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Une préposition (praepositio, proqesis) est un mot invariable qui se place devant un mot pour marquer son rapport avec un autre. La préposition unit ainsi deux mots dont le second est complément du premier, et c'est par une sorte d'abus qu'on appelle quelquefois le second mot complément de la préposition. Quand je dis l'amour du jeu, jeu est complément, le terme complété est l'amour, et l'emploi de la préposition de devant jeu indique simplement la fonction grammaticale de ce mot. Toutefois, comme l'emploi d'un mot de relation ne serait pas intelligible sans l'énoncé des deux termes de la relation, la nécessité d'exprimer après la préposition le complément annoncé par elle, fait qu'on le considère comme dépendant de la préposition, et cela est vrai, non seulement du français et des langues analytiques modernes, mais encore des langues synthétiques anciennes. Originairement, en effet, la préposition nous apparaît comme un ancien adverbe de lieu on de temps employé pour marquer les circonstances de l'action verbale, puis placé à côté de compléments de même nature, pour renforcer ou préciser le rapport déjà exprimé par les désinences casuelles. On a dit d'abord, en latin, in ire = aller dans, entrer, ou en fondant les deux mots en un, inire, et cet emploi en composition ou comme préfixe est certainement le plus ancien de la préposition. C'est à peu près le seul qui existe en sanscrit. D'ailleurs le préfixe n'était pas uni au verbe si intimement qu'on ne pût l'en séparer, et sans parler de la place de l'augment et du redoublement dans les verbes composés du grec, les cas de tmèse que l'on rencontre chez Homère le prouvent surabondamment. Puis, à côté de l'expression ancienne, urbem ire = aller dans la ville, où la forme de l'accusatif donnée an complément du verbe faisait connaître qu'il était le terme du mouvement, on a dit par une sorte de pléonasme analogue à celui que nous faisons quelquefois en disant sortir dehors, monter en haut, urbem in ire, urbem inire, ou avec tmèse in urbem ire = aller dedans dans la ville. On prit l'habitude de placer l'adverbe avant le nom, et on finit par les considérer comme dépendant l'un de l'autre. La signification casuelle du substantif fut attachée à l'adverbe, il devint préposition et servit dès lors à exprimer non seulement des rapports de lieu et de temps, mais tous ceux qu'exprimaient les cas avec lesquels on le construisit. On s'explique ainsi que certaines prépositions puissent s'employer tantôt avec un cas, tantôt avec un autre, et qu'à côté de prépositions qui se construisent toujours avec le même cas (génitif, datif ou accusatif en grec, accusatif ou ablatif en latin), il y en ait qui se construisent avec deux cas (génitif et accusatif en grec, accusatif et ablatif en latin), ou même avec trois (génitif, datif et accusatif en grec). Il y avait dans les langues anciennes et il y a encore dans les langues modernes des mots que l'on emploie, tantôt comme adverbes et tantôt comme prépositions, par exemple en grec, epi, qui signifie sur ou de plus, pera, au delà ou au delà de; en latin, contra, contre ou au contraire; en français après, devant, derrière, etc. La préposition en françaisOn l'a dit, on appelle préposition tout mot invariable qui sert à exprimer un rapport existant entre deux autres mots. On dit qu'un rapport existe entre deux mots quand le sens général de l'un est modifié par la présence de l'autre. L'expression le livre désigne un livre quelconque, un livre en général. Au contraire, dans : le livre de Pierre, la signification que possédait tout à l'heure le mot livre se trouve modifiée considérablement; car au lieu de pouvoir s'appliquer à tous les livres existants, elle s'applique seulement au livre dont Pierre a la propriété. Il y a donc rapport entre livre et Pierre.Entre deux mêmes mots on peut souvent établir des rapports de natures très diverses. Par exemple, entre je suis et l'eau, il peut y avoir un très grand nombre de rapports. On peut dire : Je suis dans l'eau; je suis sur l'eau; je suis sous l'eau; je suis devant l'eau; je suis derrière l'eau; je suis contre l'eau, etc. La nature de chacun de ces rapports est indiquée par une préposition différente; mais très souvent une même préposition est employée pour indiquer des rapports de natures différentes. Les principaux rapports sont ceux : 1° De lieu. Ex. : Je demeure à Toulouse; je suis sous le pont.Les principales prépositions sont :
On appelle locution prépositive une préposition composée de plusieurs mots. Les principales locutions prépositives sont :
Certains adjectifs, certains participes et l'adverbe proche peuvent être employés comme prépositions. Dans ce cas, ils précèdent toujours un nom ou un pronom. Tels sont :
Quelquefois la préposition est sous-entendue entre deux mots qui se trouvent en rapport. Ex.: Il partira le mois prochain (c'est-à-dire pendant le mois prochain).Quand plusieurs noms qui se suivent servent de complément à un même mot, nom, adjectif ou verbe, par l'intermédiaire d'une même préposition, tantôt on répète celle-ci devant chaque complément, tantôt on ne l'exprime qu'une seule fois. En général, les prépositions monosyllabiques sont presque toujours répétées; les prépositions polysyllabiques le sont moins souvent. Pour les prépositions à, de, en la répétition est de rigueur. Ex.: L'éloquence est un art destiné à instruire, à corriger les moeurs, à soutenir les lois, à rendre les hommes bons et heureux.Quant aux autres prépositions, on est libre de les répéter ou de ne les exprimer qu'une seule fois. On peut dire : L'ordinateur est utile pour le travail, l'étude et les loisirs.Les prépositions, quelles qu'elles soient, se répètent. 1°Lorsque le terme qui les suit est accompagné d'un complément.Dans une même phrase il est bon de ne pas employer la même préposition à la suite de deux verbes différents. Ainsi au lieu de dire :Ex. : Il part pour Florence et pour Rome, où il espère retrouver ses compagnons.2° Lorsqu'il y a une certaine opposition, un contraste entre les divers compléments.Ex. : Il était illustre dans la paix et dans la guerre. On voit dans les développements contenus dans ce livre...Il est mieux de s'exprimer ainsi : On voit par les développements contenus dans ce livre. Remarques sur certaines prépositions. Autour de, à l'entour de. Les locutions prépositives autour de, à l'entour de sont équivalentes; seulement la seconde a vieilli. A travers, au travers de. On a voulu établir une distinction de sens entre à travers et au travers de, mais cette distinction semble peu fondée.Entre et parmi. Entre et parmi sont souvent synonymes. Cependant il faut employer entre à l'exclusion de parmi : 1° Devant un nom pluriel déterminé par un adjectif cardinal qui ne tient pas lieu d'un nombre indéfini : entre quatre hommes, et non parmi quatre hommes.Parmi a ordinairement pour complément un nom pluriel ou un collectif : Parmi les gens, parmi la foule. En face de. Près de, auprès de. Ex.: Il demeure près de l'école, c'est-à-dire pas très loin de l'école.En outre, auprès de s'emploie pour indiquer l'assiduité habituelle d'une personne auprès d'une autre. Ex. : Restez auprès de moi.Mais cela n'implique pas que l'on doive proscrire auprès lorsqu'il n'y a pas une idée d'assiduité. On peut dire: Venez près de moi, ou auprès de moi. Devant un nom de lieu on pouvait autrefois mettre près sans la préposition de (Ex. : Près Paris), mais cette forme a vieilli. Devant un nom de personne il n'est pas permis de supprimer de. On ne dit jamais : près moi, près lui, etc. Cependant l'usage autorise de dire Procureur général près la Cour de cassation, Ambassadeur près le Saint-Siège, etc. Près de, prêt à. Ex.: Le malade était près de mourir quand on l'a opéré, c'est-à-dire sur le point de mourir. Ex.: Je suis prêt à vous suivre, c'est-à-dire disposé à vous suivre.Les auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècle ont souvent employé prêt à dans le sens de près de. Vis-à-vis de. L'adverbe vis-à-vis peut être employé comme préposition. On peut dire vis-à-vis l'école ou vis-à-vis de l'école. Cependant la première de ces expressions est d'un style plus relâché. Voici et voilà. Ex. : Voici trois médecins qui ne se trompent pas : Gaieté, doux exercice et modeste repas.Origine de quelques prépositions. A vient du latin ad, vers. - Chez (latin casa) signifiait en vieux français, cabane, maison. On disait autrefois : En chez un tel, c'est-à-dire, dans la maison d'un tel. - Malgré, anciennement mau gré, composé de l'adjectif mal et de gré, et l'équivalent de mauvais gré, mauvaise volonté. - Sauf (lat. salvus) est un ancien adjectif signifiant sauvé, conservé. - Fors et hors viennent du latin foris, dehors, à la porte. - Depuis se compose de de et de puis. - Dans, autrefois denz, vient du bas-latin de intus, à partir du dedans. - Parmi est composé de par et de mi, latin medium, milieu. - Hormis est formé de hors et de mis, participe passé de mettre. - Voici est l'ancien impératif de voir suivi de ci. - Voilà est semblablement formé de voi et de là. L'ancienne préposition française lez signifiant à côté de, près de, et dérivée du latin latus, côté, n'est plus usitée que dans certains noms de lieux. Ex. : Plessis-lez-Tours, c'est-à-dire : Plessis à côté de Tours; Nissan-lez-Enserune, c'est-à-dire Nissan près d'Enserune; Villy-lez-Falaise, Villy près de Falaise, etc. (F. et L.). |
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