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Livre de Josué. - Ce livre de la Bible expose la manière dont Josué s'acquitta de la mission que Moïse, sur l'ordre divin, a chargé son successeur, à savoir de faire la conquête de la terre promise et d'y installer le peuple élu. Il rapporte les événements sous une forme qui ne peut, à aucun titre, passer pour de l'histoire et sous laquelle on hésite même à chercher des souvenirs positifs de la réalité. Nous admettons l'existence, dans les temps qui précèdent de peu Saül, d'un chef éphraïmite du nom d'Osée, qui aura contribué à assurer à ses nationaux la paisible possession de quelques cantons de la région sichémite. Aller plus loin nous semble imprudent. Le livre de Josué, dont nous allons donner l'analyse, est une épopée de la conquête du Chanaan vue au travers du dogmatisme des théologiens juifs du VIe ou plutôt du IVe siècle avant notre ère. Le Livre de Josué est considéré par la critique comme formant la sixième et dernière partie de L'ouvrage qui racontait et célébrait les origines israélites; il est, en effet, le complément et forme la conclusion nécessaire du Pentateuque ou Thorah, qui renferme les Cinq Livres de Moïse; quand on le j'oint à ceux-ci, on obtient l'Hexateuque ou livre à six tomes. Les collecteurs du canon hébraïque l'ont séparé de la Thorah pour faire de lui le premier des livres historiques (prophetae priores). Il comprend deux parties : 1° la conquête proprement dite du pays de Chanaan (ch. I-XII);
« depuis le désert et le Liban jusqu'au grand fleuve, le fleuve de l'Euphrate, et jusqu'à la grande mer vers le soleil couchant (la Méditerranée) ».Josué dispose tout pour le départ, qui doit s'effectuer dans trois jours; il s'assure notamment le concours des deux tribus de Ruben et de Gad et de la demi-tribu de Manassé, déjà installées sur la rive orientale du Jourdain. Pour reconnaître le pays, il envoie à Jéricho des espions, qui reçoivent l'hospitalité d'une courtisane et échappent aux recherches du roi de Jéricho, grâce au dévouement de cette femme. À leur retour, ils rapportent à Josué que la terreur règne dans le pays qu'il s'apprête à envahir. Le peuple se met en marche, précédé de l'arche de l'alliance portée par les prêtres. Le Jourdain s'entrouvre pour leur livrer passage et le peuple passe à pied sec, l'arche avant été installée au milieu même du lit du fleuve. Après l'érection de deux monuments de douze pierres, l'un sur la rive, l'autre au milieu du lit de la rivière, le peuple va dresser le camp à Galgala, près de Jéricho. Miraculeusement transportés sur le sol chananéen et protégés par la présence de l'arche, les Israélites préludent à la conquête proprement dite en recevant la circoncision, « parce que le peuple, né dans le désert pendant la route, après la sortie d'Égypte, n'avait point été circoncis »;l'opération faite, ils attendent paisiblement leur guérison avant de poursuivre leur marche. Devant eux se dressait la ville de Jéricho avec ses imposantes murailles. La gloire de sa chute est attribuée à l'arche de Dieu et aux prêtres, les guerriers israélites se bornant au rôle de spectateurs. Les murailles s'étant écroulées au son des trompettes sacrées, le peuple n'a plus qu'à égorger et à piller. « Ils s'emparèrent de la ville, dit le texte, et la dévouèrent par interdit au fil de l'épée, tout ce qui était dans la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards, jusqu'aux boeufs, aux brebis et aux ânes. »On réserva seulement « pour le trésor de la maison de Yahvéh l'argent, l'or et tous les objets d'airain et de fer ». Pour bien marquer que la protection divine est étroitement subordonnée à l'observation des formalités rituelles, l'auteur du texte rapporte un léger échec qu'attira sur les siens un Israélite, coupable d'avoir gardé en sa possession quelquesuns des objets de prix « dévoués » à la divinité; après une expiation solennelle, le peuple reprend sa marche victorieuse, s'empare d'Aï (près de Béthel) et en égorge la population. A signaler ici la présence malencontreuse d'un morceau (VIII, 30-35) racontant l'érection par les soins de Josué, sur le mont Ebal (Sichem), d'un autel devant lequel sont proférées les bénédictions et malédictions prescrites par le Deutéronome (XXVII); ce morceau devrait figurer plus loin. Cependant toute résistance n'est pas vaincue. Tandis que les Gabaonites (au Sud de Béthel) parviennent à sauver leur vie par une ruse très ingénieusement rapportée, une coalition se noue entre « cinq rois amorrhéens »; Josué est représenté comme partant du camp de Guilgal ou Galgala (près de Jéricho) pour marcher à leur rencontre; l'ennemi succombe à la fois sous les coups des Israélites et sous une grêle de grosses pierres, que «-Yahvéh fit tomber du ciel »; c'est la fameuse journée où Josué arrête le Soleil et la Lune afin que les heures ne lui manquent pas pour achever le massacre des Chananéens : « Comme ils fuyaient devant Israël, et qu'ils étaient à la descente de Beth Horon, l'Éternel fit tomber du ciel sur eux de grosses pierres jusqu'à Azéka, et ils périrent; ceux qui moururent par les pierres de grêle furent plus nombreux que ceux qui furent tués avec l'épée par les enfants d'Israël. Alors Josué parla à l'Éternel, le jour où l'Éternel livra les Amoréens aux enfants d'Israël, et il dit en présence d'Israël : Soleil, arrête-toi sur Gabaon, Et toi, Lune, sur la vallée d'Ajalon! Et le Soleil s'arrêta, et la Lune suspendit sa course, Jusqu'à ce que la nation eût tiré vengeance de ses ennemis. Cela n'est-il pas écrit dans le livre du Juste? Le Soleil s'arrêta au milieu du ciel, Et ne se hâta point de se coucher, presque tout un jour. Il n'y a point eu de jour comme celui-là, ni avant ni après, où l'Éternel ait écouté la voix d'un homme; car l'Éternel combattait pour Israël. Et Josué, et tout Israël avec lui, retourna au camp à Guilgal. »(A la Renaissance, les adversaires de l'héliocentrisme mettront en avant ce passage pour justifier que le Soleil ne puisse pas être immobile au centre du monde, puisqu'il est dit ici clairement qu'il se meut autour de la Terre.) Après la bataille de Galgala, une nouvelle coalition formée par les princes chananéens de la région septentrio nale est vaincue à son tour, et Josué est maître du pays jusqu'au mont Hermon, au pied de l'Anti-Liban. « La guerre que soutint Josué contre ces rois fut de longue durée, dit le texte; il n'y eut aucune ville qui fit la paix avec les enfants d'Israël, excepté Gabaon; ils les prirent toutes en combattant, car Yahveh permit que ces peuples s'obstinassent à faire la guerre à Israël, afin qu'Israël les dévouât par interdit, sans qu'il y eût pour eux de miséricorde, comme Yalivéh l'avait commandé à Moïse. »
« le donna en héritage à Israël, à chacun sa portion, d'après leurs tribus. Puis le pays fut en repos et sans guerre. »
Yahveh donne à Josué, « vieux et avancé en âge », l'ordre de répartir le pays conquis entre les neuf tribus et demie qui doivent trouver leur demeure sur la rive occidentale du Jourdain; en lui enjoignant de procéder à ce partage, la divinité remarque, toutefois, contrairement aux assertions précédentes, que la conquête est loin d'être achevée. Après avoir rappelé la situation faite à l'Est du Jourdain à deux tribus et demie, l'auteur donne une attention spéciale au règlement du sort de Kaleb, l'ancien compagnon de Josué dans l'exploration du pays de Chanaan. Puis il indique, avec une précision très curieuse, les territoires assignés successivement aux tribus de Juda et d'Ephraïm, à la deuxième demi-tribu de Manassé, aux tribus de Benjamin, de Siméon, de Zabulon, d'Issachar, d'Aser, de Nephtali et de Dan; Josué lui-même obtient pour sa part personnelle la ville de Timnat-Sérach dans la montagne d'Ephraïm. La situation des sept tribus nommées en dernier avait été réglée par un procédé spécial. L'assemblée des enfants d'Israël se serait trouvée réunie à Silo, où la tente d'assignation avait été dressée. C'est de ce point que Josué, saisi des réclamations de sept tribus encore non pourvues, envoie des sortes de répartiteurs pour procéder à la délimitation de sept lots, qui seront ensuite distribués entre les postulants par la voie du sort. Des villes de refuge sont instituées et quarante-huit villes assignées aux lévites. Enfin le départ des guerriers des tribus transjordaniques donne lieu à un curieux incident; le bruit s'étant répandu que ces hommes, en s'en retournant, avaient érigé sur les bords du Jourdain un autel semblable à celui de Silo, l'assemblée d'Israël voit dans ce fait une insulte au dogme de l'unité de sanctuaire; on allait en venir aux armes, quand les transjordanites parviennent à expliquer qu'ils n'ont voulu ériger qu'un simulacre, dont l'objet était précisément de rappeler aux tribus installées à l'Est de la rivière qu'elles ne doivent pas oublier l'autel unique et seul légal de Silo. Ces explications ayant été jugées satisfaisantes, Josué n'a plus qu'à mourir avec la satisfaction de la tâche accomplie; sentant sa fin venir, il convoque les Israélites à Sichem, récapitule devant eux le passé et adresse au peuple un véhément appel pour le détourner de l'idolâtrie. Les serments du peuple sont consacrés par l'érection d'un monument. Josué meurt à l'âge de cent dix ans. (Maurice Vernes). |
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