| La Cyropédie, c.-à-d. en grec Education de Cyrus, est un ouvrage où Xénophon s'est proposé de montrer par quelle éducation et par quels principes de politique et de morale-Cyrus l'Ancien apprit à gouverner l'Empire des Mèdes et des Perses, et comment il sut se faire obéir d'un si grand nombre de peuples qui différaient de moeurs, de gouvernement et de langage. Cet ouvrage se termine par un épilogue dans lequel l'auteur fait remarquer que la décadence des Perses de son temps provenait de l'abandon des principes qui avaient assuré la grandeur de Cyrus et la gloire de la nation. L'Antiquité paraît n'avoir considéré la Cyropédie que comme une oeuvre d'imagination, où l'écrivain se proposait de présenter à ses compatriotes, sous une forme intéressante et dramatique, l'idéal d'un gouvernement bien ordonné, également éloigné d'un despotisme brutal et de l'anarchie populaire, plutôt que d'exposer l'histoire exacte d'un conquérant illustre; et, chez les modernes, Scaliger, Pétavius, Vossius, n'ont vu aussi dans la Cyropédie qu'un roman politique et moral. C'est encore l'opinion aujourd'hui, quelques raisons que Marsham, Ussérius, Prideaux, Bannier, Rollin, etc., aient alléguées en faveur de l'opinion contraire. (P.). - Cyrus mourant adresse ses adieux à ses fils. « Cyrus, sentant sa fin approcher, fit appeler ses deux fils avec ses amis et les principaux magistrats des Perses, et, les voyant rassemblés, il leur dit : « Mes enfants, et vous tous, mes amis, qui êtes ici présents, je reconnais à plusieurs signes que je touche au terme de ma vie. Comptez-moi, quand je ne serai plus, au nombre des heureux, et faites voir, par vos actions comme par vos discours, que je le suis en effet. Dès mon enfance, je me suis vu entouré des honneurs dont ce premier âge peut être susceptible; et cet avantage (si c'en est un) m'a suivi dans l'adolescence et dans l'âge mûr [...]. Cependant, quoique ma vie ait été un enchaînement continuel de prospérités, j'ai toujours craint que l'avenir ne me réservât quelque revers funeste, et cette idée m'a sauvé des séductions de l'orgueil et des excès d'une joie immodérée. Dans ce moment où je vais cesser d'être, j'ai la consolation de voir que vous me survivrez, vous que le ciel m'a donnés pour fils. Je laisse mon pays florissant, et mes amis dans l'abondance. Il faut maintenant, mes enfants, que je nomme mon successeur à l'empire, afin de prévenir entre vous toute espèce de dissension. Je vous aime l'un et l'autre avec une égale tendresse; je veux néanmoins que l'administration des affaires et l'autorité suprême appartiennent à celui qui, ayant plus vécu, est raisonnablement supposé avoir plus d'expérience. Que la couronne soit donc à vous, Cambyse; les dieux vous la défèrent, et, autant qu'il est en mon pouvoir, je vous la donne. Vous, Tanoxare, vous aurez le gouvernement de la Médie, de l'Arménie et du pays des Cadusiens. Si je lègue à votre frère une autorité plus étendue avec le titre de roi, je crois vous assurer une position plus douce et plus tranquille [...]. Vous, Cambyse, apprenez que ce n'est pas le sceptre d'or que je remets entre vos mains qui conservera votre empire : les amis fidèles sont le véritable sceptre des rois et leur plus ferme appui. Mais je sens que mon âme commence à m'abandonner; je le reconnais aux symptômes qui annoncent notre prochaine dissolution [...]. Adieu, mes enfants. Portez mes adieux à votre mère [...]. Adieu ! » A ces mots, Cyrus présenta affectueusement la main à tous ceux qui l'entouraient; et, s'étant couvert le visage, il expira. » (Xénophon, Cyropédie, Livre III). | | |