| Kâlila (ou Calila) et Dimna. - Titre d'un recueil d'apologues d'origine hindoue, s'emboîtant les unes dans les autres. Le narrateur est le philosophe Pidpay; il donne à un roi des préceptes moraux qu'il appuie par des exemples. Les personnages des fables sont des animaux, mais ces animaux ont une vie tout humaine. Bentey remarque là l'influence de la croyance en la métempsycose. Il est certain, en effet, que ce livre nous vient des Indes. On retrouve des traces de son origine dans la Pantchatantra et le Mahâbhârata. Les auteurs orientaux racontent que le roi de Perse Nouchirèvân, sur les indications de son fameux vizir Bouzourdjmêhir, envoya le médecin Barzoûyeh en Inde pour se procurer un exemplaire de cet ouvrage. Barzoûyeh réussit et le traduisit en pahlavi vers l'année 570 de J.-C. Deux siècles plus tard à peine, Abd Allâh ibn Al-Mouqaffâ, musulman, fils d'un sectateur de Zoroastre, traduisit en arabe la version pehlvie, non sans y faire entrer beaucoup d'éléments arabes. Le livre de Kalîla et Dimna eut dès lors un succès grandissant. Il passa en plusieurs langues. Les versions persanes les plus célèbres sont l'Envâri-Souhaylî de Hoseïn Vaïz Kâchéfi, l'Iyâri Dânich d'Abou'I-Fazl. Une version grecque de Simon ben Seth, datant de 1080 à peu près, fut traduite en italien cinq cents ans plus tard. Jean de Capoue, juif converti au christianisme, fit passer en latin une vieille version hébraïque vers 1270, sous le titre de Directorium humanae vitae. Raymond de Béziers fit une traduction latine d'une version espagnole et la dédia à la reine Jeanne de Navarre en 1313. Dès lors, le livre de Kalîla et Dimna passa dans toutes les langues de l'Occident. (A19). | |