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Protubérance
(ou Filament). - Jet de gaz au-dessus de
la surface du Soleil associé à son
activité magnétique. Nées dans
la chromosphère, les protubérances se développent
dans la couronne sous l'effet de champs magnétiques puissants. La
latitude moyenne des protubérances suit une marche analogue à
celle des taches, tout en se tenant toujours plus voisine des pôles,
sans néanmoins dépasser la latitude de 50 ou de 55° N.
et S. Elles sont soumises, comme elles aussi, à des minima et à
des maxima d'intensité.
Lors des
éclipses totales, elles se présentent comme de grands panaches
rougeâtres en formes d'arcs ou de boucles, s'étendant dans
l'espace sur plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers de
kilomètres, à partir du disque solaire.
Si l'on
s'en tient à leur seule morphologie, on est tenté de les
ranger en deux groupes. Les unes sont adhérentes à la surface
du Soleil et offrent l'image de fusées, d'arbres, de rochers. Les
autres en semblent détachées et présentent des apparences
nuageuses. Tantôt c'est une masse houleuse qui se soulève
en flammes et langues aiguës, droites on ondulées, convergentes
ou divergentes; tantôt ce sont des gerbes, des feux d'artifices,
ou encore des panaches ou des tourbillons de fumée.
La plupart des protubérances
projettent, lors d'éruptions, d'immenses quantités de matière
(éjections coronales) dans l'espace interplanétaire. Plus
froides que les régions au-dessus desquelles elles s'élancent,
elles apparaissent plus sombres, et se détachent sur le disque en
prenant la forme de lignes allongées, larges de quelques milliers
de kilomètres, appelées des filaments. Protubérances
et filaments sont donc la même chose.
Les protubérances
quiescentes - Les protubérances sont généralement
associées à des régions actives. Elles semblent trouver
leur racine sur les mêmes lieux que les plages chromosphériques,
elles-mêmes associées aux taches photosphériques. Elles
sont connues sous le nom de filaments de plage. Mais il existe également
des protubérances et qui peuvent persister durablement (plusieurs
mois) au-dessus de régions calmes. On les désigne sous le
nom de protubérances quiescentes. Apparemment indépendantes
de l'activité solaire, les protubérances quiescentes conservent
unlien avec cette activité, comme le montre leur propension à
apparaître en grand nombre à l'approche du maximum du cycle
des taches, le long de ceintures situées à des latitudes
moyennes.
Les protubérances
se prolongent par d'autres structures plus fines très chaudes, appelées
des jets coronaux, donnant l'occasion, comme le montre l'image ci-dessous
le spectacle d'une fontaine de feu.
Arches
coronales au-dessus d'une région active.
(Source
: Trace Project, NASA).
Comme les
taches, du reste, les protubérances avaient été remarquées,
à l'oeil nu, depuis longtemps, mais sans qu'on y attachât
une bien grande importance. Ce fut à la suite de l'éclipse
de 1842 qu'elles retinrent pour la première fois l'attention des
astronomes. Les progrès de la photographie et de la spectroscopie
permirent bientôt de les soumettre à une étude sérieuse.
Les astronomes ont
ainsi pris conscience de leur gigantisme. Lockyer
et Respighi
en ont ainsi observé qui s'étendaient jusqu'à 300
000 km de la surface du Soleil, soit la moitié de son rayon. On
a perçu la complexité des phénomènes dans lesquels
elles s'inscrivent. Et l'on pourrait faire remonter à une
observation publiée en 1883 par Young,
qui a vu un fragment se détacher et s'élever dans l'espace
pendant douze minutes avec, une vitesse d'environ 200 km par seconde, la
première éjection coronale répertoriée. Par
la suite, Deslandres ,
Hale
et Janssen
en ont obtenu des épreuves, excellentes à tous points de
vue, en même temps qu'on notait dans leur spectre environ trois cents
raies.
Comme les différentes
structures situées au-dessus de la photosphère, les protubérances
ne sont ordinairement observables que lors des éclipses totale.
Diverses techniques ont cependant été mises au point pour
pallier cet inconvénient, et l'on ne citera ici que la belle découverte
de Janssen et Lockyer, en 1868, qui a permis de les observer
en tout temps, grâce au spectroscope : en dirigeant la fente de cet
instrument tangentiellement au contour du disque solaire, on voit, chaque
fois qu'elle rencontre une protubérance, varier la longueur de la
raie brillante de l'hydrogène, qui caractérise
ces flammes, et on arrive, en suivant ces variations, à dessiner
Ie contour du soleil tel qu'on le voit les jours d'éclipse totale.
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