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L'Avesta

L'Avesta, mot d'une étymologie douteuse, désigne une collection des écritures sacrées des Parsis, qui en attribuent la rédaction à Zarathustra (Zoroastre) (La littérature persane). Ces textes sont les débris d'un immense ensemble de traditions remontant aux époques les plus lointaines de l'établissement des Iraniens sur le plateau de la Perse. Les textes de l'Avesta, tels qu'ils nous ont été conservés sont destinés à accompagner le sacrifice rituel du haoma et les autres cérémonies de la religion persane

L'Avesta se compose de deux ordres d'ouvrages : le Vendidad-sadé et le Boundehech. Le Vendidad-sadé comprend lui-même trois écrits : le Vendidad proprement dit, le Yaçna nommé en persan Izeschné, et le Vispered; à ces livres fondamentaux sont annexés les Iechts et les Sirouzé (Sîrôzé). Le Vendidad-sadé est écrit en langue zende. Le Boundehech, qui forme la seconde section principale de l'Avesta, est beaucoup plus récent, est en pehlvi; mais il passe, assertion douteuse, pour être la traduction d'un livre zend dont l'original n'existe plus. Le Boundehech renferme un exposé méthodique de la cosmogonie et des doctrines religieuses des Perses. Les cinq parties principales sont ainsi les suivantes :

Le Véndidad (vîdaêevô-dâtem = loi antidémoniaque) est la loi ecclésiastique des Parsis. Il est divisé en 22 chapitres nommés fargard, consacrés à la description de la création des contrées par Ahura-Mazdâ (Ormazd), à l'histoire fabuleuse de Yima (surnommé le Brillant, Khshaêta, Djem-chid dans le littérature moderne), à la souillure de la terre par les cadavres aux contrats et aux parjures, à la louange des qualités du chien, aux expiations, à la tentation de Zarathustra (Zoroastre) par Ahriman, à la destinée de l'âme après la mort, à la guérison des maladies.
Le Yasna ou Yaçna, Izeshné des Parsis modernes, est le principal livre liturgique dont la récitation accompagne le parahom, cérémonie qui consiste dans la préparation du suc de la plante haoma exprimé et mélangé avec de l'eau bénite, du lait et des ingrédients aromatiques. Ce livre est divisé en 72 chapitres nommés , et contient des invocations aux génies du jour, au feu, à l'eau; des homélies sur les trois prières saintes, des exorcismes, etc.

Le Vispered (vîspe ratavô = tous les chefs?) n'est, semble-t-il, qu'une collection de morceaux complémentaires du Yasna, récités spécialement à l'époque des Gahanbârs ou fêtes des saisons. Les chapitres isolés de ce livre s'appellent kardé, au nombre de 24 d'après l'édition gudjeratie de Bombay .

Les Yashts sont des hymnes dédiés aux divinités qui président aux mois, au nombre de 21.

Le Khorda-Avesta ou Petit-Avesta est un abrégé du grand livre liturgique, contenant des formules de prière à l'usage des laïques, rédigées pour une grande partie non en zend, mais en pazend, c.-a-d. en pehlvi transcrit en caractères zends; la rédaction en est attribuée à Adharbad Mahraspand sous Châpour II (310-379 ap. JC).  Les principales parties de ce recueil sont les cinq Niyâich, prières adressées au soleil, à Mithra, à la lune, au génie de l'eau et au feu; les cinq gâh, invocations des génies présidant aux diverses parties du jour; le petit et le grand Sîrôzé ( = les trente jours), récités trente jours après les funérailles, les Afrîngâns ou formules de bénédiction.

En outre du canon classique, on trouve dans les livres pehlvis des fragments de textes perdus, notamment dans le Nîrangistan. La tradition parsie prétend que l'Avesta se composait de 21 nask, et que le texte que nous avons n'en est qu'une très minime partie. Les fragments en question seraient des restes de parties perdues de l'Avesta. 

L'Avesta et la religion mazdéenne.
Quel que soit le temps où l'on fasse vivre Zarathustra et où l'on reporte la rédaction définitive de l'Avesta, il est certain que les doctrines contenues dans ces livres étaient admises dans l'Asie centrale à une époque fort reculée et longtemps avant Darius, fils d'Hystape; les Mages, qui étaient les prêtres de cette religion, sont de beaucoup antérieurs à la dynastie Achéménide : Zarathustra n'est donc pas l'auteur premier des dogmes iraniens, mais on peut dire qu'il les coordonna et leur donna un ensemble définitif. Les croyances de l'Avesta n'étaient pas seulement celles de la Perse, ni même de la Médie; elles étaient, sauf les points de dissidence, communes à la plupart des peuples de l'Asie centrale situés à l'Ouest de la Bactriane, et elles s'étendirent à presque toute l'Asie Mineure : croyances pleines de grandeur et de pureté, dont la connaissance nous montre dans les Perses, non des barbares, mais des peuples doux et pieux, parvenus à une haute civilisation. Dans la suite, les doctrines de l'Avesta se divisèrent et s'amoindrirent, abaissées par les superstitions populaires; et lorsque le monde romain, las d'un polythéisme usé, chercha dans l'Orient des dogmes réparateurs, il n'emprunta de la Perse qu'une partie de la religion de Zarathustra, le culte de Mithra.

Le nom des Mages ne vient pas du sanscrit mayâ (illusion magique); les Mages n'étaient pas des magiciens : leur nom dérive de Mazda, nom zend d'Ormazd (Ahura-Mazda), lequel paraît signifier la Suprême Intelligence. Quant au nom de Zoroastre, en zend Zarathustra, le sens n'en est pas encore éclairci; mais à coup sûr il ne signifie pas astre de vie.

Les éléments dont se compose la doctrine du Mazdéisme ou Magisme ne sont pas empruntés aux livres hébreux, comme on a pu le croire au XVIIIe siècle, dans un temps où ni l'Inde ni ses livres sacrés n'étaient connus : les traits de ressemblance entre le Mazdéisme du Vendidad et le Judaïsme, traits d'ailleurs fort rares, sont tout extérieurs, et n'atteignent le fond des doctrines que si on les dénature par des interprétations systématiques. Les anciennes croyances de l'Iran, de la Perse, de la Médie et des autres contrées où s'étendit le Mazdéisme, tirent leur origine de la Sogdiane et de la Bactriane, et elles ont, comme le Brahmanisme, leur point de départ et leur point d'appui dans le Véda; non seulement la langue zende est venue de la langue védique comme le sanscrit, mais la plupart des êtres divins, des dogmes et des usages religieux contenus dans l'Avesta descendent directement de ceux qui sont célébrés dans les Hymnes védiques.

L'Avesta roule principalement sur le dogme et sur le culte : il ne contient pas, comme les lois de Manu, toute une organisation sociale, politique et civile; il n'y est parlé de la royauté, des castes et des autres éléments de la société iranienne que par allusion et comme de faits existants et non contestés; c'est donc la religion des anciens Perses et des peuples voisins que l'on y doit chercher avant tout. Malgré l'obscurité qui règne sur beaucoup de points, on peut dire que cette religion n'est pas le dualisme, comme ont pu le faire croire et le culte de Mithra qui en descendait, et le Manichéisme, véritable Mazdéisme réformé. Mais nous admettons moins encore qu'elle soit analogue à la doctrine chrétienne, et qu'elle pose comme son point de départ le dogme de la création. Zervane-Akérène, premier principe des choses, n'est pas un être vivant et agissant, comme le Dieu des Juifs et des Chrétiens; c'est une conception toute métaphysique; qu'on lui donne le nom d'Éternel, d'Infini ou d'Être absolu, il n'arrive à produire quelque chose qu'en se développant sous une forme définie et personnelle, que les peuples de langue zende nommèrent Ahura-Mazda (devenu Ormazd par contraction) et qui est le véritable créateur. II n'y a dans cette doctrine encore vague que le pendant de la doctrine indienne des deux Brahma, c.-à-d. le fond même du panthéisme; et si l'on demande l'origine cette première idée qui de la Perse s'étendit dans l'Asie Mineure et dans la Grèce et vint revivre dans Platon, il la faut chercher dans le Rig-véda. Mais on doit observer en même temps que le principe abstrait des êtres ne paraît presque jamais dans les livres saints de l'Iran, qu'on ne lui offre aucun sacrifice, qu'on ne lui adresse aucune prière; culte inutile, en effet, puisque ce principe, absolument immuable, n'est là que pour expliquer l'existence du créateur Ormazd.

Le cosmogonie avestique.
Ormazd est le premier être issu du principe éternel, et, par conséquent, n'est pas l'être absolu lui-même. Il n'est pas non plus le feu ni le soleil, comme on l'a dit, et c'est une erreur de regarder les anciens Perses comme des adorateurs du Feu. Ormazd est le premier des Amschaspands (Amscha-çpenta, Saints immortels), le seigneur de la science, la principe actif de tout bien et l'origine de la vie; s'il a pu être pris pour le Soleil, c'est qu'en effet cet astre est son emblème, puisque de lui émanent la lumière qui donne la connaissance des objets et la chaleur qui nourrit les êtres vivants; aussi Ormazd est-il appelé seigneur de la lumière, et dit-il de lui-même qu'il était avant que le ciel fût, avant le feu, l'eau, la terre, les arbres et les troupeaux, avant l'humain, avant les esprits purs et les esprits impurs. Cet agent suprême de la création est véritablement le principe de tout le bien qui s'y trouve, bien physique et bien moral; non seulement il est l'auteur de la lumière et de la vie, mais il est le foyer d'où émanent, àvec la science, la bonté et la sagesse, la loi, la pureté, le bonheur et la vie éternelle.

Ahriman, né en même temps qu'Ormazd, est son plus pulsant ennemi, mais non son égal. A ce dernier trait, on reconnaît une doctrine qui n'est pas absolument dualiste, puisque la lutte des deux principes n'est ni égale, ni éternelle. Le nom d'Ahriman (Aghrô-mainyas) signifie proprement Esprit malin, et n'a, par conséquent, aucune analogie avec le nom védique d'Aryaman. L'Esprit mauvais des Iraniens est, au moral, la cause active de l'ignorance et de l'erreur, de la malice et du mensonge, du vice et du crime; c'est le tentateur; au physique, il est l'auteur de tout ce qui souille, attaque ou détruit, les humains, de leurs souffrances et de leurs malheurs. Quand Ormazd créa le paradis, Ahriman fit l'hiver, quand Ormazd créa la Sogdiane et son fleuve purificateur le çugda, Ahriman y produisit les émanations pestilentielles, les insectes malfaisants, les animaux impurs et les plantes vénéneuses. C'est pour que l'humain put soutenir la lutte contre cet ennemi puissant qui parcourt la terre de l'Iran, qu'Ormazd a donné primitivement à Djem-schid (en zend Yima-khchaêtô, qui est Yama, fils de Vivaswat) les livres de la Loi et lui a enseigné le sacrifice (yaçna).

Au-dessous d'Ormazd sont les six autres Amschaspands, dont il est à la fois l'auteur et le chef. Ces esprits célestes le secondent dans l'oeuvre du bien et dans la lutte contre le mal. Le créateur a partagé entre eux la terre et le temps; ils protègent la terre, et président aux différentes parties de la durée, comme aussi aux organes du temps, qui sont les astres; par eux arrivent aux êtres d'ici-bas les biens de toute sorte dont Ormazd est la source première, biens de l'âme et du corps; ce sont eux aussi qui dirigent les grandes révolutions périodiques du ciel, les mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes, la distribution de la chaleur et de la lumière dans l'espace, les jours, les mois, les années; les sept premiers jours du mois leur sont consacrés. Les Amschaspands ont pour rivaux les Darvands, dont Ahriman est le chef, darvand lui-même : à chaque oeuvre bonne que les grands Esprits célestes accomplissent, les Darvands opposent une oeuvre mauvaise; les désordres de la nature, dont l'humain et les êtres purs sont les victimes, la nuit, l'hiver, le froid, les guerres impies, les grands crimes, tous ces maux sont suscités par les Darvands, sous la direction d'Ahriman.

Ormazd préside à toute une hiérarchie d'esprits célestes, et Ahriman à une hiérarchie d'esprits mauvais : les Amschaspands ont en effet pour ministres les Izeds (en zend Yazatas, c.-à-d. à qui l'on sacrifie), dont le nombre est plus grand et l'empire moins étendu; et les Izeds ont eux-mêmes pour les seconder la foule immense et variable des Ferouers (en zend Fravachi), types divins des êtres intelligents et anges gardiens de chacun d'eux. Tous ensemble ils forment une milice céleste, dont plus d'une religion et plus d'une philosophie nous offrent l'analogue; elle sert, dans la cosmogonie iranienne, à expliquer cette variété infinie de biens dont la nature est remplie; la hiérarchie des chefs, obéissant à l'ordre suprême de la première intelligence, Ormazd, en explique l'harmonie et l'unité. Mais de même qu'à chaque bien moral ou physique est opposé un mal, Ahriman, pour le produire, a mis sous l'empire des Darvands la troupe innombrable des Devs (en zend Daêva).

Le culte aux esprits.
Tel est l'ensemble de la cosmogonie contenue dans l'Avesta. Le culte rendu aux esprits célestes y est également exposé et presque interprété. Ce culte, qui consiste, avant tout, dans le sacrifice (yaçna), est donné dans l'Avesta, non seulement comme enseigné par Ormazd à l'antique Djem-schid (Yama), mais comme pratiqué par Ormazd lui-même et par les esprits célestes. C'est le sacrifice védique dans son essence: il consiste dans une offrande présentée à la divinité, consommée par la bouche du prêtre et de l'assistance, et accompagnée de prières liturgiques. Le lieu du sacrifice (qui n'est jamais un temple), les jours et les heures, sont fixés d'avance; le feu sacré destiné à préparer le corps de l'offrande, les ustensiles et vêtements nécessaires pour la cérémonie, sont entretenus par les prêtres, qui sont en même temps les défenseurs et les interprètes de la loi, les chefs des fidèles et les ministres du sacrifice. Le corps de l'offrande, créé jadis par Ormazd, représente la double source de la vie matérielle, le suc des plantes et la chair des animaux. Le sacrifice védique du cheval, l'antique asvamêdha, nous montre peut-être l'origine de l'offrande de chair dans les cérémonies iraniennes; mais ce qui est certain, c'est que l'offrande du hôm (en zend, haôma), prescrite par l'Avesta, n'est autre que l'offrande védique du sôma, suc de l'asclépiade acide : le nom, la préparation, les instruments, le vase de l'élévation, les vertus mystiques de cette liqueur, tout est identique dans les deux religions issues du Véda. Cette pensée même que le hôm est offert dans le ciel par les plus grands esprits divins n'appartient pas moins à l'Inde qu'à l'Iran, car elle fait partie essentielle des institutions religieuses du Véda.

Le feu fait aussi partie du sacrifice, non pas seulement comme purificateur, rôle qui appartient surtout à l'eau bénite, mais parce qu'il est l'instrument du sacrifice et l'agent réel de la vie. Fils d'Ormazd, et produit dès l'origine des choses, il servit à Vivangham, père de Djem-schid (Vivaswat, père de Yama), à préparer le corps du sacrifice, c.-à-d. le hôm et les gâteaux sacrés. Mais ce feu avait été lui-même précédé par la prière nommée honover, qui est la propre parole d'Ormazd. Aussi, de même que le hôm et le reste de l'offrande, la prière exerce pour le bien des humains une influence toute-puissante. La prière s'adresse à chacun des esprits célestes, mais elle commence et finit toujours par une invocation à Ormazd, dont ils ne sont que les agents, et auquel on demande la pureté de pensée, de parole et d'action, l'obéissance à la loi et le ciel, l'éloignement d'Ahriman et des ministres du mal. La prière peut se réciter ailleurs qu'au jour et au lieu du sacrifice; elle embrasse toute la vie du Parse; l'Avesta contient des prières pour toutes les circonstances importantes de la vie, et pour celles qui reviennent périodiquement chaque jour, chaque mois, chaque année; c'est à ce titre surtout, et pour sanctifier la vie entière, que la loi de Zarathustra attache une si grande importance aux divisions du temps : à chacune d'elles est attaché un esprit divin, Amschaspand, Ized ou Ferouer, et à chacune se rapporte une prière; le Parse prie à son lever, avant et après son repas, à son coucher; la naissance, le mariage, la mort, ne s'accomplissent point sans un acte pieux; on prie pour les morts, et l'Avesta dit que cette prière allège pour eux les peines de l'autre vie, hâte leur résurrection bienheureuse, et prépare la conversion d'Ahriman. La pureté en toutes choses est le but moral qui semble avoir le plus préoccupé le législateur de l'Iran; à cette pensée se rattachent non seulement beaucoup de vertus admirables qu'il exige des fidèles, mais une foule de pratiques purificatoires dont il donne les règles.

L'origine mythique de la religion avestique.
La religion de l'Avesta reconnaît pour son point de départ géographique la Sogdiane, d'où elle s'est répandue dans l'Iran et dans une grande partie de l'Asie occidentale. La montagne sainte, oeuvre et séjour d'Ormazd, autour de laquelle gravitent les astres, organes du temps, est appelée Bordj ou Albordj par les Persans, et en zend Berezat, d'où les Grecs ont tiré le mot Bérécynthe. Cette montagne fait partie de la grande chaîne de l'Elbourz, à laquelle se rattachent vers l'est le Mérou et l'Himalaya, et qui, vers l'ouest, se termine au grand Olympe. C'est sur ces sommets purs et exempts des intempéries d'ici-bas, que, chaque jour, Mithra, Ized du Soleil, offre le sacrifice éternel; c'est là qu'Ormazd l'a établi pour être le médiateur entre les humains et lui-même. De là découle la source sainte Ardviçur, origine des fleuves purificateurs. Là doivent se réunir, au jour de la grande résurrection, les justes conduits par les Izeds; ils y seront suivis par les méchants que le feu et la douleur auront purifiés; Ahriman lui-même, avec les Devs et les Darvands, offrira le sacrifice; tous les êtres entoureront le trône d'or d'Ormazd à côté des Amschaspands; et de ce jour le monde purifié commencera une nouvelle existence. (Em. B.).

L'Avesta en Occident.
Le résumé des traditions parsies relativement à l'Avesta admet l'existence d'un livre religieux avant la conquête, d'Alexandre, sa destruction par le conquérant macédonien, la réunion à nouveau des textes par Vologèse Ier contemporain de Néron, ou par Vologèse III (148-191 ap. JC); une nouvelle rédaction de l'Avesta sous Ardéchir Bâbekân (226-240) par le grand-prêtre Tansar, des additions apportées au texte sous Châpoûr Ier (240-271), la révision définitive par Adharbad Mahraspand et la proclamation du canon sous Châpoûr II (310-379), la réfection de la traduction pehlvie sous Khosran Ier (531-579) (Geldner). Il est certain qu'Hérodote (l, 132) dit que les mages chantent une théogonie pendant le sacrifice, mais rien ne prouve que nous en avons la moindre trace dans le texte actuel de l'Avesta

Hermippus de Smyrne, qui avait écrit un livré sur la doctrine des mages, et vivait du IIIe siècle avant notre ère, est le premier auteur ancien qui parle des écrits de Zarathustra. Nicolas de Damas et Dion Chrysostome mentionnent les paroles du prophète, considérées comme sacrées par les Perses. Strabon et Pausanias indiquent les longues liturgies des mages dans le temple du feu, et les lectures qu'ils font d'un livre en langue barbare. La mention de textes servant à là lecture est dont assez ancienne pour que l'on admette que, dès avant le temps des Sassanides, les prêtres du feu possédaient un livre liturgique qui se serait fondu plus tard dans l'Avesta; mais nous ne savons dans quelle partie de te dernier il conviendrait d'en rechercher les traces. Celui-ci, tel que nous l'avons, ne peut remonter au delà du grand travail entrepris sous Ardéchir par le grand prêtre Tansar. Darmester a même soutenu qu'aucun passage des anciens textes ne pouvait se retrouver dans l'Avesta, refait tout d'une pièce sous les Sassavides, mais cette théorie a paru trop radicale à beaucoup.

Si, donc, l'Antiquité connut l'Avesta,  le Moyen âge et la Renaissance l'ignorèrent. Tous les travaux sur la religion de la Perse antique s'appuyèrent sur les traditions grecques et les compilations postérieures; toutefois, les anciens voyageurs dans l'Inde et en Perse signalèrent la présence des livres sacrés entre les mains des Parsis et des Guèbres. 

Le premier manuscrit de l'Avesta fut rapporté en Europe vers 1633; c'était un exemplaire du Yasna; en 1718, Georges Bourchier reçut des Parsis de Surate le Vendidad Sadé; Richard Cobbe, d'Oriel College, le remit à Oxford en 1723, et il fut enchaîné respectueusement au mur de la Bodléienne; mais il resta lettre close pour les savants. Quelques années plus tard, l'Ecossais Frazer, conseiller à Bombay, obtint deux autres manuscrits : le Yasna et les Yashts; néanmoins, ce ne fut qu'en 1758 qu'Anquetil-Duperron put s'établir à Surate et se procurer les livres complets de l'Avesta, qu'il déposa à la Bibliothèque royale de Paris en 1762, et dont il donna la première traduction en 1771. A partir de cette époque, les savants européens ont pu travailler directement sur les textes originaux. Ces manuscrits, achetés à grands frais, sont nombreux et figurent dans les grandes bibliothèques d'Europe, celles de Paris, de Londres, d'Oxford, de Copenhague, de Munich, de Cambridge, etc.



En bibliothèque - Anquetil-Duperron, traduction du Zend-Avesta, Paris, 1771; le même, trois Mémoires dans le Recueil de L'Académie des Inscr. et belles-Lettres, t. XXXIV, XXXVII et XXXVIII; l'abbé Foucher, Traité historique de la religion des Perses, dans le même recueil, t. XXV, XXVII et XXIX; Pastoret, Zoroastre Confucius et Mahomet, 1787, in-8°; Eug. Burnouf, Commentaire sur le Yaçna, Paris, 1833, 2 vol. in-4°; Reynaud, art. Zoroastre, dans l'Encyclopédie nouvelle; Pavie, Mémoire sur les Parsis, dans le t. 1er du Recueil de la Société ethnologique de Paris; De Hammer, Mémoire sur le culte de Mithra, publié par J. Spencer Smith, Paris, 1833, in-8°; Lajard, Recherches sur le culte public et les mystères de Mithra, Paris, 1847-48, in-fol. et in-4°. Des éditions complètes du texte original de l'Avesta ont été commencées avec traduction anglaise par Westergaard (Copenhague, 1852), et avec traduction allemande par Spreger (Leipzig, 1853). Olbausen a publié le Vendidad, et Müller une traduction du Boundehech.

En librairie - Zoroastre, Avesta, le livre sacré des anciens perses, Sand-Tchou, 1996. - Anquetil-Duperron, Voyage en Inde, Maisonneuve et Larose, 1997.

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Dictionnaire Le monde des textes
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