| L'Ami du Peuple. - Ce journal fut certainement le journal qui eut le plus d'influence pendant la Révolution. Marat en fit paraître le premier numéro le 12 septembre 1789, deux mois après la prise de la Bastille. Ce journal comprenait ordinairement 8 pages in-8, mais quelquefois il en eut un plus grand nombre, lorsque Marat estimait qu'il fallait frapper plus fort. Certains numéros, moins volumineux, indiquent, ou que Marat avait été pris par le temps ou que les ressources lui avaient fait défaut. Il raconte. dans un de ces numéros qu'il dut vendre jusqu'aux draps de son lit pour subvenir aux frais de premier établissement. Le n° 1, qui avait pour titre le Publiciste parisien, journal patriotique, libre et impartial, par une société de patriotes, et rédigé par M. Marat, auteur de « l'Offrande à la Patrie-», etc., avec la devise de Rousseau : « Vitam impendere vero », était accompagné d'un prospectus où se trouvait cette phrase : « Le lecteur sera souvent surpris de la hardiesse des idées; mais il trouvera toujours liberté sans licence, énergie sans violence, sagesse sans écarts. » La vérité est qu'on ne trouve jamais une expression grossière et que le style châtié a souvent des allures académiques qui tranchent avec la violence des moyens préconisés par celui que Michelet appelle « un furieux par sensibilité ». Au sixième numéro, le titre fut ainsi modifié L'Ami du peuple ou le Publiciste français, etc. Après les journées des 5 et 6 octobre, le Châtelet fit saisir le journal, mais il reparut le mois suivant. Il eut une nouvelle interruption pendant la fuite de Marat en Angleterre, et ne recommença qu'en juillet 1790. L'Ami du peuple eut 685 numéros : il cessa de paraître lorsque Marat, représentant de Paris, entra à la Convention. Les exemplaires originaux sont très rares. Il y a une collection à la Bibliothèque nationale, une en Allemagne (qui appartenait autrefois à l'empereur), une troisième a été vendue en 1885, aux enchères publiques, à Paris. - On considère quelquefois les autres journaux de Marat : Journal de la République française et le Publiciste de la République française, comme étant la suite de l'Ami du peuple. (L. Lu). | |