| On donne le nom d'Epinicies (Epinicia) aux odes triomphales de Pindare (500 à 450 av. J.-C.). - C'est la partie la plus célèbre des oeuvres lyriques de ce poète, et la seule qui nous soit parvenue complète. Les Epinicies se divisent en quatre grands livres, dont, chacun correspond à l'un des quatre Grands Jeux de la Grèce classique : Olympiques, Pythiques, Néméens et Isthmiques. Toutes ces odes ont été écrites en l'honneur de quelque victoire remportée soit à Olympie, soit à Delphes, soit à l'Isthme, soit à Némée. La plupart ont été exécutées lors de l'entrée solennelle du vainqueur dans sa ville natale, ou dans un banquet, ou sur une place publique, ou dans quelque temple ou monument public. Elles renferment toutes, plus ou moins développés, certains thèmes traditionnels : rappel de la victoire, nature du concours, circonstances du combat, éloge du vainqueur, de sa famille, de sa cité, des dieux qui présidaient aux jeux, ou qui étaient honorés dans la ville natale du vainqueur, allusions à diverses légendes locales, aux mythes relatifs à la fondation des jeux, conseils au triomphateur. La matière était donc fort riche, et les Epinicies sont très variées, en raison de la variété des circonstances. Pindare traite toujours son sujet avec une grande liberté; en même temps, il sait dominer les détails multiples, et de l'ensemble se dégage, soit une grande idée morale, soit une remarquable unité d'impression. Ses odes sont de dimensions très diverses: les unes se composent d'une simple triade (strophe, antistrophe et épodes), d'autres comprennent deux, trois, quatre triades, ou même davantage. Les Epinicies ont, de plus, un grand intérêt historique. Elles nous aident à comprendre l'importance des jeux chez les Grecs, et elles mettent souvent en scène des personnages célèbres. Quelques-une peuvent être datées exactement : la plus ancienne Dixième Pythique (501); la plus récente est la Huitième Pythique (449). (NLI). - A Hiéron « L'eau l'emporte sur tous les éléments, et l'or est entre les superbes richesses ce qu'un feu brillant est parmi les ombres de la nuit. Mais, ô mon esprit! si tu veux chanter des combats, ne va point en plein jour chercher dans les vastes déserts du ciel un astre plus lumineux que le soleil, et ne crois pas que, pour sujet de nos vers, nous puissions choisir des jeux plus illustres que ceux d'Olympie. Ce sont ces jeux qui fournissent aux sages qu'inspirent les Muses une ample matière de cantiques célèbres; ce sont eux qui leur dénouent la langue pour entonner les louanges du fils de Cronos, et qui leur ouvrent l'entrée du riche et magnifique palais d'Hiéron. Ce prince, qui gouverne avec équité les peuples de l'opulente Sicile, a cueilli la plus pure fleur de toutes les vertus; il se fait un noble plaisir de ce que la poésie et la musique ont de plus exquis; il aime les airs mélodieux, tels que nous avons coutume d'en jouer à la table des personnes qui nous sont chères. Courage donc, prends ta lyre, et si tu te sens animé d'un beau feu en faveur de Pise et de Phérenice, s'ils ont fait naître en toi les plus doux transports, lorsque ce coursier généreux, sans être piqué de l'éperon, volait sur les bords de l'Alphée et portait son maître au sein de sa victoire, chante le roi de Syracuse, l'ornement de nos courses équestres! La gloire qu'il s'y est acquise répand ses rayons par toute la colonie de Pélops, colonie féconde en grands hommes. Le héros qui la fonda était venu de Lydie... Un dieu veille sur vous, Hiéron, comme il veillait sur Pélops; un dieu s'applique sans cesse à faire réussir vos entreprises. S'il continue à verser sur vous ses bienfaits, j'espère que bientôt je tirerai de ma lyre des sons encore plus touchants. Ma muse, pour l'occasion éclatante d'un nouveau triomphe, me prépare les traits les plus forts. Les hommes sont grands en différentes façons; mais c'est dans la personne des rois que se trouve le comble de toutes les grandeurs. » (Pindare, Première Olympique, fragment.) | | |