|
. |
|
|
![]() | Le Domesday Book ou Doomsday Book est un célèbre manuscrit, qui contient un cadastre partiel de l'Angleterre![]() ![]() ![]() ![]() - ![]() Le Domesday Book. Le Domesday Book par excellence fut rédigé en 1083 d'après Mathieu Paris, Robert de Gloucester, les Annales de Waverley et la Chronique de Bermondsey; en 1084 d'après Henri de Huntingdon, en 1085 d'après la Chronique anglo-saxonne, en 1086 d'après Simon de Durham, Florent de Worcester, Roger de Hoveden, en 1087 d'après l'Ypodigma Neustrie et Ralph de Diceto. L'enquête préparatoire eut certainement lieu en 1085-1086 et le résumé de cette enquête, qui forme le Domesday Book, doit avoir été écrit très peu de temps après. Quant à l'origine et à l'objet du Domesday, voici ce qu'en pensait le rédacteur de la Chronique anglo-saxonne (sous l'année 1085) : « Au milieu de l'hiver, le roi, étant à Gloucester avec son witan, y tint une cour de cinq jours; après quoi, il s'entretint avec son grand conseil au sujet des terres du royaume, comment elles étaient peuplées et par qui. Alors il envoya ses hommes dans toute l'Angleterre, dans chaque comté (shire) pour savoir combien il y avait dans chaque comté de centaines d'hides, combien appartenaient à la couronne, la quantité du bétail et le chiffre des revenus exigibles par le roi en chaque endroit. Il voulut avoir aussi par écrit ce que les archevêques, évêques, abbés, comtes, avaient de terres; bien plus, ce que chaque tenancier pouvait avoir en terres et en bestiaux, avec, l'estimation desdits biens. Il voulut que cela se fit si exactement qu'il n'y eût pas une seule hide, pas un seul yard de terre, pas même, ce que j'éprouve quelque honte à dire, bien qu'il n'en ait éprouvé aucune à l'exiger, qu'il n'y eût pas même une vache, un boeuf, un cochon qui ne fût point couché par écrit. Et tous ces renseignements, couchés par écrit, furent centralisés entre les mains du roi. »Nous voyons en effet que Guillaume le Conquérant désigna à Gloucester un certain nombre de legati, par exemple pour les Midlands l'évêque de Lincoln, Walter Giffard, comte de Buckingham, Henry de Ferrers, et Adam, frère d'Eudes le Sénéchal. Ces personnages se firent sans doute assister dans chaque comté par des jurys de notables (franci et angli juratores). Quelques-uns des rapports recueillis directement par des commissaires de la bouche de ces juratores nous ont été conservés : telle est l'Inquisitio comitatus Cantabrigiensis, texte original de l'enquête faite dans le comté de Cambridge, que les compilations du Domesday Book ont postérieurement abrégé, à Winchester (d'où le nom de Rotulus Wintoniae), pour l'insérer dans leur corpus des enquêtes locales (publiée en 1876 par H. Hamilton sous les auspices de la Royal Society of literature). Ces précieux documents permettent de se rendre compte de la manière dont les compilateurs du Domesday ont travaillé : ainsi, l'Inquisitio comitatus Cantabrigiensis indique, conformément à l'affirmation de la Chronique anglo-saxonne, le nombre des moutons, des porcs, des chevaux, dans chaque établissement agricole; or, ces mentions ont été de propos délibéré omises par le compilateur du Domesday. Celui-ci a commis un grand nombre de fautes de transcription et de bourdons, par inattention, dont l'Inquisitio permet de le convaincre et qu'elle permet de corriger; il semble même que son texte lui ait été dicté par un étranger, tant les erreurs de graphie dans les noms propres sont graves, uniformes et nombreuses. Il suit de là qu'on ne peut avoir dans les graphies du Domesday qu'une confiance très limitée; on doit avoir au contraire pleine confiance dans celles des inquisitiones locales. Malheureusement, on n'a plus qu'un petit nombre de ces sources directes qui viennent si fort à propos compléter et rectifier le Domesday Book. L'Exeter Book, conservé à la cathédrale d'Exeter, et publié par sir Henry Ellis en appendice à son édition du Domesday, contient une transcription qu'on suppose textuelle des rapports des commissaires envoyés dans les cinq comtés du Sud-Ouest : Wilts, Dorset ![]() ![]() Quel fut le caractère juridique de la vaste enquête territoriale qui aboutit au Domesday? Blackstone y voit l'introduction formelle des tenures féodales en Angleterre ![]() ![]() - ![]() Détail d'une page du Domesday Book. La masse des renseignements recueillis par l'enquête est telle qu'on ne pourrait supposer que les commissaires et même leurs jurys aient pu se la procurer par un examen direct des domaines décrits, au cours des huit mois que dura leur travail; leur tâche dût être préparée de longue main par des sous-enquêtes locales dont nous n'avons plus aucune trace. Les commissaires réarrangèrent et fondirent toutes ces préenquètes dans leur rapport général sur chaque comté de la manière suivante : d'abord l'énumération des principaux propriétaires fonciers du comté : le roi, les évêques, abbés, comtés, les servientesregis, tainiregis, etc. ; puis les clamores et les invasiones, liste des biens au sujet desquels des litiges sont pendants, ces biens étant spécifiés dans l'ordre des hundreds. La description de chaque domaine est condensée en quelques lignes, quatre au moins, dix au plus, et elle est disposée de manière à fournir une réponse aux divers points du questionnaire qui avait été remis à Gloucester aux commissaires: « Quel est le nom du domaine? le nom de son possesseur au temps du roi Edouard le Confesseur? son possesseur actuel? Combien de hides, de charrues, de vassaux, de villains, de cottarii, de tenanciers libres, de socagers, de bois, de prairie, de pâture, de moulins, de viviers? Quelle était la valeur au temps d'Édouard? la valeur actuelle? moyens d'en augmenter la valeur? »Le Domesday Book se compose de deux volumes de taille inégale, en parchemin. Le plus grand a 382 fol. (fac-similés dans les publications de la Palaeographical Society et dans l'Athaeneum du 30 octobre 1886); il est à deux colonnes, réglé à la pointe sèche, et contient de cinquante à soixante lignes à la page; les rubriques sont très simples, quoique l'écriture soit celle des manuscrits de luxe. On pense que l'écriture dénote une main italienne et qu'elle est probablement celle d'un des scribes amenés de Lombardie ![]() ![]() ![]() ![]() - ![]() Le coffre de bois, armé de fer, où le Domesday Book a été conservé jusqu'au XVIIe s. Les deux volumes du Domesday Book sont aujourd'hui habillés d'une reliure en cuir de Russie qui date de 1868, mais on a conservé les plats de l'ancienne reliure qui date, au moins celle du deuxième volume, de 1340. Ils étaient autrefois enfermés dans un coffre en cuir et en fer; ils sont aujourd'hui exposés sous des châssis de verre au Public Record Office de Londres. Avant d'être déposés dans cet établissement, ils avaient été successivement conservés à Winchester, à Westminster, voyageant pour ainsi dire à la suite de l'Echiquier, à York; en 1696, ils furent placés dans Chapter House, Westminster, d'où l'on les a enlevés, dans les années 1880, pour les faire photographier à Southampton. Quant aux Inquisitiones originales dont on déplore la perte; il est hors de doute qu'elles ont été détruites dans les pillages subis par la ville de Winchester pendant l'anarchie du règne d'Étienne, en 1141. Le Domesday Book est une source de premier ordre pour les philologues, pour les généalogistes, pour les personnes qui s'intéressent à l'ancienne topographie, à la condition des personnes et des terres, à l'économie politique du haut Moyen âge |
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|