de s'emparer de la Bohême. Robert était le troisième fils de Frédéric V. Il apprit l'art militaire sous la direction de Frédéric-Henri, prince d'Orange; à treize ans, il assistait au siège de Thynberg et, à dix-huit ans, il commandait un régiment de cavalerie et combattit vaillamment dans la guerre de Trente Ans contre les Impériaux qui le tirent prisonnier à Lemgo en 1638 et le gardèrent jusqu'en 1641. Il vint ensuite à la cour de Charles Ier, son oncle, qui lui donna à commander sa cavalerie. C'est là qu'il prit le surnom de Prince Rupert. Son courage le fit nommer pair d'Angleterre et duc de Cumberland (janvier 1644); mais sa témérité compromit à plusieurs reprises les opérations de l'armée (en particulier à Marstonmoor). Nommé général en chef par Charles Ier (1645), il se laissa emporter par son ardeur à la bataille de Naseby et écrasa l'aile qui était en face de lui; mais, pendant qu'il la poursuivait, Cromwell prenait l'avantage. Rupert ne sut pas davantage défendre Bristol qu'il rendit le 10 septembre 1645 : il acheva par là de perdre la confiance de Charles Ier, qui lui retira son commandement. Il ne fut pas plus heureux sur mer malgré son courage et après une poursuite acharnée de l'escadre parlementaire, sa flotte fut rejointe par Blake et coulée sur les côtes d'Espagne (1648). Robert s'échappa difficilement avec quelques vaisseaux et partit pour les côtes d'Amérique, où, pendant trois ans, il fit la guerre de course et de piraterie contre l'Angleterre. Son caractère le poussa ensuite à de nouvelles aventures et; en 1654, il revint en France avec ses vaisseaux; il s'y établit, et ses esclaves maures, sa vie bizarre, son train extravagant le mirent à la mode et lui amenèrent plus d'une bonne fortune romanesque. En 1654, il retourna en Allemagne et ne revint en Angleterre que lors de la Restauration, en 1660. Il fut accueilli avec honneur et nommé amiral et gouverneur de Windsor. En 1665, à l'époque de la guerre contre la Hollande, il reprit un commandement dans la flotte sous le duc d'York, puis avec le duc d'Albermale : il se distingua par son brillant courage et obtint divers succès (3 juin 1666). En 1673, il devint amiral de la flotte et, aux combats de Schooneveld et Kijkduin, parvint à plusieurs reprises à balancer l'avantage entre la flotte anglo-française qu'il dirigeait et la flotte hollandaise que commandaient Tromp et Ruiler (11 août 1673). Robert se retira alors des aventures, à la suite d'une grave blessure reçue en Flandre; nommé gouverneur du château de Windsor, il se consacra avec passion à la chimie, à la physique, à l'astronomie; à l'hydraulique; il fit d'heureuses expériences sur la fabrication de la poudre, sur l'artillerie, sur la fabrication du verre et découvrit un mélange qui fut appelé "métal du prince"; il pratiqua et perfectionna certains procédés de gravure dans la manière noire et se rendit célèbre aussi comme peintre. Il laissa en mourant deux enfants naturels. Le chevalier de Gramont a laissé de lui un portrait très vivant où il loue sa vaillance, la bizarrerie de son humeur toujours intempestive, son génie fécond en expériences de mathématiques, son talent pour la chimie et son grand air dur de réprouvé. (Ph. B.). | |