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Le Châh-Namèh
(ou Châh Nâmè, Shah Nâmèh,
Shâhnâmeh) c.-à-d. le Livre des Rois,
est un poème historique composé en persan par Firdoûsi
(Ferdowsi), et consacré à la gloire primitive de la Perse
(La
littérature persane). La lutte de l'Iran
(Perse) contre le Touran (Turkestan)
forme en quelque sorte le cadre de l'ouvrage et c'est le plus souvent à
l'histoire de cette lutte que se rattachent les épisodes dont le
livre est parsemé. Cependant, il en est d'autres qui ne se lient
en aucune façon à ce sujet, et cette absence d'unité
rend la lecture continue du poème fatigante; pour en sentir tout
le charme il faut prendre chaque épisode séparément
sans s'inquiéter du rapport qu'il peut avoir avec le reste de l'ouvrage.
Il n'a pas pour sujet un événement important, qui naît,
se développe, et se termine par une catastrophe, mais il embrasse
une série de faits qui se succèdent durant 37 siècles,
jusqu'à l'introduction de l'Islam; on y
trouve peu d'ordre, et l'art manque presque complètement dans la
manière dont les épisodes sont rattachés à
l'ensemble.
L'unité de l'oeuvre réside
dans la lutte du mauvais génie contre le bon; de la civilisation
contre la barbarie, des rois de l'Iran contre les hordes du Touran; dans
les vicissitudes de l'ordre social, assis par Djemschid, régénéré
par Zoroastre, ébranlé sans
être abattu par Alexandre le Grand,
opprimé par les Arsacides, relevé
par les Sassanides, modifié par les
Arabes. Firdoûsi ne s'est point vraisemblablement proposé
pour but de faire tourner son poème au profit de la morale;
il n'a eu d'autre intention que de raconter les faits qu'il avait recueillis
dans les traditions persanes.
La valeur poétique de l'ouvrage
ne répond pas à son importance : des distiques composés
sur une mesure constamment la même, formés de deux vers qui
riment ensemble et renferment presque toujours un sens complet, ne présentent
que de faibles moyens quand il s'agit de grandes compositions. Cette coupure
en distiques qui renferment chacun un sens complet imprime une allure saccadée
à ce long poème et n'a pas permis de donner à la pensée
le tour harmonieux qu'elle aurait pu revêtir dans des périodes
plus amples et savamment ordonnées. L'inconvénient de ce
genre est tel qu'on peut souvent changer l'ordre des distiques sans qu'au
premier abord on s'aperçoive de la transposition dont le texte a
été l'objet; aussi est-il rare de trouver deux manuscrits
identiques au point de vue de la disposition des distiques ou qui en donnent
un même nombre. Au lieu de 60 000 distiques dont le poème
complet doit, dit-on, se composer, les manuscrits en fournissent-ils au
plus 56 000 et le plus souvent 46 000 on même 40 000.
Le Châh-Nâmèh
n'est pas, à proprement parler, un poème épique; c'est
un poème historique; on ne saurait donc le rapprocher ni de l'Iliade,
ni de l'Enéide.
On trouve plutôt dans le Châh-Nâmèh le
pendant, sinon le modèle, des moeurs chevaleresques du Moyen âge
européen Roustan et les autres héros de Firdousi rappellent
les personnages des poèmes de la Table ronde
ou de Charlemagne,
et vivent au milieu d'enchanteurs et de monstres fabuleux. Considéré
au point de vue historique, il offre cependant, au milieu de ses fables
et de ses légendes, de nombreux renseignements puisés, soit
dans les traditions orales, soit dans des ouvrages pehlvis, et spécialement
pour la partie relative aux Sassanides, on
peut le consulter avec fruit.
(B. / O. Houdas).
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Mahmoud
Metghalchi, Francis Richard, Le
livre des rois : La célèbre épopée iranienne
d'après les manuscrits de la Bibliothèque de France,
Souffles, 2009. - Le
Livre des Rois
de Firdoûsi un des chefs-d'oeuvre majeurs
de la littérature persane. Cette épopée,
dont le succès ne s'est jamais démenti au cours des siècles,
est une des clefs qui permettent de comprendre les multiples ressorts de
l'âme iranienne. Ses épisodes retracent le passé
de l'Iran des origines à l'islam ;
ce sont tour à tour de longues descriptions de batailles entre des
héros d'une valeur exceptionnelle, des épisodes amoureux
souvent dramatiques ou l'histoire d'une longue lutte contre une nature
hostile. Le lecteur fera ici connaissance avec les plus fameux de ces épisodes.
Le poète y montre le caractère dramatique de la condition
humaine face au destin. Au fil des âges de nombreuses copies manuscrites
ont transmis de génération en génération le
texte, qui était par ailleurs récité par des conteurs.
Pour illustrer les manuscrits, les peintres des cours iraniennes ont déployé
un art consommé. Plusieurs des exemplaires conservés à
Paris,
à la Bibliothèque
nationale de France, permettent de comprendre comment la peinture se
marie étroitement avec le texte de l'épopée et à
quel point les artistes ont puisé leur inspiration dans les différents
épisodes de ce passé mythique et glorieux. (couv.).
En
bibliothèque - De nombreux
fragments du Châh-Nâmèh ont été traduits
dans diverses langues, une traduction complète a été
donnée en français par J. Mohl sous
le titre le Livre des rois et publiée à l'Imprimerie
nationale; la première édition en 7 vol. in-fol. (1838-1878),
la seconde en 7 vol. in-12 (1876-1878). Le texte persan seul a été
donné par Turner Macan sous le titre The Schah-Nâmèh
(Calcutta, 1829, 4 vol. in-8). Cette excellente édition a été
reproduite par la lithographie, à Téhéran, en 1850,
sous la direction de Mohammed-Mehdi.
Langlès,
Notice sur la vie et les ouvrages de Ferdoussi, dans les Fables
et Contes persans publiés en 1798; de Wallembourg, Notice
sur le Schah-Namèh, Vienne, 1810; Silvestre
de Sacy, article dans le Magasin encyclopédique,
tome IV. |
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