| On peut comprendre sous le nom générique de théâtre de la la Foire ou de théâtre de Foire différentes sortes de spectacles qui figurèrent pendant près de deux siècles dans les célèbres foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent à Paris. Dès l'année 1596, on voit le lieutenant civil autoriser un théâtre de ce genre sur la foire Saint-Germain, à la condition que les artistes paieront chaque année deux écus aux Confrères de la Passion. Singes et chiens savants, acrobates et danseurs de corde, telles étaient, les attractions des théâtres de la foire. En 1650, Brioché y montra ses marionnettes. En 1674, Dominique de La Mormandin, sieur de La Grille, ouvrit sur la foire Saint-Germain le théâtre des Bamboches, où le jeu des marionnettes était accompagné de couplets. Lully, surintendant de la musique royale, le fit fermer. En 1697, la foire Saint-Germain comptait les trois troupes des frères Allard (qui allaient jouer à la cour), de Maurice et de Bertrand. Peu à peu les théâtres forains se mirent à représenter des scènes dialoguées, à reprendre les types de la comédie italienne, à jouer des comédies à ariettes, embryons d'opéras-comiques. C'était empiéter sur les privilèges de la Comédie-Française et de l'Opéra, qui protestèrent et firent interdire aux troupes foraines le dialogue d'abord, et bientôt même le monologue. En 1710, on leur défendit à la fois le chant, les paroles et la danse. Ils répondirent par l'ingénieuse invention des pièces à la muette. L'auteur faisait les gestes, l'orchestre jouait un air, et le public chantait en choeur les couplets écrits en grosses lettres sur des pancartes. Les grands comédiens les obligèrent encore à diminuer leur orchestre et à augmenter le prix des places. D'Argenson fit envahir et briser par ses archers le théâtre de la Foire. Cependant, en 1714, la troupe de Catherine Vanderberg obtint de l'Opéra le privilège de donner des pièces mêlées de chant. D'excellents auteurs travailleront pour le théâtre de la Foire. Le Sage composa, avec Dominiquo et Fuselier, plus de cent petites pièces. Citons encore les noms de Dorneval, Boissy, Largillière, Lafont, Autreau, Piron, Vadé, Sedaine, Lemonnier, Panard, et, parmi les musiciens : Gilliers, Dauvergne, Duni, Philidor et Monsigny. Vers 1724, une impulsion nouvelle fut donnée à l'Opéra-Comique de la Foire, dont le privilège appartint successivement à Honoré, à Pouteau (1727), à de Vienne (1732), à Monnet (1743), à Berger; puis après une nouvelle suppression, de 1715 à 1752, derechef à Jean Monnet (1752). En 1762, l'Opéra-Comique de la Foire alla se fondre avec la Comédie-Italienne (Commedia dell'Arte). Les foires virent encore les troupes d'Audinot, de Nicolot, les Variétés amusantes, de Lécluse (1777), les Italiens, les Comédiens de Monsieur (1789), les Variétés comiques et lyriques et le Théâtre de la Liberté (1791). Mais la suppression des foires mit fin à ces entreprises. (NLI). | |