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Baudoin de Sebourg

Baudoin de Sebourg est le titre d'une chanson de geste originaire des provinces wallonnes dans la première moitié du XIVe siècle. Sa langue n'en est pas très pure, et elle compte environ 29000 vers. Elle est placée dans le cycle de la croisade.

On a affaire ici à l'oeuvre d'un écrivain négligé, mais plein de verve, qui n'a ni le sens épique ni le sens courtois, mais qui a de l'entrain, de l'esprit et une certaine truculence pittoresque. Ce poème ne contient absolument rien d'historique, si ce n'est le seul nom de Baudouin, qui fut en effet celui du troisième roi de Jérusalem. Le héros, fils du roi de Nimègue, d'abord élevé par le seigneur de Sebourg, puis pris à son service par le comte de Flandre, qui le fait sénéchal, se met à courir les aventures à travers l'Europe, s'embarque pour l'Orient où l'attendent de nouveaux hasards, rentre en France, revoit Sebourg et Nimègue, part encore pour l'Orient, puis rentre définitivement dans ses terres, où il châtie rudement son ennemi Gaufrai, qui le persécutait, lui et les siens, depuis son enfance. 

Le récit, d'une complexité extrême, se déroule à travers de multiples histoires entremêlées. Il est fastidieux en toutes les parties où s'étale la fantasmagorie d'un Orient conventionnel; mais il devient très intéressant en toutes celles qui font connaître les moeurs de France et l'état de l'esprit public au temps où il fut composé, c'est-à-dire au début du XIVe siècle. Il intéresse aussi par un tour plaisant et burlesque, qui n'est évidemment pas du style de l'épopée, mais qui, en lui-même, a sa valeur littéraire. Le héros, Baudouin, est un personnage singulier : redouté pour ses « poings carrés », père, dès l'âge de seize ans, de trente bâtards, et faisant l'épouvante des maris, il séduit la fille du seigneur de Sebourg, son père nourricier, il enlève la soeur du comte de Flandre qui l'avait choisi pour son sénéchal, et si, plus tard, il finit par épouser cette dernière, il prend fort aisément son parti des accidents qui la font tomber dans d'horribles prisons et la séparent de lui pendant quelque vingt années.

C'est à la mesure de ce compère facétieux et goguenard que sont taillés les épisodes, parfois véritables fabliaux, dont les femmes et les prêtres font les frais : Baudouin, mis en prison à l'instigation d'un prêtre d'Allemagne qui convoitait sa femme, rossant le maire et ses sergents, étripant quelques gaillards venus à la rescousse, puis faisant jeter tout nu à la rivière le galant qui - c'était l'hiver - en mourut; ou encore le même Baudouin, déguisé en moine et décidant le prêtre de Sebourg, par son regard terrible et par les jeux de sa musculature effroyable, à le déclarer moine authentique, en dépit de l'évidence et de son ignorance du latin. (J.B. et P. H).



En bibliothèque - La chanson de Baudoin a été analysée dans l'Histoire littéraire de la France, t. XXV, et imprimée à Valenciennes, 1842, 2 vol. in-8°.
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