| On nomme anacréontique un genre de poésie créé par Anacréon, au VIe siècle av. J.-C., et, en général, tout ce qui a été composé dans le goût et le style de ce poète. Les pièces anacréontiques chantent l'amour, ses délices plutôt que ses peines; l'ivresse, mais douce et décente; les Charites, compagnes d'Aphrodite et de Dionysos. Elles doivent être, avant tout, tendres, naïves, légères, gracieuses, doucement, pathétiques. Le recueil qui nous est parvenu sous le nom d'Anacréon ne renferme qu'un très petit nombre de morceaux de ce poète, que la critique la plus ingénieuse et la plus savante a bien de la peine à distinguer. L'Amour mouillé, la Colombe et le Passant, Anacréon vieilli, la Rose, l'Amour piqué par une abeille, sont de véritables modèles, sans que l'on puisse néanmoins affirmer leur authenticité; car, parmi les nombreuses citations des Anciens, on ne trouve aucun vers qui s'y rapporte. L'ode A ma lyre, la première du recueil, est jolie et digne aussi d'être mentionnée. La dix-septième, où il demande au ciseleur Hépheste de lui faire une coupe d'argent, est citée par Aulu-Gelle et paraît authentique. La cinquante-huitième, citée dans les Allégories homériques d'Héraclide de Pont, philosophe contemporain de Philippe et d'Alexandre, est une des plus parfaites du recueil. Les imitateurs grecs d'Anacréon n'ont aucune notoriété. Chez les Latins, il a été imité avec succès par Catulle, Horace, Tibulle, dans quelques-unes de leurs pièces lyriques ou élégiaques; mais ils n'ont pas la naïveté et la délicatesse du prêtre de Téos, et leurs vers ne respirent pas l'heureuse insouciance qui se peint dans ceux de leur modèle. Dans les littératures modernes, le genre anacréontique est une variété de la chanson; on en trouve des échantillons plus ou moins remarquables au XVIe siècle chez Clément Marot, Joachim du Bellay, Ronsard. Au XVIIe, maître Adam, Chaulieu et La Fare; au XVIIIe, Collé, Panard, Dorat, Pezay, Voltaire (Si vous voulez que j'aime encore, etc,), Parny, Bertin, etc.; et, au XIXe siècle, Poisson de La Chabeaussière, Désaugiers, Béranger (le Bon Vieillard, etc.) ont fait plusieurs odes ou chansons dans le goût anacréontique. En Italie, Pétrarque et Guarini se sont distingués dans ce genre; Gleim s'y est fait un nom et a mérité d'être appelé l'Anacréon de l'Allemagne. (P.). | |