| Garin de Montglane est une chanson de geste; c'est la 1ère branche de la chanson de Guillaume-au-Court-Nez. Garin arrive à la cour de Charlemagne, et inspire une vive passion à la reine. Charles irrité le défie aux échecs : "Si je perds, lui dit-il, vous recevrez tel don qu'il vous plaira, même celui de ma couronne et de ma femme; si je gagne, je vous fais aussitôt trancher la tête." La partie s'engage; Garin est vainqueur, et demande le fief de Montglane (Glanum, près de Tarascon?), alors occupé par un vassal rebelle. Il en fait la conquête, et épouse Mabile, soeur du comte de Limoges. Un morceau curieux de cette chanson est la description de l'échiquier de Charlemagne, dont la Bibliothèque nationale de Paris possède une pièce; c'est un aufin ou éléphant, le fou du jeu moderne. L'histoire de Garin de Montglane est conservée à la même Bibliothèque dans deux manuscrits, l'un du XIVe siècle, l'autre du XVe; à la Bibliothèque de l'Arsenal, dans un manuscrit du XIVe; au British museum, dans un manuscrit du XIIIe; enfin au Vatican, dans un manuscrit daté de 1324. Une histoire en prose du Preux chevalier Guérin de Montglane a été imprimée plusieurs fois au XVe siècle et au XVIe; le titre de cet ouvrage est mensonger; car il ne raconte que les aventures des enfants de Garin. (H. D., 1877).
| En bibliothèque - l'Histoire littéraire de la France, t. XXII. | | |
| Garin le Lohérain (le Lorrain) est une chanson de geste. C'est la 2e partie de la chanson des Lohérains, faisant suite au roman de Hervis. Les Vandales ont envahi la France; Charles-Martel les bat, mais succombe à ses blessures. Pépin, son fils, est appelé au secours de Thierry, roi de Maurienne ou de Savoie, qu'attaquent quatre princes sarrasins; il tombe malade, et Garin le Lohérain est chargé du commandement des troupes. A la vue des infidèles, les Gascons ont peur et abandonnent Garin, qui, aidé de son frère Bégon de Belin, défait les Sarrasins. Thierry, qui a été blessé mortellement, lui ayant confié sa fille Blanchefleur, il revient en France, et demande au roi la permission d'épouser la princesse. Mais Fromont, auquel Pépin avait promis le premier fief vacant dans son empire, réclame Blanchefleur avec la Maurienne. Garin provoque Fromont, et le combat s'engage. Ici finit la première chanson de Garin. Une véritable bataille est livrée, dans le palais même de Pépin, entre les Gascons sous les ordres de Fromont, et les Lorrains commandés par Garin; les derniers sont vainqueurs; cependant la guerre continue pendant plusieurs années; enfin on convient de s'en remettre au jugement du roi. Pépin ordonne que Blanchefleur épouse Garin : mais l'archevêque de Reims lui représente qu'il ferait mieux de l'épouser lui-même, et, au moment où l'union de Blanchefleur avec Garin va être célébrée, quatre moines viennent jurer sur les reliques que les deux futurs sont cousins et ne peuvent se marier. Pépin épouse Blanchefleur, et fait de Garin son échanson. Le Gascon Bernard insulte Garin à la table du roi : une lutte s'engage entre les Gascons et les Lorrains; Bégon, chef des cuisines, vient au secours de Garin, avec tous ses marmitons armés de broches et de crochets. La victoire reste aux Lorrains, et, après des alternatives de victoires et de défaites, les Gascons sont réduits à demander la paix. Ici finit la deuxième chanson de Garin. La paix fut observée pendant sept années. Bégon, dans son château de Belin (près de Bordeaux), est tourmenté du désir de revoir son frère: malgré les prières et les pressentiments de sa femme Béatrix; il se met en route, et tue un sanglier sur le domaine de son ancien ennemi Fromont. Égaré dans la forêt pendant la nuit, il sonne du cor pour appeler ses compagnons; les forestiers de Fromont accourent, et le somment de se rendre; il refuse, et succombe dans une lutte inégale. Fromont reconnaît avec effroi Bégon, lui fait des funérailles honorables, et offre de livrer à Garin ceux qui ont commis le meurtre. Ses propositions ne sont pas acceptées; la guerre va recommencer. Telle est la troisième et dernière chanson de Garin le Lohérain. Le roman de Garin, publié par Paulin Paris, et dont l'invention primitive est attribuée par Dom Calmet à Hugues Métellus, chanoine régulier de Saint-Léon de Toul au XIIe siècle, se compose d'environ quinze mille vers de dix syllabes; les trois chansons qu'il comprend ne sont peut-être pas l'oeuvre d'un seul auteur. La 1re telle qu'elle existe aujourd'hui, paraît être moins ancienne que les autres; on y trouve moins de poésie, d'intérêt et de vraisemblance. L'auteur fait une singulière confusion des événements historiques; il place auprès de Charles Martel Saint Loup et Saint Nicaise, qui vivaient au IVe siècle; et, au lieu du roi des Wisigoths, c'est Charles Martel qui périt dans la bataille. La troisième chanson est bien supérieure aux deux précédentes : les derniers instants de Bégon et le récit des vengeances que sa mort occasionne sont des morceaux vraiment épiques. Nous savons par les manuscrits que c'est l'oeuvre de Jehan de Flagy, qui vivait au commencement du XIIe siècle. On suppose qu'il était Champenois. (H.D.). |