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Les Renoncules |
Les
Renoncules (Ranunculus, Haller) constituent un genre de plantes
de la famille des Renonculacées,
dont le nom vient de ce que plusieurs espèces habitent les prairies
humides et marécageuses où se rencontrent fréquemment
les grenouilles, en latin Rana, d'où plusieurs aussi ont
reçu le nom vulgaire de Grenouillette. Ce genre, qui a fourni,
tant d'espèces et de variétés pour l'ornement de les
jardins, embellit aussi bien et sans culture les rivières, les étangs;
les longues tiges de quelques espèces, s'étendant
en tapis de verdure à leur surface, les couvrent d'un gracieux manteau
de fleurs. Tout le monde connaît aussi ces
jolis boutons d'or, ces élégants bassinets ou, bassins d'or
qui émaillent pendant une partie de l'été les prairies
humides, les marais, les bois, de leurs brillantes fleurs d'un jaune d'or;
et nous les retrouvons encore ornant les bois, les terrains secs et montueux,
le sommet des plus hautes montagnes, et épanouissant au voisinage
des neiges leurs larges corolles, le plus souvent
blanches, quelquefois même d'une teinte rose ou purpurine.
Caractères principaux du genre : Calice à 5 folioles caducs, 5-10 pétales, akènes nombreux, ramassés en tête et devenant autant de capsules monospermes, terminées en pointes recourbées. Ce sont des plantes à feuilles entières, souvent découpées, à fleurs le plus souvent terminales, rarement axillaires, dont les nombreuses espèces croissent la plupart en Europe, et une cinquantaine en France. On a répertorié plus de 300 espèces de Renoncules. Presque toutes âcres et vénéneuses, telles sont, parmi ces dernières, la Ranunculus Thora, la Renoncule scélérate, la R. âcre, la R. bulbeuse, qui offrent dans leur action les symptômes des poisons irritants. Consommées vertes en assez grande quantité, elles peuvent occasionner chez le bétail des troubles très graves. Mais leur principe toxique disparaît par la dessiccation, aussi peut-on sans inconvénient distribuer aux bestiaux du foin qui en renferme. La viande d'animaux empoisonnés par les Renoncules n'est pas dangereuse si on la fait cuire, car la cuisson, comme la dessiccation, détruit la toxicité de la plante. Elles posent aussi des problèmes aux agriculteurs par la place quelquefois considérable qu'elles occupent dans les prairies; elles sont très envahissantes et disputent le terrain aux bonnes espèces. Nous citerons la Renoncule des champs, la Renoncule rampante.
Les espèces les plus intéressantes sont : la Renoncule asiatique, R. des jardins, Rouma (R. asiaticus, Lin.), qui a une racine vivace, composée de plusieurs petits tubercules allongés, fusiformes, réunis en faisceau ou souche (griffe). Tige cylindrique, peu rameuse; feuilles radicales pétiolées, celles de la tige alternes, ternées ou terniséquées; fleurs terminales jaunes, auxquelles la culture a donné des teintes très-variées. On en a obtenu beaucoup de variétés simples, semi-doubles ou doubles. Originaire de l'Orient, introduite en Europe, suivant quelques auteurs, par les Croisés; ses plus belles variétés n'ont paru dans les jardins que vers la fin du XVIe siècle, et depuis lors elles ont été accrues à l'infini. C'est au moyen des griffes qu'on les conserve et qu'on les multiplie; et c'est au moyen des semis qu'on en obtient de nouvelles. Les renoncules entièrement doubles, nommées encore R. pivoines, ont des fleurs larges et varient de couleurs, du rouge foncé au jaune ou à l'orangé; elles ne produisent pas de graines et ne se multiplient que par les griffes. Le variétés semi-doubles, au contraire, en produisent beaucoup, et c'est par leurs semis que l'on obtient de nouvelles variétés, dont plusieurs sont doubles. Elles ont des fleurs de presque toutes les couleurs possibles, et même panachées de plusieurs nuances. On a donné à ces variétés, devenues extrêmement nombreuses, des noms tirés de leurs couleurs, tels que le Velours noir, le Diadème de pourpre, la Toison d'or, etc., ou bien des noms de la mythologie ou de personnages célèbres, ainsi : Hector, Hercule, Jules-César, la Reine de France, le Maréchal de Villars, etc. La culture des
Renoncules.
Un terrain de bonne qualité, argilo-calcaire, frais, mais s'égouttant bien, plaît aux Renoncules, de même qu'une exposition un peu ombragée aux heures les plus chaudes du jour sous les climats méridionaux. Elles fleurissent en mai et juin; leur feuillage se flétrit ensuite et jaunit. On cesse de les arroser, et c'est alors que les tubercules ou griffes, qui servent à leur reproduction, achèvent de se développer dans le sol. Ces organes sont extraits dès qu'ils sont mûrs et séchés à l'ombre. Ils se conservent en lieu sec jusqu'à la plantation suivante et même pendant deux ans. La plantation se fait dès l'automne dans le Midi, à la fin de l'hiver ou au début du printemps sous un climat froid. On enfouit les griffes et tubercules dans un terrain bien préparé, à une profondeur de 5 ou 6 cm et à une vingtaine de centimètres les uns des autres. Les Renoncules se multiplient aussi de graines. Les semis se font avec des graines au moins d'un an, au printemps, en pleine terre dans le Nord, dans les autres climats à la fin de l'été. Au bout de 30 à 50 jours les graines lèvent; si c'est dans l'hiver, on couvre de paillassons. Les semis d'automne donnent quelques fleurs l'été suivant; mais la floraison n'est complète qu'à la troisième année. Du reste, on réussit mieux si on relève ces semis la première année et qu'op les replante en terre nouvelle. Arrivées à leur entier développement, on les multiplie au moyen des griffes qui seront plantées en automne ou au printemps avec les précautions convenables contre les gelées. Les principales
espèces de Renoncules.
La Renoncule rampante, Bassinet, Bassin d'or (R. repens, Lin.), à racine fibreuse, ressemble à la précédente par ses fleurs et se multiplie très rapidement dans les jachères. Cette espèce encore plus envahissante que la précédente, elle ne peut être extirpée que par des sarclages, des arrachages, et, au besoin, par le défrichement suivi de plusieurs cultures sarclées. La Renoncule bulbeuse (R. bulbosus, Lin.), vulgairement Pied-de-corbin, Pied-de-coq, a des fleurs d'un jaune brillant. On la trouve dans les pâturages, au bord des bois. Une variété à fleurs doubles se cultive dans les jardins. La Renoncule d'Afrique, R. pivoine (R. Africanus, Hort.) a les feuilles plus rares, plus grandes, d'un vert plus foncé; on connaît les variétés dites Séraphique d'Alger, couleur jonquille; Renoncule pivoine rouge, Souci doré ou Merveilleuse, couleur souci doré, le coeur vert; le Turban doré, rouge, panaché de jaune. La Renoncule aquatique, Grenouillette (R. aguatilis, Lin.), croît dans l'eau; de ses tiges, les unes sont submergées, les autres nageant à la surface de l'eau ou entraînées par le courant, ont quelquefois plusieurs mètres de longueur; fleurs de grandeur moyenne, corolles blanches. Renoncule aquatique, avec ses deux sortes de feuilles. La Renoncule thora (R. thora, Lin.), que nous avons signalée comme vénéneuse, à fleurs jaunes, croît sur les hautes montagnes, en France, en Italie, etc. La Renoncule scélérate (R. sceleratus, Lin.), à fleurs jaunes, petites, nombreuses, se trouve au bord des eaux La Renoncule à feuilles d'aconit (R. aconitifolius, Lin.), et la Renoncule à feuilles de platane (R. platanifolius, Lin.), sont deux espèces à fleurs blanches; on en cultive dans les jardins sous le nom de Boutons d'argent. La Renoncule des champs (R. arvensis, Lin.), à fleurs latérales, jaune pâle, petites, est très commune dans les moissons. (La Renoncule Ficaire rentre aujourd'hui dans le genre Ficaire). (A19).
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