| Ecclésiaste, c.-à-d. en grec Prédicateur. - Livre appartenant à la troisième section de la Bible hébraïque et qui se donne pour l'oeuvre du Qohéleth, c.-à-d. du prédicateur, «-fils de David, roi de Jérusalem-». Par là et par d'autres traits se trouve désigné Salomon avec une suffisante clarté; mais, comme il ne peut pas être question de faire remonter au Xe siècle avant notre ère un écrit dont la langue et les idées dominantes trahissent l'origine relativement récente, il apparaît que l'écrivain a usé du pseudonymat, si volontiers employé par les docteurs juifs aux siècles qui avoisinent la naissance du christianisme. Segond a donné de l'Ecclésieste une analyse exacte et judicieuse dont nous reproduirons les données essentielles. - Illustration de l'Ecclésiaste, tire d'une Bible médiévale. L'Ecclésiaste est un ouvrage philosophico-didactique dans lequel l'auteur, conversant avec lui-même, donne le résultat de ses méditations et de ses expériences sur la vanité des choses du monde. Le contenu du livre, malgré les difficultés qu'il soulève, témoigne en faveur d'un seul auteur et d'une certaine unité dans la tractation du sujet. Mais, si l'on est conduit à reconnaître un seul auteur, cela ne veut pas dire que tout lui appartienne en propre comme création première. De même, par unité de composition, il ne faut pas entendre un tout bien coordonné, une connexion étroite et logique entre les diverses parties. Au contraire, on remarque des pensées qui se heurtent, des incohérences et des contradictions, et l'on aperçoit clairement les irrésolutions du philosophe. « Tout est vanité », telle est la thèse principale, développée dans une série d'observations sur la vie humaine, ses misères et ses peines comme aussi ses plaisirs et ses joies. Dans tout ce qui se passe sous le soleil, il n'y a-que « vanité et poursuite du vent ». Les tourments qu'on se donne pour acquérir de la richesse sont une gêne et une folie; les plaisirs ne sont pas un moyen sûr d'arriver au bonheur, le juste est souvent malheureux, le méchant prospère; la science accroît les chagrins, la sagesse profite plus à autrui qu'à ceux qui la possèdent : rien de mieux que de manger, boire et sa réjouir, de mener une vie gaie et exempte de soucis avant que la vieillesse arrive avec ses infirmités. Et pourtant, si ne pas jouir est un mal, la jouissance ne procure pas satisfaction complète. Rien de nouveau sous le soleil, et tout ce qui arrive a son temps fixé par Dieu; puisqu'il en est ainsi, le mieux consiste à prendre les choses comme elles sont, à s'accommoder d'un bien-être éventuel et relatif cela même est un don de Dieu. En résumé, l'auteur a reconnu par expérience que tout est vanité, et il a examiné la vie sous toutes ses faces pour rechercher le meilleur parti à en tirer : c'est là son but. Il a, pour ainsi dire, conversé avec lui-même, approuvant et désapprouvant, exagérant et s'adoucissant, attaquant, contredisant, affirmant, puis se réfutant en quelque sorte. Lassé de la lutte, il conclut de nouveau que tout est vanité et, s'embarrassant peu du lien logique, il déduit « la crainte de Dieu et l'observation de ses commandements » comme conséquence de tout son discours. Le contraste sensible que présente l'Ecclésiaste comparé à l'ensemble des livres bibliques a donné lieu parfois à des jugements excessifs. Ce curieux traité est l'oeuvre non d'un sceptique, mais d'un pessimiste; . l'auteur, à la vue du triste spectacle que lui offre la société contemporaine, a perdu, non les croyances de ses ancêtres, mais leur enthousiasme et leur sainte confiance en un avenir meilleur. Tout engage à placer la composition de l'oeuvre au IIe siècle avant notre ère. (M. Vernes). | |