|
En
chant, on désigne sous le nom de soprano
la la plus aiguë de toutes les voix, celle qui règne au-dessus
de toutes les autres. On disait autrefois dessus, et le mot italien,
qui n'est que la traduction de notre terme français,
est relativement récent. Dans la musique
vocale, le soprano s'exécute exclusivement aujourd'hui avec
des voix de femmes ou d'enfants. On sait en effet que la voix des jeunes
garçons qui n'ont pas encore atteint l'âge de puberté
est au même diapason que celle des femmes, soit environ une octave
plus haute que les voix d'hommes. Le timbre, à la vérité,
n'est pas tout à fait le même, mais il n'est nullement inférieur.
Le soprano des jeunes garçons est moins doux, moins daté
peut-être, mais plus vibrant, plus cristallin et plus caractérisé.
N'était la difficulté de trouver facilement un nombre suffisant
d'enfants convenablement exercés dans le chant et la musique, on
a longtemps considéré qu'il aurait été à
désirer que les masses chorales soient fréquemment composées
de sopranos de cette nature.
On connaissait autrefois
un autre genre de voix de soprano qui fut longtemps très usité.
Il ne s'agit pas des victimes de la coutume barbare, qui a fleuri en Italie
de la seconde moitié du XVIIe siècle
au XIXe siècle, de mutiler des enfants
pour conserver leur voix. Cet usage, auquel on doit ces admirables virtuoses
(par exemple le célèbre Farinelli)
qui firent la gloire du chant italien, ne s'implanta qu'à partir
du moment où la musique dramatique fut
d'usage courant. Comme les moeurs ne permirent qu'assez tard, en Italie,
aux femmes de monter sur la scène, il était indispensable
d'avoir des chanteurs dont, non seulement la voix, mais encore l'extérieur,
pussent convenir aux rôles féminins qu'ils avaient à
remplir.
Mais pour la musique
des églises, les castrati (castrats),
moins nécessaires, ne furent jamais admis à titre fixe qu'avec
certaines restrictions. Par le travail et la méthode, on arrivait
alors très souvent à conserver la voix de soprano chez les
chanteurs adultes, et ces musiciens, nommés falsetti, en
français, faussets, étaient fort en faveur. A la vérité,
le timbre de ces voix artificielles n'était jamais aussi beau que
celui des voix naturelles, mais on avait ainsi l'avantage d'avoir des chanteurs
plus habiles que ne pouvaient l'être des enfants, et aussi à
constituer des chapelles plus stables que s'il avait fallu constamment
pourvoir au remplacement des enfants de choeurs parvenus à l'âge
de la mue.
-
Une
voix de soprano : Natalie Dessay.
Cliquez
sur l'image pour afficher la vidéo.
(source : Youtube).
Quoi qu'il en soit,
les premières chapelles, au XVIe siècle,
ne comportaient pas d'autres soprani, et il existe encore quelques chanteurs
de ce genre dans les églises d'Italie.
Quant à la méthode employée, il est à croire
qu'elle consistait à développer et à assouplir, par
de judicieux exercices, le registre dit fausset ou voix de tête qui
existe naturellement chez l'homme, et à lui donner quelque chose
du timbre et de l'étendue qui lui manquent ordinairement. Au reste,
on peut remarquer que l'habitude du chant tend
à retarder la mue de la voix : les enfants des maîtrises exercées
gardent fréquemment la voix de soprano jusqu'à quinze ou
seize ans, et la gardaient plus tard encore autrefois, alors que leurs
études étaient plus assidues, tandis que, chez les enfants
qui ne cultivent pas le chant, il est très rare qu'elle persiste
après treize ou quatorze ans. Quoi qu'il en soit, en dehors des
maîtrises des églises ou les enfants sont seuls employés,
les sopranos féminins sont seuls en usage de nos jours, au théâtre
(opéra, opérette)
ou au concert.
La voix de soprano,
tant pour l'étendue que pour le timbre, peut se classer en plusieurs
variétés. Le mezzo-soprano, qu'on appelait autrefois bas-dessus,
est simplement un soprano un peu plus grave que l'ordinaire. Son étendue
moyenne peut être ainsi limitée à quelques notes près
:
Le soprano proprement
dit descendrait d'un ton en moins au grave et s'élèverait
couramment jusqu'à l'ut (do). Telle est aussi l'étendue du
soprano des jeunes garçons. Suivant son caractère, on distingue
le soprano dramatique, d'un timbre plus ample et plus vibrant, et d'une
émission un peu lente, et le soprano léger, plus flûté,
moins puissant, mais fort convenable, par son agilité, aux vocalises
les plus rapides. Enfin, il est certaines voix qui, à cette extrême
facilité de vocalisation, ajoutent encore l'avantage de monter à
une hauteur excessive, jusqu'au sol, au la, au do même, au témoignage
de Mozart qui, en 1770, entendit une chanteuse,
la Bastardella, s'élever jusqu'à ces régions suraiguës.
la figure ci-dessous indique l'étendue que l'on peut assigner à
ces voix extraordinaires. (H. Quittard).
|
|