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En principe, un psautier est un recueil de psaumes, et il était tel au début, d'abord comme livre liturgique à l'usage du clergé, ensuite comme livre de dévotion à l'usage des laïques. Autrefois, dans l'Église catholique, tout prêtre et tout chrétien lettré possédait le psautier. C'était alors le livre par excellence après l'Evangéliaire. La plus ancienne traduction du texte original, hébreu, des psaumes est la version grecque dite des Septante. La traduction syriaque, faite également sur le texte, remonte aussi à une haute antiquité. Deux versions arabes et une copte sont encore sorties de l'Orient à une époque lointaine. En ce qui concerne les versions latines du psautier, on en distinguait trois au Moyen âge : 1° ancienne vulgate ou italique (Psalterium romanum), prise sur celle des Septante, et dont on ne connaît ni la date ni l'auteur; elle fut révisée partiellement, sur le grec, par saint Jérôme, vers 383, pour l'usage de l'Eglise de Rome;Les manuscrits contenant ces trois versions, disposées synoptiquement sur trois colonnes, portaient le nom de psautiers tripartis; tel est le magnifique psautier n° 8846 du fonds latin de la Bibliothèque nationale. Les psautiers quadripartis joignaient aux trois versions latines ci-dessus la version grecque des Septante, transcrite en caractères latins, et le plus ancien exemple qu'on puisse en présenter est le quadruple psautier copié en 1103 à l'abbaye de Saint-Martin de Tournai (Bibl. mat.), d'où paraît dériver celui de Saint-Amand, conservé à la bibliothèque de Valenciennes. Certains psautiers tripartis ne renferment que la version romaine, la version hébraïque et la version grecque en caractères latins. - Psautier latin avec glose interlinéaire en anglais. Les psautiers destinés à des princes ou à des dignitaires de l'Eglise, de même que ceux à l'usage des souverains, étaient exécutés avec plus ou moins de luxe, d'abord de calligraphie, puis d'ornementation et de miniatures, et représentent souvent de véritables oeuvres d'art. Le plus ancien exemple nous en est offert par le Psautier (latin), dit de saint Germain, écrit en lettres onciales d'argent et d'or sur parchemin pourpré; on le fait dater du VIe siècle, et il aurait servi à saint Germain, évêque de Paris (Bibl. nat.). Parmi d'autres du même genre, on doit citer les suivants: • Psautier dit de Lyon, en onciales, de la fin du VIe siècle, offrant un mélange de la version romaine et de la version gallicane, mais incomplet (Bibl. de Lyon); • Psautier de Charlemagne (Bibl. de Vienne);De bonne heure, la version latine du psautier fut suivie, dans les manuscrits, d'une série de Cantiques, de l'Oraison dominicale, du Symbole des apôtres, de celui de saint Athanase, des Litanies, etc., s'acheminant ainsi successivement vers la constitution d'un livre de prières à l'usage des laïques. Cette tendance s'accentua de plus en plus à partir du XIIIe siècle, en raison de la diffusion de l'instruction publique. On continua à développer ce premier manuel de piété, en y adjoignant le récit de la Passion, des hymnes, de nombreuses oraisons, différents offices spéciaux, pour constituer, au XIVe siècle, ce qu'on dénomma ensuite un livre d'Heures. Néanmoins, jusqu'au siècle suivant, on conserva à ce livre ainsi amplifié la dénomination de psautier, attendu que jusque-là il débutait d'habitude par les psaumes. Dès le XIIIe siècle, il commençait généralement par un calendrier, accompagné souvent de vers latins dits égyptiens, indiquant les jours réputés néfastes; vers qu'on rencontre déjà bien antérieurement dans des graduels et dans des sacrementaires, et dont l'une des rédactions fut attribuée à Bède le Vénérable (VIIIe s.). Au XIVe siècle, ces vers sont en traduction française, et le psautier s'enrichit encore en cette langue de poésies dévotes, parmi lesquelles figure le célèbre Dits des trois vifs et des trois morts, et de charmantes pièces en l'honneur de la Vierge. Le nombre des psautiers, ou appelés tels, de ces deux siecles, est encore considérable, et parmi eux il y a des chefs-d'oeuvre de l'art de l'enlumineur et du miniaturiste. Nous n'en citerons que quelques-uns des plus importants. Tout d'abord le Psautier de saint Louis, de la bibliothèque de l'Université de Leyde, exécuté en Angleterre à la fin du XIe siècle, mais qui authentiquement servit à Blanche de Castille pour apprendre à lire à son fils aîné, le futur roi de France Louis IX. Il est orné de belles miniatures. Un psautier fait spécialement pour ce roi, après 1253, et d'une grande richesse décorative, est à la Bibliothèque nationale. Un psautier, exécuté dans l'abbaye de Peterborough, en Angleterre, an milieu du XIIIe siècle, et dont les peintures sont d'un intérêt exceptionnel pour l'histoire de l'art, figure à la bibliothèque de Bruxelles. Page du Psautier d'Utrecht. Au XIVe siècle, il y a à signaler plusieurs monuments de la miniature : le psautier ou livre d'heures de Bonne de Luxembourg, femme du roi de France Jean II le Bon, orné de superbes miniatures en grisailles (anc. coll. d'Ambroise Firmin-Didot); un livre semblable, du même temps et du même art, exécuté pour Jeanne II, reine de Navarre, petite-fille du roi Philippe le Hardi (anc. coll Ashburnham, à Londres); le psautier du grand bibliophile Jean, duc de Berry (il en possédait une quinzaine), avec peintures d'André Beauneveu (Bibl. nat.). La « librairie » de Charles V, au Louvre, renfermait vingt-cinq psautiers ou appelés ainsi. L'illustration de ce livre consistait, à cette époque, en dehors de la partie ornementale, en miniatures représentant des scènes de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, de la Vie des saints, etc., tout comme, plus tard, dans de véritables livres d'heures. Le roi David y figure généralement plusieurs fois, avec son psaltérion. Le rôle capital du psautier au Moyen âge est attesté par ce fait que, parmi les livres de la Bible, il passa le premier dans la langue vernaculaire. Dès le commencement du XIIe siècle, un clerc, habitant un couvent des Etats normands, traduisit en prose française les deux versions latines (romaine et gallicane), de ce livre poétique, et le psautier conservé à Cambridge, ainsi que celui de Montebourg (bibl, Bodléienne à Oxford), offrent les types de ces deux traductions, dont la seconde fut la plus populaire; le texte en a été publié par Francisque Michel (Libri Psalmorum; Oxford, 1860). Vers la fin du même siècle, le psautier a été traduit en vers français (manuscrit unique à Londres, British Museum), et une version rimée plus intéressante en fut faite au XIIIe siècle (publiée par Francisque Michel à la suite de celle en prose ci-dessus). Si la Bible est le premier livre qui ait été imprimé en caractères mobiles, le psautier de Mayence en est le second, et le premier avec date certaine (1457). L'imprimerie s'empressa d'en propager le texte de toutes les façons. Un psautier français parut avant 1474, et l'impression en est attribuée au prototypographe anglais Caxton pendant son séjour aux Pays-Bas. La première édition du texte hébreu vit le jour avant 1477 (sans lieu ni date d'impression). Le texte grec des Septante avec la version latine fut publié d'abord à Milan, en 1481. La première édition polyglotte (textes hébreu, grec, arabe, copte) est de Gênes, 1516 ; la seconde (en hébreu, grec, ethiopien et latin) parut à Cologne en 1518. Les éditions de ce livre en toutes les langues, soit avec la Bible, soit séparément, sont pour ainsi dire innombrables. Du XVe au XVIIe siècle, la gravure sur bois, puis la gravure sur cuivre ont été mises en oeuvre pour l'illustration de ce livre, mais dans une mesure beaucoup plus restreinte et avec moins d'art que dans les livres d'heures. Fragments du psautier du roi Athelstan. On ne peut se dispenser de mentionner la traduction en vers des cinquante psaumes par Clément Marot, continuée et terminée, d'une façon magistrale, par Théodore de Bèze, et qui constitua le livre de piété par excellence pour les protestants de langue française. Enfin, dans le domaine de l'iconographie rétrospective, nous signalerons la luxueuse édition des Psalms of David (Londres, s. d., vers 1866, in-fol.), illustrée par Owen Jones de reproductions en chromo-lithographie, d'après les manuscrits du Moyen âge. (G. Pawlowski). |
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