| Le ruissellement est l'écoulement superficiel des eaux pluviales qui se rendent directement aux thalwegs par les sources. Il constitue, avec l'évaporation et l'infiltration, l'une des formes de disparition de ces eaux. Il se produit, non seulement là où le sol est imperméable, mais aussi partout où la pente est assez forte pour que la composante de la pesanteur l'emporte sur les actions qui tendraient à déterminer la pénétration des gouttes d'eau dans le sol sous-jacent. Lorsqu'il est dû à l'imperméabilité du sol, celui-ci se trouve creusé d'un grand nombre de rigoles,,le plus souvent à sec, mais où, à chaque grande pluie, l'eau ruisselle avec une vitesse très grande, emportant de la vase et des cailloux et donnant naissance, chaque fois que survient un élargissement amortissant sa vitesse, à un petit cône de débris. A leur tour, les thalwegs principaux se remplis sent rapidement de ces eaux limoneuses : d'où, dans les pays à terrains imperméables, des rivières caractérisées à la fois par la rapidité de leurs crues, par la hauteur à laquelle les grandes eaux s'y élèvent et par les troubles dont elles sont chargées, d'où aussi la possibilité de reconnaître, à coup sûr, ces pays par la simple inspection d'une carte topographique : le nombre considérable des cours d'eau, leur faible importance, l'allure capricieuse des rigoles circulant en tous sens, sont, en effet, autant d'indices certains que le sol ne se laisse pas pénétrer par les infiltrations. Le ruissellement produit, enfin, des effets mécaniques considérables. En terrain dénudé, notamment, et lorsque la pente est modérée, il emporte, le long des versants, grâce à un émiettement préparé tant par les influences météoriques que par les vers de terre et la culture, de fines particules de matières, dont la descente adoucit l'allure générale du profil et arrive à lui donner toujours la forme concave vers l'extérieur. C'est le phénomène de l'érosion, qui joue un si grand rôle géologique, et les amas de matériaux, mélanges de pierres et de boue, qui sont venus s'accumuler au pied du talus, y constituent des dépôts particuliers, les dépôts meubles sur les pentes. Si maintenant la pente s'accentue beaucoup et si elle est assez forte pour favoriser la concentration momentanée de l'eau dans de petites rigoles où elle acquiert une puissance mécanique considérable, il se produit ce qu'on nomme des eaux sauvages, capables de dégrader le sol sous-jacent et d'en changer chaque fois la configuration extérieure, isolant, par exemple, les gros blocs solides noyés dans une matière facile à désagréger et les laissant en saillie à la surface du sol, tantôt dans une situation d'équilibre instable, forcément temporaire, tantôt entassés les nus sur les autres, dans les positions les plus bizarres. Ainsi se sont formés les blocs perchés et les pierres branlantes, si nombreux dans les pays granitiques et d'aspect si pittoresque : pyramides ou cheminées des Fées, à Saint- Gervais, en Savoie, ou en Cappadoce (Turquie); pyramides et piliers du rio Grande et de la rivière Blanche, au Colorado; arcade naturelle de Prebisch-Thor, dans la Suisse saxonne; dolomies ruiniformes de Montpellier-le-Vieux, dans les Cévennes, etc. C'est également à l'action maintes fois répétée du ruissellement des eaux pluviales que Lapparent a crû devoir attribuer la manière d'être du loess, qui offre, on le sait, à sa jonction avec les pentes contre lesquelles il s'appuie, des veines de petits cailloux anguleux, de moins en moins inclinées vers le centre de la masse. (GE). | |