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La signification
La signification propre et primitive des mots est celle en vue de laquelle ils ont été institués; les autres sont dérivées ou figurées. Quelle que soit la valeur des différentes théories imaginées pour expliquer l'origine du langage, la signification primitive des mots est constatée par l'étymologie, qui en analyse les éléments, et permet de remonter, en séparant les parties qui signifient des idées particulières, à une combinaison de sons articulés qui signifie une idée générale, indépendamment de ses rapports avec d'autres idées, et qu'on appelle racine. L'idée fondamentale signifiée par une racine est alors associée avec d'autres idées qui la modifient de diverses manières, et dont l'expression est intimement unie à la racine elle-même pour former ce qu'on appelle un mot. 

La forme d'un mot est donc constituée, dans le langage parlé et par suite dans le langage écrit, par la combinaison de certains éléments significatifs avec la racine, dont ils déterminent et précisent la signification générale et abstraite. Mais la signification des mots doit être d'abord cherchée dans la signification des racines. Toute racine signifie quelque chose de sensible, et c'est seulement par des métaphores tirées des choses sensibles que l'on peut désigner les idées de l'ordre moral. Mais que devons-nous entendre par quelque chose de sensible? La signification des racines est rapportée nécessairement, soit à l'idée d'objet, soit à l'idée de mode, c.-à-d., si l'on fait abstraction des circonstances accessoires de lieu, de temps, etc., à l'idée de quelque chose qui subsiste par soi-même et indépendamment d'autre chose, ou à l'idée de quelque chose qui ne subsiste qu'en autre chose, indépendamment ou non de l'idée de mouvement. Or on remarquera que la racine ne se rapporte à un objet qu'en tant qu'elle devient un mot; en elle-même elle est rapportée à l'idée de mode; les racines signifient donc primitivement un mode sensible, qualité ou action.

 S'il n'est généralement pas possible de découvrir la raison qui a attaché telle ou telle signification à telle ou telle combinaison de sons articulés, on peut néanmoins admettre qu'en général la racine doit toujours se trouver dans un certain rapport avec le mode sensible qu'elle signifie; elle en est l'image, ou l'analogue, on le signe. Elle en est l'image, quand la chose signifiée est ou représente un son qu'elle reproduit: c'est l'onomatopée; elle en est l'analogue, lorsqu'elle produit sur l'oreille la même impression que la chose signifiée produit sur les autres sens ou sur l'imagination c'est ainsi que beaucoup de langues redoublent la racine pour exprimer, soit le pluriel, soit l'intensité; elle en est le signe, quand le rapport primitif est effacé et qu'il ne reste plus que le rapport établi par l'usage et par la tradition. 

Dans les langues qui font usage de flexions, la signification de la racine est modifiée, soit par un changement intérieur, soit par l'adjonction de suffixes; et d'autres suffixes, appelés plus spécialement désinences, viennent encore préciser la signification nouvelle; c'est par eux, en grande partie, que les mots une fois constitués signifient l'expression des rapports grammaticaux. Mais tout mot, considéré isolément et dans son radical, n'a qu'une seule signification, à laquelle se ramènent toutes ses acceptions dérivées ou figurées; et l'on nomme tropes les différentes modifications que subissent les mots dans leur signification propre et primitive. La science qui s'occupe de la signification des mots, et de l'évolution de ces significations à travers les âges, a reçu le nom de sémantique (le mot sémiologie désignant l'étude des signes en général). (Mondry Beaudouin).

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