| Anthologie (du grec anthos, fleur, et de legô, je cueille), c.-à-d. collection ou choix de fleurs, se dit figurément d'un recueil de petits poèmes ou pièces de vers choisies, que les Grecs nommaient généralement épigrammes. Le plus ancien recueil de ce genre, formé par Méléagre de Gadara, qui vivait sous les Séleucides, plus de cent ans av. J.-C., porte le titre de Guirlande (Stephanos) : c'est un choix de pièces empruntées à 46 auteurs, et disposées par ordre alphabétique selon la lettre initiale de chacune. Le second recueil est celui de Philippe de Thessalonique, au IIe siècle de l'ère chrétienne. II comprenait les épigrammes ou poésies fugitives d'auteurs postérieurs à ceux qui composaient la 1re collection. Ce recueil n'a jamais été imprimé séparément. Nous n'avons ni une collection faite au temps d'Adrien par Diogénien d'Héraclée, ni le Pammetron de Diogène Laërce, qui comprenait les épigrammes à la louange des hommes illustres, et il ne nous reste que 220 vers de la Paioikhè Mousa de Straton de Sardes. Le scoliaste Agathias, au VIe siècle, composa, sous le titre de Kuklos, un nouveau recueil en sept livres par ordre de matières; nous n'en avons que la préface en 103 hexamètres. Le 1er livre de ce recueil comprenait les épigrammes dédicatoires (anathèmatica) c.-à-d. inscrites sur les offrandes déposées dans les lieux sacrés; le 2e, les descriptions de pays et d'objets d'art; le 3e, les épitaphes; le 4e, les pièces relatives à la vie; le 5e, les vers sceptiques, c.-à-d. satiriques; le 6e, les vers érotiques ou amoureux; le 7e, les vers bachiques ou chants de table. Une autre Anthologie fut composée au Xe siècle par Constantin Céphalas. Ce recueil, que l'on croyait également perdu, et qui fut retrouvé en 1606, par Saumaise, dans la bibliothèque d'Heidelberg, n'est qu'un extrait méthodique de tous ceux qu'on avait publiés jusque-là. Il est distribué en 15 sections : 1° les inscriptions chrétiennes, c.-à-d. 123 inscriptions d'églises ou d'images sacrées; 2° un poème de Christodore, en 416 hexamètres; 3° 19 épigrammes inscrites dans le temple élevé à Cyzique par Attale et Eumène à leur mère Apollonie; 4° les préfaces des Anthologies de Méléagre, de Philippe, et d'Agathias; 5° les pièces érotiques; 6° 358 épigrammes dédicatoires; 7° 748 inscriptions funéraires; 8° 254 épigrammes de Saint Grégoire de Nazianze; 9° 827 épigrammes épidictiques ou démonstratives, exprimant des idées philosophiques; 10° 126 épigrammes morales; 11° 442 épigrammes sur les plaisirs de la table (sumpotica) et du genre satirique (scoptica); 12° 258 compositions obscènes; 13° 31 pièces de mètres divers; 14° 136 problèmes, énigmes ou oracles; 15° mélanges sur divers sujets. Un dernier recueil; celui de Maxime Planude, moine de Constantinople au XIVe siècle, est une reproduction tronquée de celui de Céphalas. Il est divisé en 7 livres : 1° épigrammes choisies parmi les protreptiques, anathématiques et épidictiques; 2° 352 pièces des 442 de la 11e section de Céphalas; 3° épitaphes; 4° épigrammes descriptives; 5° poème de Christodore, et inscriptions mises sur les statues des conducteurs de chars dans l'hippodrome de Constantinople; 6° et 7° autres épigrammes anathématiques.
| En bibliothèque - L'Anthologie de Planude, apportée de Constantinople par J. Lascaris fut la première publiée, à Florence, en 1494. Depuis, elle fut souvent réimprimée, notamment par Alde, Venise, 1503, in-8°, par Henri Estienne, Paris, 1566, in-fol. et par Jérôme de Bosch, Utrecht, 1795-1822, 4 vol. in-4°, avec la traduction en vers latins de Grotius. (Un 5e vol. a été ajouté en 1822 par Van Lennep. ) Il en existe une traduction italienne en vers blancs, par Garcano et Pasquale, dans l'édition de Naples, 1788-89, 4 vol. L'Anthologie de Céphalas a été publiée par Brunck, sous le titre d'Analecta veterum poetarum graecorum, Strasbourg, 1776, 3 vol. in-8°. Fr. Jacobs, qui reproduisit cette édition avec un long commentaire, Leipzig, 1794-1814, 13 vol. in-8°, en fit paraître une nouvelle, plus complète et dans un meilleur ordre, sous le titre d'Anthologia Palatina, Leipzig, 1813-17 3 vol. in-8°, d'après un manuscrit dit Palatin, conservé longtemps au Vatican, d'où il fut transporté à Paris en 1797, et rendu par le traité de 1814 à la bibliothèque de Heidelberg. En 1853, Piccolos, a publié à Paris un Supplément à l'Anthologie grecque, contenant des pièces inédites. II existe aussi une Anthologie latine, recueillie par Joseph Scaliger, Lindenbruch et autres latinistes, et dont la meilleure édition a été donnée par P. Burmann le Jeune, Amst., 1759 et 1773, 2 vol. in-4°. | Les littératures orientales sont riches en Anthologies, composées d'extraits des meilleurs poètes, classés par ordre de matières, avec des notices biographiques. Nous citerons : en arabe, la Perle du monde par Tâlebi (IXe siècle), l'Anthologie arabe de Grangeret de La Grange, et l'Anthologie grammaticale arabe de Silvestre de Sacy; en persan, la Biographie des poètes par Daulat - Schah (mort en 1495), et le Temple de feu par Hadji-Louf-Ali-Bey (XVIIIesiècle); en turc, les Huit paradis (XVIe siècle) et la Fleur des poèmes (XVIIe); en Hindoustani, la Couronne de fleurs par Manou-Lal (Calcutta, 1836); en sanscrit, le Padhati (XIVe siècle), etc. (G.). | |