| Satyricon, titre d'un ouvrage qui nous est arrivé sous le nom de Pétrone, et qui semble avoir été composé sur le modèle des Satirae de Varron et des Ménippées; car il renferme des morceaux de prose et de vers entremêlés dans la suite du récit. Cet ouvrage ne nous est parvenu que par fragments, et nous en possédons peut-être au plus la dixième partie. Il présentait sans doute dans son ensemble la peinture des moeurs dépravées de la Rome impériale et des grandes villes de l'Italie entre autres Néapolis. L'un des premiers fragments et le plus long de tous est la description du souper de Trimalcion, qui se fait en très mauvaise compagnie et avec un faste ridicule dont l'auteur s'est étudié à outrer l'extravagance. Un autre fragment d'un caractère plus noble est l'historiette de la matrone d'Éphèse, rajeunie par La Fontaine. Plus loin, on lit une correspondance entre deux amants, Circé et Polyènos, qui ne manque pas d'élévation. Le livre est parsemé d'observations et de critiques littéraires mises dans la bouche d'un certain Eumolpe : le censeur s'élève avec chaleur contre le faux goût des écrivains du temps, contre l'abus des déclamations d'école; on y remarque surtout une satire de la Pharsale de Lucain. Et, joignant l'exemple à la critique, Eumolpe trace l'esquisse d'un poème sur la guerre civile. Ces vers, dont il nous reste environ 300, n'ont pas les défauts reprochés à ceux de Lucain; mais ils n'ont pas non plus les fortes qualités qui distinguent le chantre de la Pharsale; ils ont moins de coloris que d'élégance, moins de vigueur que de correction, et, s'ils se rapprochent davantage, en général, du bon goût, ils témoignent d'un talent moins original. Ce morceau est ce qui nous reste de plus remarquable dans toute l'oeuvre. La prose de Pétrone, souvent spirituelle, rarement forte, presque toujours élégante, n'est pas sans afféterie; les expressions sont quelquefois bizarres et obscures; et quoique son style soit moins forcé que celui d'Apulée, il s'en rapproche presque toujours plus que de celui de Sénèque et de Pline le Jeune. Il a de la vivacité et de l'animation, mais il vise trop au pittoresque, et tombe ainsi maintes fois dans les défauts qu'il reproche à ses contemporains. Enfin l'obscénité de la pensée, l'infamie du sujet, se communiquent trop souvent à la forme elle-même. (P.). | |