| Sorite (du grec sôros, monceau), raisonnement composé de plusieurs syllogismes, enchaînés entre eux de telle sorte que l'attribut de la majeure devienne le sujet de la mineure, l'attribut de la mineure le sujet de la proposition suivante, et ainsi jusqu'à la dernière proposition, dont l'attribut doit être combiné avec le sujet de la première. C'est à l'aide du sorite que les Stoïciens démontraient que le sage est heureux et que la sagesse suffit au bonheur. Voici ce raisonnement : "Qui est sage est tempérant; qui est tempérant est constant; qui est constant est sans trouble; qui est sans trouble est sans tristesse; qui est sans tristesse est heureux : donc le sage est heureux, et la sagesse suffit au bonheur." Le sorite abrège et simplifie tous les syllogismes dont il est composé; aussi convient-il parfaitement aux sciences mathématiques, qui, opérant sur une seule idée, celle de quantité, peuvent passer rapidement d'un rapport à un autre, en supprimant les propositions intermédiaires dont la répétition n'est pas nécessaire à la clarté de la démonstration. Leibnitz remarque que les démonstrations d'Euclide ressemblent à des arguments en forme, en se rapprochant cependant beaucoup plus du sorite que du syllogisme complet. Mais si le sorite est la forme la plus commune des démonstrations mathématiques, il ne saurait être employé de la même manière dans les autres sciences; il demande une attention soutenue pour saisir le rapport non exprimé des propositions entre elles; et, quand on opère sur des idées complexes, comme dans la jurisprudence ou la philosophie, il faudrait une intelligence au-dessus de l'humanité pour suivre un raisonnement en sorites, sans jamais se laisser abuser par un rapport mal établi entre deux idées, ou par une conséquence mal déduite. (H. D.). | |