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Les sursauteurs gamma |
Aperçu |
Les sursauts
gamma correspondent à des bouffées de rayonnement électromagnétique
de très haute énergie que les astronomes détectent
sporadiquement dans le ciel. Ces flashes durent
de quelques fractions de secondes à quelques minutes, et il s'en
produit en moyenne, un par jour. Depuis leur découverte,
dans les années 1960, ces phénomènes ont été
un mystère, auquel l'élucidation partielle de leur origine,
à partir de 1997 n'a pas réellement mis fin.
Les caractéristiques les plus marquantes des sursauts gamma sont leur irruption aléatoire et leur distribution sur la sphère céleste, qui ne privilégie aucune direction. Cette isotropie pouvait avoir plusieurs interprétations, mais l'observation au cours des dernières années de lumières résiduelles (contreparties optiques, mais aussi X) accompagnant le phénomène de haute énergie proprement dit a permis de conclure que les sources des sursauts gamma, ordinairement appelées, faute de mieux, des sursauteurs gamma se situent hors de notre Voie lactée. On les rencontre dans des régions de formation stellaires situées dans des galaxies éloignées peut-être de plusieurs milliards d'années-lumière. Or cette localisation extragalactique conduit à inférer que la puissance des phénomènes impliqués est excessivement importante. Les énergies mises en jeu devraient dépasser très largement celle des supernovae classiques. Une alternative, qui permet de réduire sensiblement l'évaluation de cette énergie, consiste à supposer qu'elle n'est pas émise par le sursauteur dans toutes les directions de l'espace, mais principalement dans un faisceau étroit, observable seulement quand il est dirigé vers la Terre. Les énergies en jeu n'en restent pas moins considérables. Typiquement, un sursaut gamma brillerait ainsi encore des centaines de fois plus qu'une supernova, soit comme cent millions de milliards d'étoiles semblables au Soleil. Si l'on considère la totalité du phénomène et la libération d'énergie, non seulement par le rayonnement électromagnétique, mais aussi par les neutrinos et les ondes gravitationnelles, cela pourrait correspondre à la conversion de la toute la masse du Soleil en énergie. Quelque chose de titanesque et qui, en toute hypothèse, laisse posée la nature exacte des sursauteurs gamma. Les répéteurs gamma - On a rapproché dans le passé des sursauteurs gamma proprement dit, les répéteurs gamma, qui sont des sources de rayons gamma mous, et qui contrairement aux précédents peuvent "sursauter" de temps en temps (ce qui signifie évidemment que l'événement dont ils sont le siège n'est pas suffisamment violent pour les détruire). Ce rapprochement à conduit les astronomes, pendant plusieurs années, sur de fausses pistes. On sait désormais que ces répéteurs gamma appartiennent à une famille très différente d'astres. Ils peuvent s'interpréter dans un cadre plus classique : celui des étoiles à neutrons, qui dans ce cas sont hautement magnétisés (magnétars).Deux sortes d'indices ont permis aux astronomes de mieux cerner les phénomènes auxquels ils ont affaire dans le cas des sursauts gamma proprement dits. En premier lieu, les caractéristiques des sursauts gamma conduit à en distinguer de deux types : les uns sont très brefs et correspondent aux photons les plus énergétiques, les autres sont plus longs et correspondent à des énergies un peu plus faibles. D'autre part, il est de plus en plus avéré qu'il existe un lien entre les sursauts gammas et certaines supernovae. En particulier, la contrepartie optique d'un sursaut gamma dure bien plus longtemps que lui et a une évolution qui peut s'identifier à celle de la boule de feu produite lors de l'explosion d'une étoile massive. Pour qualifier ces explosions superlatives, il est tentant de parler d'hypernova (même si c'est en détournant le terme de de son acception originelle pour en élargir le sens). -
Il y a explosion et explosion. Et, parmi les nombreuses pistes explorées depuis plusieurs décennies, quelques unes s'avèrent désormais les plus prometteuses : celles qui permettent non seulement de rendre compte de la boule de feu et de ses diverses caractéristiques observées, mais aussi de l'énergie énorme libérée, et qui ne semble pouvoir s'expliquer autrement qu'en y impliquant un trou noir à fort moment angulaire (ce qui en pratique signifie assez massif et en rotation très rapide). Ce dernier point rend le nécessaire de considérer généralement un système binaire, où l'existence d'un compagnon permet de transférer (selon des modalités diverses) du moment angulaire au trou noir. Sur cette base, les divers scénarios évoquent dans certains cas la collision et la fusion de deux étoiles le plus souvent compactes, qui aboutit à la formation du trou noir. Mais le compagnon peut aussi n'être qu'une "force d'appoint", ou même être absent. On ne considère alors qu'une étoile unique, très massive (plus de 20 masses solaires), dont le coeur, lors de l'explosion en supernova ou hypernova, implose en trou noir. Cette piste, qui correspond au modèle dit collapsar / hypernova connaît actuellement une certaine faveur. Elle a le mérite de pouvoir rendre compte d'une grande variété de phénomènes, impliquant ou pas la bouffée de rayons gamma. |
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Rouages |
Les
routes de l'apocalypse
L'énergie mise en jeu lors d'un sursaut gamma ne semble pas pouvoir s'expliquer autrement qu'en invoquant un "moteur" dont la pièce maîtresse est un trou noir. En général, il convient d'ajouter une seconde pièce : un disque d'accrétion par lequel transite la matière environnante avant d'être engloutie par le trou noir. Le phénomène brutal d'effondrement dans lequel ce dispositif est engagé prend le nom de collapsar. Et c'est lui qui provoque la bouffée gamma. Reste quantité de chemins possibles qui pourraient tous mener en principe à cette situation, et l'une des principales interrogations actuelles est de savoir quelles ont les étoiles ou les systèmes d'étoiles qui pourraient à terme achever leur existence dans pareil brouhaha. Recherches en
paternité
Les principaux protagonistes 1- Fusion de deux étoiles à neutrons : |
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Trou
noir + boule de feu = sursaut gamma
On le voit, la plupart des cas de figure envisagés, le processus d'émission du sursaut gamma implique d'une part le collapsar, et d'autre part à la formation d'une boule de feu en expansion soufflée par l'explosion en supernova. Le sursaut gamma est provoqué par le choc du gaz éjecté le long de jets par le collapsar avec cette coquille de matière environnante. Dans certaines variantes, comme sur le schéma ci-dessous, c'est une fulgurante rafale de nodules de plasma présents dans le jet qui provoque le sursaut, lors de l'impact. Ensuite, l'impact du jet sur ce matériau périphérique pourra causer une émission de moindre énergie (X et optique). Ensuite, après que le gaz situé à proximité ait été englouti, le collapsar disparaît pour ne laisser qu'un trou noir simple.
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Mise en ordre |
Typologie
des effondrements
Le modèle des collapsars permet de rendre compte d'une grande variété de phénoménologies, modulées par la nature des progéniteurs. Ainsi, pour suivre ici la synthèse proposée par Andrew MacFadyen, en janvier 2000 (astro-ph/0001400), les deux catégories de sursauts gamma révélés par les observations traduiraient en réalité l'existence de deux types d'effondrements, pouvant d'ailleurs ne pas être accompagnés de bouffées gamma : Type I - Les étoiles progénitrices sont d'une masse supérieure à 35 masses solaire, en rotation rapide. Un trou noir capable d'avaler l'équivalent de la masse du Soleil toutes les dix secondes se forme rapidement. Si l'étoile avait perdu son enveloppe d'hydrogène (cas des étoiles de Wolf-Rayet), on aura affaire à une supernova de type Ib/c, et à l'émission d'un sursaut gamma bref. Ce type de collapsar correspond également à des situations sans sursaut gamma dans le cas où l'étoile progénitrice aurait conservé une petite enveloppe d'hydrogène - ce qui correspond à l'explosion d'une supergéante bleue. On a affaire alors à une supernova asymétrique, et à une bouffée de rayonnement X dur (sursaut X de haute énergie). Enfin, si l'étoile a conservé l'essentiel de son enveloppe, et que l'explosion a eu lieu alors qu'elle est une supergéante rouge, ont a une supernova de type II, asymétrique, et un sursaut X mou. Type II - Mais l'accrétion du trou noir peut être plus lente. Pour des étoiles dont la masse était au départ supérieure à vingtaine de masses solaires (les étoiles de masse inférieure explosent en supernovae ordinaires). Les étoiles de Wolf-Rayet explosent encore en supernovae de type Ib/c, mais le sursaut gamma est cette fois long. Et l'on a peut-être aussi un sursaut gamma long dans le cas d'une explosion en supernova de type II de supergéante bleue (enveloppe d'hydrogène réduite). Enfin, avec l'explosion d'une supergéante rouge (épaisse enveloppe d'hydrogène), la supernova est encore de type II, mais elle est asymétrique le sursaut appartient déjà au domaines des rayons X mous. |
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