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Les Catilinaires
de Cicéron
On a donné le nom de Catinilaires aux quatre discours prononcés par Cicéron, alors consul, contre Catilina, qui avait comploté de bouleverser la république romaine.

Dans le premier, du 8 novembre de l'an de Rome 691, l'orateur foudroie le coupable, qui a osé venir s'asseoir sur le banc des sénateurs, alors que la conspiration est déjà découverte. Au témoignage de Salluste, cette harangue fut rédigée après la séance. 
 

Apostrophe à Catilina

« Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience? Combien de temps encore ta fureur osera-t-elle nous insulter? Quel est le terme où s'arrêtera cette audace effrénée? Quoi donc! ni la garde qui veille la nuit au mont Palatin, ni celles qui sont disposées par toute la ville, ni tout le peuple en alarmes, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix de ce lieu fortifié où j'ai convoqué le sénat, ni même l'indignation que tu lis sur le visage de tout ce qui t'environne ici; tout ce que tu vois enfin ne t'a pas averti que tes complots sont découverts, qu'ils sont exposés au grand jour, qu'ils sont enchaînés de toutes parts! Penses-tu que quelqu'un de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et celle qui l'a précédée, dans quelle maison tu as rassemblé tes conjurés; quelles résolutions tu as prises? Ô temps! ô moeurs! le sénat en est instruit, le consul le voit, et Catilina vit encore! Il vit! que dis-je? il vient dans le sénat! il s'assied dans le conseil de la république! il marque de l'oeil ceux d'entre nous qu'il a désignés pour ses victimes; et nous, sénateurs, nous croyons avoir assez fait si nous évitons le glaive dont il veut nous égorger!

Il y a longtemps, Catilina, que les ordres du consul auraient dû te faire conduire à la mort. Si je le faisais dans ce même moment, tout ce que j'aurais à craindre, c'est que cette justice ne parût trop tardive, et non pas trop sévère; mais j'ai d'autres raisons pour t'épargner encore : tu ne périras que lorsqu'il n'y aura pas un seul citoyen, si méchant qu'il puisse être, si abandonné, si semblable à toi, qui ne convienne que ta mort est légitime. Jusque-là tu vivras comme tu vis aujourd'hui, tellement assiégé (grâce à mes soins) de surveillants et de gardes, tellement entouré de barrières, que tu ne puisses faire un seul mouvement, un seul effort contre la république. Des yeux toujours attentifs, des oreilles toujours ouvertes, me répondront de toutes tes démarches sans que tu puisses t'en apercevoir. Et que peux-tu espérer encore aujourd'hui, quand la nuit ne peut plus couvrir tes assemblées criminelles? [...].

Ainsi donc, Catilina, poursuis ta résolution, sors enfin de Rome; les portes sont ouvertes, pars. Il y a trop longtemps que l'armée de Mallius t'attend pour général. Emmène avec toi tous les scélérats qui te ressemblent; purge cette ville de la contagion que tu y répands  délivre-la des craintes que ta présence y fait naître, qu'il y ait des murs entre nous et toi. Hésites-tu à faire, par mon ordre, ce que tu faisais de toimême? Consul, j'ordonne à notre ennemi de sortir de Rome [...]. Et toi, Jupiter Stator, dont le temple a été élevé par Romulus sous les mêmes auspices que Rome même; toi, nommé dans tous les temps le soutien de l'empire romain, tu préserveras de la rage de ce brigand tes autels, ces murs et la vie de tous nos citoyens! » (Cicéron, Ire Catilinaire).

Le second discours fut prononcé le lendemain, dans le Forum, devant le peuple, pour l'informer de ce qui s'était passé dans le sénat, et lui apprendre la fuite de Catilina. 

Le troisième est un exposé fait devant le peuple, le 3 décembre, des manoeuvres employées par les conjurés qui sont restés à Rome, et des précautions qu'on a prises pour les déjouer. Le jour suivant, par son quatrième discours. Cicéron entraîna les sénateurs à décréter la peine de mort contre les coupables.

Wolf avait laissé entrevoir des doutes sur l'authenticité de l'une des Catilinaires, sans préciser laquelle; Eichstaedt (De orationibus Catilinariis, 1897) affirma que c'était la troisième, et soutint cette thèse en son propre nom. Cludius publia, en 1827, un Programme De authentica secundae; orationis Catilinariae. G. d'Orelli est allé même jusqu'à rejeter les trois derniers discours. Madwig, dans ses Opuscula academica, a défendu les Catilinaires. (A19).

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