| A Rome, le culte de Fides (avec celui de Terminus) est l'une des deux colonnes du droit. Fides représente généralement la parole d'un homme d'honneur, appuyée, confirmée par la main donnée, comme gage du serment. Par suite, Fides a signifié la conscience, l'honneur d'un citoyen, ou même d'un État, comme dans les expressions « conferre se in fidem et clientelam alicujus, » etc. La Fides est un attribut partiel du Jupiter Lucetius; ce dieu, en sa qualité de dieu de la lumière, est en même temps celui de la fidélité, de l'équité dans tous les rapports de la vie. De là vient la confusion de Terminus avec le jour qui revient sans cesse, et le nom de Jovis Fiducia, qu'on donnait à ce dernier dieu. Le nom de féciaux semble se rattacher à celui de fides, fidus; dans tous les cas, on ne peut méconnaître l'affinité de sa racine avec celle de foedus. Il y avait à Rome un vieux sanctuaire de la Fides publica ou Fides populi romani. Cette Fides publica du Capitole n'était autre chose que la personnification de la conscience de Rome de là vient que le sénat se réunissait souvent dans son temple, et que les peuples alliés de Rome font souvent à cette Fides populi romani l'honneur de marquer leurs monnaies à son empreinte. Tite-Live nous a conservé sur ce culte les plus curieux détails (I, 21). D'après la législation de Numa, les trois Flamines de Jupiter, Mars et Quirinus étaient chargés du culte de Fides. Ils devaient monter au Capitole dans un char couvert d'un dais et devaient , au sacrifice, envelopper d'un linge blanc la poignée de leur main droite. La première de ces formalités signifiait que la Fides ne saurait être trop soigneusement gardée; la seconde que la main droite, le siège de la fidélité, doit être conservée pure et intacte. La Fides est représentée la droite étendue en avant; elle portait un voile blanc; le blanc est la couleur de la lumière et de la pureté. Le voile joue ici le même rôle que le dais de la voiture dans l'ascension des Flamines. Les poètes romains parlent de l'antique Fides comme les grecs d'Aidôs; et de Némesis. C'est dans ce sens qu'Ennius lui donnait l'épithète d'ailée (apta pinnis), parce qu'elle s'était envolée vers le ciel; Virgile la nomme blanchie par l'âge (cana), comme ayant été surtout honorée autrefois; enfin Silius Italicus nous raconte comment elle a quitté la terre souillée de meurtres, d'injustice et de cupidité, pour ne plus siéger désormais que dans le ciel et les coeurs honnêtes. (L. Preller). | |