| Le Bourgeois d'Abbeville, ou la Housse partie, fabliau de Lernier, trouvère du XIIIe siècle. Ce conte a fourni à Piron le sujet de sa comédie les Fils ingrats, sujet dont Etienne s'est emparé à son tour pour en faire les Deux Gendres, et on le retrouve, sous des formes diverses, dans beaucoup de livres de morale. Un bon bourgeois, après s'être enrichi, demande pour son fils la fille d'un chevalier ruiné. La famille noble y consent volontiers, mais elle dépouille le bonhomme, qui n'aurait voulu donner que la moitié de son bien. Quand il n'a plus rien, sa bru le fait mettre à la porte. En vain le vieux père implore la pitié de son fils; on le chasse. En partant, il demande comme grâce dernière une couverture pour se mettre à l'abri du froid. Ce n'est qu'avec peine que cette aumône lui est accordée, et le jeune fils, âgé de dix ans, étant allé en chercher une, l'apporte et se met à la couper en deux. Son père, Étonné, lui demande pourquoi C'est que, répond l'enfant, je vous chasserai un jour, comme vous chassez votre père; et alors, je vous donnerai l'autre moitié de la couverture. Le père, rendu sage par cet avertissement. se jette aux pieds du vieillard, et lui promet qu'il sera toujours le maître, quoi qu'en dise sa femme. Il y a dans ce petit drame un naturel et un charme pleins d'émotion. (NLI). | |