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Un trou noir est une
région de l'univers où se concentre une masse
tellement compacte qu'il y règne un champ de gravitation
extrême. Si l'on s'exprime en termes classiques, on dira qu'à
l'intérieur d'un tel objet, l'attraction
exercée sur tout corps est telle que pour y échapper il faudrait
acquérir une vitesse supérieure à celle de la lumière
(et donc recourir à une énergie infinie). L'impossibilité
pour aucun corps matériel, mais aussi pour
la lumière elle-même de s'extraire d'un tel piège,
après y être tombée, explique l'appellation de trou
noir, qui a été donnée à ce type d'astre par
John Wheeler, en 1967.
La définition précédente a le
mérite de donner à peu de frais une première intuition
de ce qu'il advient dans un trou noir. Mais elle reste inadéquate
dans la mesure où un trou noir ne peut être envisagé
réellement qu'à partir des notions de la relativité
générale, autrement dit selon les concepts de la théorie
de la gravitation d'Einstein,
pour laquelle champ de gravitation signifie courbure de l'espace-temps.
Un trou noir sera alors plutôt envisagé comme une région
de l'univers où une courbure extrême révèle
des propriétés de l'espace-temps spéciales.
Le trou noir supermassif au coeur de la galaxie M 87. Cette image, publiée en avril 2019, et obtenue par un réseau de télescopes (Event Horizon Collaboration) est la première image directe d'un trou noir. Elle montre un anneau lumineux formé par la lumière qui se courbe autour d'un trou noir 6,5 milliards de fois plus massif que le Soleil. Le trou noir proprement dit se trouve dans la région circonscrite par l'anneau et dont la limite extérieure correspond à l'horizon des événements. Une image similaire du trou noir situé au Centre de notre galaxie ( de Sgr A*) a aussi été obtenue en 2022 par la même équipe. Crédit : EHT. A commencer par l'existence d'une limite, une surface sphéroïdale séparant l'extérieur de l'intérieur du trou noir, et appelée l'horizon, ou, mieux, horizon des événements, dont le rayon a lui aussi un nom : c'est le rayon de Schwarzschild. Le rayon de Schwarzschild est le rayon de l'horizon des événements d'un trou noir, c'est-à-dire la distance mesurée à partir du centre du trou noir et au-delà de laquelle rien ne peut s'en extraire. Sa valeur R dépend seulement de la masse M du corps considéré, de la vitesse de la lumière c et de la constante de gravitation G :Il est possible, à partir de n'importe quel point situé à l'extérieur, c'est-à-dire dans notre partie d'univers, d'atteindre un point quelconque de l'espace (y compris à l'intérieur du trou noir) en un temps fini. En revanche, si l'on part d'un point situé à l'intérieur du trou noir, aucun itinéraire n'est imaginable qui puisse conduire, en un temps fini, à l'extérieur. L'horizon d'un trou noir ne peut franchi que dans un seul sens. Bien qu'immatérielle, cette surface est ainsi parfois qualifiée de membrane unidirectionnelle. Puisque rien ne sort d'un trou noir, on peut décider d'ignorer tout ce qui se passe à l'intérieur, et ne l'envisager qu'à partir de trois paramètres : sa masse, sa rotation (considérée à partir de son moment cinétique) et sa charge électrique. Une seconde propriété, plus problématique encore, mérite d'être signalée : dès la formation d'un trou noir, l'accroissement de la courbure de l'espace-temps à l'intérieur de celui-ci ne peut plus aller qu'en s'accélérant. Elle devient donc inéluctablement infinie. L'intérieur d'un trou noir renferme donc en théorie une singularité correspondant en particulier à des densités de matière et d'énergie infinies. Quelque chose qui rappelle la situation dans laquelle devait en principe se trouver l'univers dans son ensemble à la date zéro du big bang et qui pose d'ailleurs un trou noir comme une sorte de big bang à l'envers et localisé. Ici, matière, espace et temps n'émergent plus au voisinage de la singularité, ils s'y engloutissent. Les diverses caractéristiques des trous noirs sont très déroutantes. Aussi ont-elles longtemps fait douter de l'existence concrète de tels objets. Il fallait d'abord pouvoir dire comment ils pourraient bien se former. Or, la question se pose différemment selon les différentes catégories de trous noirs que l'on envisage actuellement. Les trous noirs ordinaires ou stellaires, ont une masse du même ordre que celle du Soleil. Ils correspondent à l'effondrement de la région centrale d'étoiles massives, après leur explosion en supernova. Cela correspond à la famille la mieux connue. Et plusieurs de ces objets ont été répertoriés dans notre Galaxie. Ils ont typiquement des masses comprises entre 4 et 15 masses solaires.La question qui se pose ensuite au sujet des trous noirs est celle de leur détection. Ordinairement, en effet, c'est grâce au rayonnement émis ou réfléchi par un corps qu'on peut l'observer. Or, un trou noir, par définition, ne devrait émettre aucune lumière. En fait un tel astre représente une telle concentration d'énergie, qu'il peut la communiquer à son environnement immédiat, au point de l'échauffer à très haute température, et de le rendre très lumineux. C'est ainsi que pour rendre compte de certains des phénomènes les plus énergétiques que l'on connaisse (sources galactiques X et gammaintenses, quasars...), c'est bien le plus souvent vers des mécanismes impliquant des trous noirs que les astronomes s'orientent. Représentation d'un trou noir, dans laquelle notre espace est réduit à deux dimensions. L'introduction d'une troisième dimension permet de figurer la courbure de l'espace. A la surface d'un tel astre, le champ de gravitation est immense et donc la courbure de l'espace-temps y est très importante. L'est-elle assez pour donner naissance à un trou noir? La réponse ne revient pas à la relativité générale, mais à la physique quantique. Elle dépend de la capacité d'une étoile à neutrons à stopper son effondrement, grâce à la pression de dégénérescence des neutrons qui la composent. Le seuil au-delà duquel ce n'est plus possible se situerait autour de 2 à 3 masses solaires. Si donc le coeur effondré, laissé à nu par l'explosion d'une supernova est supérieur à cette limite, l'effondrement de l'astre pourrait se poursuivre jusqu'à ce qu'un trou noir naisse. On parlera alors de trou noir stellaire. Comme dans le centre des galaxies, la matière est particulièrement concentrée, il est possible d'imaginer que de tels trous noirs aient pu gober les étoiles et les gaz environnants au point de grossir démesurément, pour atteindre des masses équivalentes à des millions, ou peut-être, des centaines de millions de fois la masse de notre Soleil.- Comment voir un trou noir? On ne peut voir directement un trou noir, mais il
est possible d'observer ses effets gravitationnels sur la matière
s'aventurant à sa proximité. Tant qu'on ne pénètre
pas à l'intérieur d'un trou noir, on a en effet affaire à
un objet se comportant gravitationnellement exactement comme astre ordinaire.
Si le Soleil, par exemple, était un trou
noir, notre planète continuerait de tourner autour de lui exactement
de la même façon. Un astronome, situé très loin
du Système solaire, et capable
de suivre le déplacement de la Terre, alors
que le corps central lui resterait parfaitement invisible, pourrait ainsi
en déduire malgré tout sa nature.
Longtemps resté théorique le scénario de l'engloutissement d'une étoile par un trou noir géant semble avoir été observé pour la première fois de façon avérée dans la constellation de la Vierge en juin 2003 par les satellites XMM-Newton et Chandra, qui ont détecté un très puissant sursaut X au centre d'une galaxie double étiquetée RXJ1242.6-1119. Après analyse de l'événement, qui a correspondu à une libération d'énergie comparable à celle d'une supernova, l'explication retenue, publiée en février 2004, aura ainsi été que l'on a bien eu affaire à l'absorption au moins partielle d'une étoile désintégrée par les forces de marées causées par un trou noir supermassif (estimé à cent millions de masses solaires) niché au coeur de cet objet. Ce résultat laisse soupçonner rétrospectivement que des explications similaires pourraient être données à deux sursauts X très comparables, observés dans les galaxies NGC 4552 et NGC 5905 en 1995 et 1996, respectivement.Il existe d'autres possibilités de repérer un trou noir. La théorie de la relativité générale prévoit notamment que la rotation d'un trou noir entraîne l'espace autour de lui, un peu l'eau entraînée dans un tourbillon. Une première observation de cette distorsion de l'espace pourrait avoir été réalisée, fin 1997, grâce au satellite de la Nasa Rossi X-ray Timing Explorer (RXTE). En suivant, grâce à son émission X, le déplacement de l'axe d'un anneau de matière accélérée par un présumé trou noir. L'intensité du rayonnement variait. Une variation interprétée comme une précession de l'orbite du gaz autour du trou noir, et qui s'explique si l'on admet que la matière est entraînée par l'espace lui-même. C'est l'effet Lense-Thirring, du nom des physiciens Joseph Lense et Hans Thirring, qui avaient imaginé cette possibilité dès 1918. Luigi Stella, de l'Observatoire astronomique de Rome et Mario Vietri de l'université de Rome ont mis Wei Cui, du MIT, sur la voie, en novembre 1996 la possible détection tel effet autour d'une étoile à neutrons, qui est aussi un objet suffisamment dense pour donner lieu au même effet. Là encore, donc un seul argument est insuffisant. L'évaporation des trous noirsParce que rien ne peut jamais s'extraire normalement d'un trou noir et que, dès lors, sa seule évolution envisageable est un accroissement de sa masse (et partant de sa surface). L'accroissement n'est stoppé que faute de matière à gober. Le trou noir alors s'endort, mais ne meurt pas. C'est peut-être d'ailleurs ce qui explique que le centre de notre Galaxie, comme celui de la plupart des galaxies proches semble dépourvue de trou noir géant, à l'opposé de galaxies lointaines et dont nous voyons l'image de ce qu'elles étaient pendant leur prime jeunesse. Ayant fait le vide autour de lui, le trou noir central serait donc en sommeil.
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