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La spermatogénèse
est le processus qui conduit à la formation des spermatozoïdes.
On sait que, chez les très jeunes embryons,
l'éminence génitale est
recouverte d'un épithélium particulier
qu'on a appelé l'épithélium germinatif. On sait aussi
que dans cet épithélium apparaissent de grosses cellules
spéciales qu'on a appelé ovules
primordiaux, et qu'il forme les traînées cellulaires, dites
cordons de Pflüger, dans lesquels on rencontre çà et
là les ovules primordiaux. Ces premiers stades de développement,
on le sait encore, sont communs à la glande
génitale mâle (testicule) et à
la glande génitale femelle (ovaire). La
différence sexuelle ne commence qu'au moment où dans le futur
ovaire les cordons on tubes de Pflüger s'étranglent en chapelet
dont chaque grain se sépare du voisin pour constituer un ovisac
(Oeuf). Dans
le futur testicule, les cordons ne se segmentent pas, et les tubes de Pflüger
deviennent les tubes séminifères. Dans l'ovaire, les ovules
primordiaux (cellules centrales) persisteront et grandiront, l'épithélium
des canalicules (cellules pariétales)
donnant naissance aux cellules de la membrane
granuleuse de l'ovisac. Dans le testicule, les ovules primordiaux disparaissent
et les cellules pariétales des tubes testiculaires, sans rôle,
sexuel chez la femelle, deviendront les cellules mères des spermatoblastes
et par suite des spermatozoïdes. La glande génitale est donc
hermaphrodite
au début.
Nous connaissons l'origine des cellules
pariétales des tubes du testicule, il
nous faut, pour compléter le cycle des évolutions, voir comment
elles produisent les spermatoblastes, c.-à-d, étudier la
spermatogenèse.
Sur la coupe transversale d'un tube séminifère
d'un mammifère en activité génésique, on trouve
sur la paroi du tube :
1° les cellules pariétales
(cellules souches, spermatogonies) qui, sous forme d'un épithélium
discontinu, reposent par une de leurs faces sur la membrane propre du tube
et sont à divers stades d'évolution.
2° De grosses cellules, dites
cellules de Henle (cellules mères, spermatocytes), qui ne sont que
certaines des cellules pariétales devenues plus volumineuses et
ayant quitté la paroi à laquelle elles restent toutefois
attachées par un pédicule; ces cellules de Henle présentent
des figures caractéristiques de la mitose
et sont en voie de division.
3° De petites cellules disposées
généralement par groupes de deux ou quatre et appelées
cellules de Koelliker (cellules filles, spermatides, spermatoblastes).
Ces cellules proviennent de la division des cellules de Henle. Elles se
multiplient et sont destinées à se transformer, chacune
in toto en un spermatozoïde. Les dernières générations
des cellules de Koelliker sont donc bien des spermatoblastes.
4° Les cellules ramifiées
et à pied, cellules en chandelier, cellules de Sertoli, dont le
pied repose sur la paroi du tube, interposé aux éléments
précédents et dont le sommet s'épanouit en un certain
nombre de lobes dans chacun desquels ou voit la tête d'un spermatozoïde,
dont la queue émerge dans la lumière du tube.
5° Enfin, dans l'intérieur du
tube, on trouve des spermatozoïdes à peu près achevés,
mais disposés en gerbes, parce qu'ils viennent de se détacher
en bloc de la tête des cellules de Sertoli qui, à la suite,
se présentent comme si elles avaient été brisées.
Il nous reste à interpréter
ces faits. Si le spermatoblaste (cellule de Koelliker dérivant elle-même
de la cellule de Henle qui provient des cellules pariétales) est
bien la cellule mère du spermatozoïde, comment se fait-il qu'on
trouve les faisceaux ou gerbes de spermatozoïdes dans la tête
des cellules de Sertoli? C'est pour cette raison que certains auteurs ont
considéré que les vrais éléments d'origine
des spermatozoïdes sont, non les dérivés des cellules
pariétales, mais les cellules de Sertoli elles-mêmes qu'ils
ont dès lors appelées spermatoblastes, établissant
ainsi une synonymie qui prête à une regrettable confusion.
Mais cette interprétation est inexacte.
L'élément qui produit le
spermatozoïde
est la cellule de Koelliker et, ou bien il faut considérer que la
cellule en chandelier n'est qu'un élément qui sert d'abri,
de support et d'organe de nutrition aux spermatozoïdes qui viennent
se greffer sur lui, ou bien il faut accepter que la cellule de Sertoli
est le dernier terme de développement de la cellule pariétale.
C'est cette dernière manière de voir qu'il faut accepter.
Pendant leur développement, les cellules de Henle et de Koelliker
n'abandonnent jamais la paroi du tube séminipare; elles y restent
toujours rattachées par un tractus. Or, à un moment donné
de la spermatogénèse, ce tractus se gonfle, écarte
les éléments interposés dont il prend les empreintes
et apparalt dès lors sous l'aspect de cellules de Sertoli. Il n'y
a donc pas dans les tubes du testicule deux
catégories d'éléments distincts, l'une représentée
par les cellules pariétales, les cellules de Henle, les cellules
de Koellikeret les spermatoblastes, l'autre représentée parla
cellule de Sertoli. Il n'y a qu'une classe de cellules qui forment une
seule chaîne continue d'évolution, et la cellule de Sertoli
est le dernier terme de cette évolution. C'est ce que l'on petit
vérifier en étudiant la spermatogénèse chez
les animaux inférieurs, chez les plagiostomes,
les batraciens ou les mollusques,
où la spermatogénèse est plus simple et l'évolution
cellulaire plus facile à suivre.
Ajoutons que, lors des divisions des cellules
de Koelliker, les noyaux passent sans phase de repos d'une cinèse
à la suivante. Or la chromatine du noyau divisé ne reconquiert
son volume primitif, on le sait, que pendant la phase de repos de la cariocynèse.
Il en résulte que, pendant la division des cellules de Koelliker,
cette reconstitution de la chromatine du noyau n'a pas lieu et que la cellule
fille ne contient que la moitié, puis le quart de la chromatine
de la cellule mère primitive. Il y a donc, dans la spermatogénèse,
réduction de chromatine, et la tête du spermatozoïde
par suite - puisqu'il provient du noyau du spermatoblaste - n'est plus
l'équivalent du noyau de l'ovule.
(Ch. Debierre). |
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