| Livre des Proverbes. - Recueil très intéressant admis dans la troisième partie du canon biblique, qui nous initie à tout un côté de la pensée hébraïque, c.-à-d. à l'effort fait pour donner à la conduite humaine des directions pratiques. « Le livre qui porte le titre de Proverbes de Salomon, dit Munk dans sa Palestine, est une anthologie gnomique, dans laquelle on peut distinguer deux parties. La première, qui embrasse les neuf premiers chapitres, est une espèce d'introduction, dans laquelle l'auteur recommande à la jeunesse inexpérimentée de rechercher la sagesse, de suivre ses enseignements, de fuir la sottise et les mauvais exemples et notamment la séduction des femmes; la seconde partie renferme des maximes détachées, des règles de conduite et des sentences ingénieuses. Cette partie se compose de trois sections : la première (chap. X à XXIV) est directement attribuée à Salomon. La seconde section (chap. XXV à XXIX), rédigée par les gens d'Ezéchias, se compose de sentences et proverbes [...] que la tradition attribuait également à Salomon, qui, comme nous l'avons déjà dit, était considéré comme le représentant de la poésie gnomique. Enfin la troisième section (chap. XXX et XXXI) renferme de courtes réflexions et quelques énigmes d'un certain Agour, des conseils donnés au roi Lemouel par sa mère, et la description de la femme forte par un poète inconnu. » Ce livre nous transporte dans une atmosphère, qui n'est ni celle de l'épopée mosaïque (Moïse), ni celle de la littérature historique et prophétique, dominée - et comme écrasée - par sa sévère philosophie de l'histoire juive. On se trouve en présence d'hommes de sens qui, s'adressant à des gens cultivés et laissant à d'autres le soin de l'instruction religieuse et théologique proprement dite, font un constant appel à leur raison, à leur bon sens, à leur intérêt bien entendu. Le contenu du livre est par là infiniment plus humain que celui de la plupart des livres bibliques; c'est le langage du moraliste avisé succédant à l'âpre démonstration du docteur. Dans la partie qui forme le noyau du livre (chap. X à XXIV), nous pensons retrouver l'oeuvre de l'époque persane, et, les grandes questions théologiques ayant reçu une solution définitive, les droits et les intérêts de la pratique courante revendiquent leur place au soleil. Les chapitres qui suivent sont de date incertaine, sans doute plus récente. Le première partie, avec ses allures plus larges et sa curieuse personnification de la sagesse où l'on croit sentir l'influence grecque, peut être attribuée au IIIe siècle avant notre ère. L'auteur paraît se préoccuper des dangers que la vie élégante et légère, introduite dans les grandes villes avec la civilisation grecque, au lendemain des conquêtes d'Alexandre, faisait courir à la jeunesse juive. (Maurice Vernes). | |