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Louis-Paul Cailletet
est un chimiste et physicien né à Châtillon-sur-Seine
(Côte-d'Or) en septembre 1832, mort à Paris
le 5 janvier 1913. Il fit ses études d'abord au collège de
cette ville, puis au lycée Henri
IV; il entra ensuite comme élève externe à l'Ecole
des mines; peu de temps après sa sortie de celte école il
dirigea à Châtillon les forges et laminoirs appartenant à
son père.
Ce fut pour lui l'occasion de nombreuses
et très intéressantes recherches sur la marche des hauts-fourneaux,
les phénomènes de combustion qui s'y produisent et sur diverses
propriétés des métaux qu'on en retire. C'est dans
cet ordre d'idées qu'il publia une série de recherches dans
les Comptes rendus de l'Académie des sciences : Recherches
sur les fontes et le puddlage; analyse des gaz contenus dans les caisses
de cémentation; cémentation du fer par la fonte chauffée
au-dessous de son point de fusion; de la dissociation des gaz dans les
foyers métallurgiques; sur la composition et l'emploi industriel
des gaz sortant des foyers métallurgiques. La perméabilité
des métaux aux températures élevées et même
aux températures ordinaires a été l'occasion, pour
Cailletet, de recherches qui identifient la cause de certains accidents
qui se produisent dans le recuit des pièces de fer incomplètement
forgées.
Ce sont les recherches sur la compressibilité
des liquides et des gaz, et surtout sur la liquéfaction de ces derniers,
qui ont montré toutes les ressources de cet esprit ingénieux.
On comptait auparavant six gaz : l'oxygène, l'azote, le bioxyde
d'azote, l'hydrogène,
l'oxyde de carbone et le protocarbure d'hydrogène, que l'on n'avait
pu liquéfier, malgré les pressions énormes qu'on leur
avait fait subir. Vers la fin de 1877 et le commencement de l'année
1878, Cailletet les liquéfia tous, un peu avant Pictet,
qui arrivait quelques jours après au même résultat,
mais par une méthode tout à fait différente.
Le principe sur lequel repose cette démonstration
est fort ingénieux. On sait que la pression seule est impuissante
à liquéfier certains gaz et qu'il existe pour ces corps un
point critique, c.-à-d. une température telle que pour toutes
les températures qui n'atteignent pas celle-là la liquéfaction
est impossible; cela explique l'insuccès des expériences
antérieures; il ne suffisait pas de comprimer, il fallait refroidir
les gaz; c'est au froid produit par la détente qu'est due cette
chute de température.
Les six gaz, réputés jusque-là
permanents, traités de cette façon, se sont tous liquéfiés
plus ou moins facilement, les uns donnant un liquide stable, les autres
un brouillard plus ou moins fugitif, mais attestant la liquéfaction.
Il restait à obtenir ces gaz à l'état statique; ce
fut aussitôt le but des nouvelles recherches de Cailletet. C'est
à l'éthylène liquéfié en grande quantité,
dont l'évaporation permet d'obtenir des températures de -136°C,
que ce savant eut recours. Ce froid permet d'obtenir à son tour
le formène à l'état de liquide stable; l'évaporation
de ce dernier permet d'avoir l'oxygène lui-même à l'état
statique.
Ajoutons en terminant que l'Académie
des sciences a par trois fois affirmé l'intérêt qu'elle
prenait aux travaux de Cailletet en le nommant, le 17 décembre 1877,
membre correspondant de l'Institut, en lui décernant le prix Lacaze
en 1883, et en le nommant enfin académicien libre le 26 mai 1884.
Il a aussi construit à la Tour Eiffel
divers dispositifs, comme un manomètre géant, ou des appareillages
destinés à l'étude de la chute des corps et la résistance
de l'air. (A. Joannis). |
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