Les linguistes divisent généralement la quarantaine de langues caucasiennes répertoriées en trois groupes : les langues du nord-est du Caucase (tchétchène, ingouche, etc.), les langues du nord-ouest du Caucase (abkhaze, adyguéen, kabardien, etc.) et les langues du sud du Caucase (géorgien, principalement).

Les langues du nord-est du Caucase sont parlées principalement en Russie. Elles ont été influencées par les langues turques et les langues iraniennes, qui ont été parlées dans la région depuis l'Antiquité. Les langues du nord-ouest du Caucase sont parlées principalement en Russie et en Turquie. Elles ont été influencées par les langues indo-européennes et les langues turques, qui ont été parlées dans la région depuis des milliers d'années. Les langues du sud du Caucase sont parlées en Géorgie, en Arménie, en Azerbaïdjan et dans certaines parties de l'Iran et de la Turquie. Le géorgien est la seule langue caucasienne avec une tradition écrite continue remontant à l'Antiquité.

La phonologie des langues caucasiennes.
Les langues caucasiennes possèdent de nombreux sons différents, avec souvent des sons qui sont absents dans d'autres langues. Voici quelques exemples de caractéristiques phonologiques concernant les consonnes que l'on peut trouver dans ces langues :

• Consonnes éjectives : Ces consonnes sont produites en faisant exploser de l'air qui est enfermé dans la cavité buccale. On les rencontre notamment  dans le tchétchène, le géorgien et l'abkhaze.

• Consonnes uvulaires : Ces consonnes sont produites avec le dos de la langue contre le voile du palais. On les rencontre notamment dans le kabardien.

• Consonnes fricatives : Les langues caucasiennes ont souvent des consonnes fricatives très fortes, produites avec une friction intense de l'air dans la cavité buccale. Le tchétchène, par exemple, a des fricatives vélarisées très fortes.

• Consonnes glottales : Ces consonnes sont produites avec un rétrécissement de la glotte. Elles sont présentes dans le tchétchène et l'abkhaze, notamment.

Ajoutons que les langues caucasiennes ont également des systèmes tonals, qui utilisent des variations de hauteur de la voix pour changer la signification des mots. Par exemple, en géorgien, le mot mtavari peut signifier "nouveau" ou "propriétaire" en fonction du ton utilisé. En tchétchène, on observe trois tons différents.

L'écriture des langues caucasiennes.
Les langues caucasiennes ont été écrites avec différentes écritures au fil du temps. L'écriture cyrillique, qui a souvent supplanté l'alphabet latin, est utilisée, au Nord du Caucase, pour le tchétchène, le dargwa et l'abkhaze. L'alphabet arabe est parfois utilisé. Un alphabet particulier, à 33 lettres, est utilisé par le géorgien, au Sud du Caucase. Le même alphabet est aussi employé par le mingrélien et le svane. Des langues telles que l'adyghe, l'ousti, le lak et le tabassaran, ont également  leur propre système d'écriture.

Le vocabulaire des langues caucasiennes.
Les langues caucasiennes ont des vocabulaires avec souvent des racines communes partagées entre les différentes langues de la famille. Elles font également des emprunts à d'autres langues (le turc, le russe ou l'arabe). Voici quelques mots en géorgien :

    გამარჯობა (gamardjoba) : bonjour
    მადლობა (madloba) : merci
    გამარჯობათ (gamardjobat) : au revoir
    როგორ ხარ? (rogor khar?) : comment vas-tu?
    მე ვიცი (me vitsi) : je sais
    წარმატებები (tsarmatebebi) : félicitations
    ცხოვრება (tskhovreba) : vie
    სიყვარული (siqvaruli) : amour
    სისულელე (sisulele) : tristesse
    ცუდი (tsudi) : mauvais

La grammaire des langues caucasiennes.
Les langues caucasiennes sont en général agglutinantes, ce qui signifie que les mots sont formés en ajoutant des affixes (préfixes, suffixes, infixes) à une racine de base. Ces affixes peuvent indiquer la personne, le temps, le mode, le genre, le nombre, etc.

Morphologie casuelle.
Les langues caucasiennes sont souvent caractérisées par une riche morphologie casuelle, avec de nombreux cas pour exprimer les relations entre les mots dans une phrase. Ci-dessous, quelques exemples de formes casuelles des noms. En géorgien, les noms ont une forme différente pour chaque cas, ainsi que pour le singulier et le pluriel. En tchétchène, les noms peuvent avoir jusqu'à huit cas différents, selon leur fonction dans la phrase. En abkhaze, il y a des formes différentes pour chaque cas, ainsi que pour le singulier et le pluriel.
 

Systèmes de conjugaison.
Dans  les langues caucasiennes, certains verbes peuvent avoir des dizaines ou même des centaines de formes différentes.

En géorgien, les verbes sont conjugués pour la personne, le temps, le mode et l'aspect. Par exemple, le verbe gvian ( = aller) peut être conjugué comme suit :

Gvian : présent, indicatif
Gvitsebuli : passé, indicatif
Gvitsebul : passé, subjonctif
Gvianot : futur, indicatif
Gvianeba : infinitif.

En tchétchène, les verbes sont conjugués pour le sujet et l'objet de la phrase. Par exemple, le verbe kila ( = manger) peut être conjugué comme suit :

 Kila-m : je mange
 Kila-sh : tu manges
 Kila-ma : il / elle mange
 Kila-mo : nous mangeons
 Kila-v : vous mangez
 Kila-ho : ils / elles mangent

En lezghien, les verbes ont plusieurs formes pour exprimer le temps et l'aspect. Par exemple, le verbe  araxu ( = venir) peut être conjugué comme suit :

 Araxu : présent
 Araq : passé récent
 Arziv : passé lointain
 Araxi : futur
 Araxs : impératif

En abkhaze, les verbes ont également  des formes différentes pour les temps, les aspects et les modes. Il y a par exemple trois aspects : 

+ Le perfectif : indique une action complète, terminée ou ponctuelle. Ex. : ҟәара аҩыҟықәара (aqwarra aqwyqyqara)  = Ada a fini de lire.

+ L'impefectif : indique une action en cours, en progression ou répétitive. Ex.e : аҟәара аԥшымыҧаақәырә (aqwarra apshymyphaaqwaryra) = Ada chante.
    
+ L'aoriste (indique une action qui n'est pas définie dans le temps). Ex. : аҟәара алақәырә (aqwarra alaqwaryra)  =  Ada a chanté.

L'ordre des mots .
L'ordre des mots dans la phrase est parfois de type sujet-verbe-objet (SVO), comme en lezghien (par exemple, Maryam kitabi oxu = Maryam lit le livre),  Plus souvent, à l'instar de ce qu'on observe avecle géorgien ou le tchétchène, on a plutôt l'ordre  (SOV). Mais l'ordre peut aussi varier selon l'importance ou l'information donnée.

En tchétchène, les adjectifs sont généralement placés après les noms qu'ils modifient. En géorgien, les adjectifs peuvent être placés avant ou après les noms qu'ils modifient, mais ont généralement une forme différente selon leur position (par exemple, l'adjectif « belle » se traduit par le mot  gatsna  lorsqu'il est placé avant le nom, et par gatsnobis lorsqu'il est placé après le nom. Même chose pour le lezghien (ex., ce même adjectif est  xena, lorsqu'il est placé avant le nom, et  xenar , lorsqu'il est placé après le nom.