| Le poème intitulé Roman du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, daté du XIIIe siècle a pour héros Renaud de Coucy, qui exécuta maintes prouesses pour convaincre de son amour une dame de Fayel. A peine celle-ci a-t-elle trahi ses devoirs, qu'une autre femme, dédaignée par Renaud, découvre tout à l'époux outragé. Mille ruses retardent cependant l'heure où les doutes du sire de Fayel seront complètement dissipés. Renaud de Coucy, dans un pèlerinage en Terre Sainte, reçoit une blessure mortelle : avant d'expirer, il enjoint à son écuyer Gobert de porter à la dame de Fayel, avec son coeur, une dernière lettre d'amour et une tresse de cheveux qu'elle lui a donnée au départ. Fayel arrête l'écuyer, le contraint de livrer tout ce dont il est chargé, et fait servir à sa femme dans un repas le coeur de Renaud. La dame de Fayel, après avoir appris cette atroce vengeance, meurt de douleur. Un grand nombre de poètes et d'historiens ont présenté cette aventure comme une tradition populaire solidement établie dans le pays de Coucy. On ne saurait préciser auquel des sires de Coucy elle doit être attribuée. Le poème français est écrit en vers de huit syllabes, et fut composé vers l'an 1228 L'auteur dit, dans les derniers vers, qu'il rimera son nom, mais sans qu'on puisse le reconnaître; ni découvrir comment il l'a caché : selon le bibliophile Jacob (P. Lacroix), il se nommait Jean Certain. L'histoire du châtelain de Coucy a été traduite en vers anglais, et imprimée dans Ritson, Ancien English metrical Romances, tome III, p. 193. Elle a fourni à Belloy le sujet de sa tragédie de Gabrielle de Vergy; enfin elle a été imitée par l'auteur du Lai d'Ignaurès. Crapelet l'a publiée à Paris en 1829, d'après un manuscrit de la Bibliothèque nationale. (H. D.). | |