| Aminte est un célèbre drame pastoral en cinq actes et en vers, composé par le Tasse, et représenté à la cour de Florence en 1573. Le caractère dramatique de quelques églogues de Virgile et de Théocrite domine dans l'Aminte, dont voici le sujet : Amyntas (et non Aminte, comme nous disons), petit-fils du dieu Pan, aime Sylvie, petite-fille du fleuve qui arrose la contrée (les environs de Ferrare). Ils ont été élevés ensemble, ne se sont jamais quittés, et il lui déclare sa passion. Sylvie, offensée, le bannit de sa présence. Cependant Amyntas trouve une occasion de sauver Sylvie des attaques d'un satyre; mais elle n'en demeure pas moins irritée, le fuit toujours, et il apprend, par une fausse nouvelle, qu'elle a été tuée à la chasse. Le désespoir s'empare de lui, et il va se précipiter du haut d'un rocher. On vient annoncer à Sylvie la mort de son amant; elle s'attendrit, le regrette, court à sa recherche, pour lui rendre au moins les derniers devoirs, et le trouve au milieu de bergers qui le rappelaient à la vie, car un buisson l'avait retenu dans sa chute, et il n'était qu'évanoui. Sylvie le comble de ses caresses, et l'hymen assure le bonheur des deux amants. Chaque acte de l'Aminte est suivi d'un choeur fort court. La pièce est précédée d'un prologue, et terminée par un épilogue. Le succès de l'Aminte fut préparé par l'état de la société italienne, qui aimait à se reposer de ses troubles sanglants dans des peintures champêtres; mais il vient surtout de l'extrême élégance du style, de la variété des tours et des images, et de cette coupe facile et harmonieuse de vers inégaux, que le Tasse emprunta à la tragédie de Canace, par Sperone Speroni. Il faut y joindre la grâce infinie, la suavité tout italienne, avec laquelle le Tasse, âgé de 29 ans, amoureux lui-même (car il s'est peint dans sa pièce sous le nom de Tircis), analyse et commente l'amour. Le ciel, la lumière des paysages italiens, animent, éclairent cette composition charmante, où le poète a trouvé l'art de fondre avec un naturel parfait et une industrie merveilleuse les plus agréables passages d'Anacréon, de Moschus, de Virgile et de Théocrite. C'est par le style que vivra l'Aminte; non pas que ce style soit absolument exempt de l'affectation qui gâte trop souvent les oeuvres du Tasse, et qui a attiré le jugement si sévère de Boileau. (B.).
| En bibliothèque - L'auteur ne voulait pas imprimer son drame, à cause des allusions qu'il renferme : on trouva cependant le moyen d'en avoir des copies; l'une de ces copies tomba entre les mains d'Alde, qui en donna une édition, Venise, 1581, in-8°. Ménage a aussi laissé une édition de l'Aminte, avec notes, Venise, 1736. II en existe une traduction française en vers élégants, Paris, 1666. Voir aussi : Ginguené, Histoire de la littérature italienne, t. V et VI. | | |