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L'Âne d'or, d'Apulée

L'Âne d'or (ou les Métamorphoses) est un ouvrage composé en latin par Apulée, au IIe siècle ap. J.-C., et divisé en 11 livres. Ce sont les aventures d'un jeune homme appelé Lucius, qui en fait lui-même le récit. Lucius va en Thessalie pour affaires. Logeant chez un vieillard dont la femme était magicienne, il veut devenir oiseau, et gagne la servante, qui met à sa disposition les drogues de sa maîtresse : mais il se trompe de boîte; au lieu de se changer en oiseau, il devient âne; il ne pourra perdre cette forme qu'en mangeant des roses. II passe par une série d'aventures avant de trouver cette occasion de reprendre sa forme d'homme, en mangeant la couronne de roses d'un prêtre d'Isis, et se consacre au culte d'Isis et d'Osiris.

Le même sujet est traité, mais avec moins d'étendue, dans la Luciade, ouvrage attribué à Lucien. Plusieurs commentateurs voient dans l'ouvrage d'Apulée un emblème de la vie humaine. 

" L'homme, disent-ils, devient une brute, un âne, quand il s'abreuve du poison des voluptés; il reprend sa forme d'homme, dès qu'il s'approche des roses de la science."
Cette interprétation donne trop d'importance aux métamorphoses. Ce n'est pas une oeuvre originale, mais une traduction, une imitation de Lucius de Patras. Il n'y faut chercher aucune idée morale; c'était une distraction, une lecture agréable pour les contemporains corrompus d'Apulée. On dit que l'épithète d'or fut donnée, hyperboliquement, à cette espèce de roman, à cause de l'estime dont il jouissait. Il a pour nous un intérêt indépendant de son plus ou moins de valeur littéraire. 
" On y trouve, dit P.-L. Courier, des notions sur la vie privée des anciens, que chercheraient vainement ailleurs ceux qui se plaisent à cette étude. Là se voit une vive image du monde, tel qu'il était alors; l'audace des brigands, la fourberie des prêtres d'Isis, l'insolence des soldats sous un gouvernement violent et despotique, la cruauté des maîtres, la misère des esclaves; tout est vrai dans ces fictions si frivoles en apparence; et ces récits de faits, non seulement faux, mais impossibles, nous représentent les temps et les hommes mieux que nulle chronique, à mon sens."
Le style d'Apulée est partout prétentieux et pédantesque; il recherche les archaïsmes, les termes de jurisprudence, les alliances de mots insolites; il s'étudie partout à se mettre en relief, et particulièrement à faire admirer son talent descriptif. (H. D.).

L'Amour et Psyché.
L'Amour et Psyché est un célèbre épisode de l'Âne d'or. C'est une histoire qu'une vieille servante de brigands raconte à une jeune femme, pour la consoler d'avoir été enlevée le jour de ses noces.

Psyché était une jeune princesse d'une beauté si extraordinaire, que les étrangers accourus en foule se prosternaient devant elle comme si c'eût été Vénus elle-même. Jalouse, cette déesse charge son fils Cupidon de punir sa rivale en lui inspirant une passion pour quelque homme méprisable. Un oracle ordonné au père de Psyché d'exposer sa fille sur un rocher, car elle ne doit avoir pour mari qu'un monstre épouvantable. A peine Psyché est-elle exposée, que Zéphyr l'enlève et la transporte dans un somptueux palais, où chaque nuit vient se glisser dans son lit un être mystérieux, qui disparaît dès les premiers rayons du jour. Cet invisible amant lui recommande de ne jamais chercher à voir sa figure et la menace des plus terribles malheurs si elle cédé à la curiosité. Mais les soeurs de Psyché, jalouses d'elle, lui rappellent l'oracle et l'engagent à se délivrer du monstre dont elle est certainement la femme en le poignardant pendant son sommeil. Psyché, la nuit suivante, prête à suivre ce conseil, dirige la lumière sur la figure du mystérieux époux, et, au lieu d'un monstre, voit l'Amour lui-même!... Tandis qu'elle est plongée dans l'extase, une goutte d'huile brû lante tombe de sa lampe sur l'épaule de Cupidon, qui s'éveille aussitôt. Voyant que son secret a été violé, il s'envole et, à partir de ce moment, Psyché est soumise par Vénus à toutes sortes d'épreuves, avant que de pouvoir retrouver son cher Cupidon, auquel Jupiter, touché de sa constance, finit par l'unir. Apulée a orné cette fable de tous les trésors de son imagination et des charmes d'un style riche de brillantes métaphores.

Suivant quelques mythographes, on se trouverait ici en présence d'une allégorie due à quelque platonicien ou à quelque sectateur des doctrines orphiques. Psyché (en grec psuché = âme) serait la personnification de l'âme en lutte ici-bas avec toutes les passions, dont elle finit par triompher pour s'envoler ensuite dans des régions plus pures, où elle reçoit la récompense due à ses efforts. Ce délicieux épisode a été reproduit sous mille formes dans les arts, la littérature, au théâtre, etc. (NLI).



En bibliothèque - L'Âne d'or a été traduit par Maury, Paris, 1812, 2 vol. in-8°; et par Bétolaud, dans la Bibliothèque latine-française de Panckoucke, Paris, 1835-38, 2 vol. in-8°.

En librairie - Apulée, Métamorphoses, Les Belles Lettres (série latine), 3 vol. (1973, 1976, 1985); L'Âne d'or ou les Métamorphoses (préf. Jean-Louis Bory), Gallimard (Folio), 1975.

Marie-Louise von Franz, L'Âne d'or, interprétation du conte d'Apulée, La Fontaine de Pierre, 1995 (une lecture jungienne...); N. Fick-Michel, Art et mystique dans les métamorphoses d'Apulée, Presses universitaires de Franche-Comté, 1991.

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