| Carna ou Cardea est une déesse romaine qui appartient à la vieille croyance populaire : elle porte deux noms, quoiqu'au fond elle soit une et simple. Quelques auteurs en font une déesse qui fortifie le coeur et les entrailles. D'autres l'appellent Cardea, et, comme déesse des gonds, la rapprochent de Forculus et de Limentinus. Cette contradiction apparente nous est expliquée par Ovide à l'aide de la légende qui suit. Il y avait près du Tibre un bois d'Helernus où les pontifes faisait des sacrifices. Là demeurait une nymphe, aimée de Janus, qui devint, sous le nom de Carna, la déesse des portes. Chargée de veiller aux entrées et aux sorties, elle avait surtout à écarter ces effroyables Stryges (de stridere), oiseaux venimeux qui viennent la nuit sucer le sang des enfants (l'aubépine est employée pour chasser ces monstres, aussi cette plante figure-t-elle toujours dans la main de Cardea). Elle sauva ainsi Procas, le roi d'Albe, encore enfant, en immolant à sa place un cochon de lait, offrant au dieu coeur pour coeur, entrailles pour entrailles, âme pour âme. Le jour de sa fête, aux calendes de juin, on mange des fèves et du lard, dont on lui offre les prémices, parce que ce sont mets nourrissants et qui fortifient les entrailles. De là le nom de Calendie Fabariae donné à ces calendes. Son temple était sur le Caelius; Brutus l'avait bâti, disait-on, aussitôt après l'expulsion des tyrans. On la priait de protéger le coeur, les reins et toutes les artères, soit que par coeur (cor) on entendit l'estomac, si essentiel à la vie humaine, et si populaire à Rome (Ménénius Agrippa et son apologue en font foi), soit que ce mot signifiât l'esprit, la prudence, explication qui nous ferait mieux comprendre l'intervention de Brutus dans ce culte. (L. Preller). | |