| La légende de Troïlus. - Dans l'Iliade, Priam déplore la mort de son fils Troïlus. Précisant cette vague mention d'Homère, Stasinus de Chypre dit que Troïlus fut tué par Achille. Ce fut sans doute de légendes postérieures sur la guerre de Troie que Phrynichos et Sophocle tirèrent le sujet de leurs tragédies consacrées au jeune Troyen et qui sont aujourd'hui perdues. Un trouvère du XIIe siècle, Benoît de Saint-Maure, nous a laissé un poème tout à fait fictif ou puisé à quelque source actuellement inconnue, et dont voici le sujet réduit à sa plus simple expression. Le chevalier troyen Troïlus aime Briséida ou Cressida, fille du transfuge Calchas. Celui-ci, en abandonnant Troie, n'a pu emmener sa fille : il la réclame, et l'obtient en échange du prince Anténor, prisonnier des Grecs. Briséida quitte Troïlus désolé, avec de grandes protestations de fidélité, et cependant le trompe pour le vaillant capitaine Diomède. Cette fable, imitée en prose latine par le médecin sicilien Guido delle Colonne, passa ensuite entre les mains de Boccace, qui en fit son poème italien de Filostralo, en y introuisant une figure nouvelle, celle de Pandaro. Reprise en Angleterre par Chaucer, elle donna encore naissance, au XIVe siècle, à un roman en prose, écrit par le seigneur de Beauvau, sénéchal d'Anjou. Enfin elle a fourni l'une des premières pièces de Shakespeare, (Melant et d'Héricault, Nouvelles françoises en prose du XIVe siècle, Paris, 1858.) B.. | |