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Les verbes transitifs
et le verbes intransitifs
On appelle transitif, d'après leur signification, les verbes qui peuvent avoir un complément direct. Ce sont des verbes à forme active, moyenne ou déponente; il y a même en français un verbe pronominal essentiel qui est transitif, c'est le verbe s'arroger

Transitif vient du latin transire, passer d'un lieu à un autre, et exprime cette idée que l'action du verbe est conçue comme passant du sujet sur un objet qui la subit directement. Il en résulte, comme la voix passive est la forme que prend le verbe pour signifier une action subie par le sujet, que les verbes transitifs peuvent et doivent s'employer à la voix passive, et que leur complément direct y devient le sujet. Cette règle est vraie pour les verbes actifs et moyens; elle cesse de l'être en latin pour les verbes déponents, qui n'ont pas de forme personnelle à sens passif

Aux verbes transitifs on oppose les verbes intransitifs, qui ne peuvent avoir de complément direct ni en général de voix passive. Ce sont de verbes exprimant un état ou une action ne sortant pas du sujet : tels sont en françaisblanchir (dans le sens neutre), dîner, souper, marcher, parler, fleurir, dormir, etc. Tous les verbes intransitifs sont neutres; mais tous les neutres ne sont pas intarnsitifs : ainsi venir, aller, entrer, sortir.

Il faut se garder de croire qu'il y ait entre les verbes transitifs et les verbes intransitifs une différence de nature. Les verbes transitifs peuvent s'employer absolument, comme des verbes intransitifs, lorsque l'action qu'ils signifient est considérée indépendamment des objets sur lesquels elle peut s'exercer : Donnez, riches; l'aumône est soeur de la prière. L'histoire du langage nous montre que beaucoup de verbes sont passés de l'une à l'autre de ces significations; qu'en français, notamment, un grand nombre de verbes intransitifs sont devenus transitifs, soit par suppression de la préposition avec laquelle se construisait leur complément, soit par l'intermédiaire d'un verbe pronominal où le pronom régime explétif a fini par être considéré comme un complément direct (s'arrêter), soit en prenant le sens de produire l'action (cesser, approcher) ; et qu'au contraire, des verbes autrefois transitifs sont maintenant intransitifs (jouir, partir). 

Tantôt la signification primitive a disparu complètement, comme pour jouir, ou ne subsiste que dans des locutions archaïques, comme pour partir (avoir maille à partir); tantôt elle s'est conservée à côté de la nouvelle, et c'est ainsi qu'il y a un si grand nombre de verbes qui s'emploient, suivant le cas, comme transitifs ou comme intransitifs (arrêter, promener, aider, changer, servir, etc.). 

Enfin le rapport entre l'action du verbe et son objet peut être conçu de façon différente suivant les langues, et telle idée, exprimée dans rune au moyen d'un verbe transitif, peut l'être dans une autre par un verbe intransitif. Nous disons en françaisnuire à, être utile à; les verbes grecs correspondants, blaptein, wfelein, sont transitif ; nous disons enseigner quelque chose à quelqu'un, les Latins disaient docera aliquid aliquem, en donnant au verbe docere, un double complément direct et la double signification d'enseigner et d'instruire. En français même nous disons dérober quelque chose à quelqu'un; on disait autrefois dérober quelqu'un de quelque chose : l'ancien complément direct est devenu indirect et réciproquement. (P. Giqueaux.).

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