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Des Pigeons et des humains |
Domestiqués de longue date, les Pigeons (les Columbidés) ont acquis une certaine importance. Leur chair est très estimée, et la plumasserie a tiré, suivant la mode et les époques, un grand parti de leurs dépouilles, très brillantes chez certaines variétés. Par ailleurs, la faculté extraordinaire d'orientation des Pigeons, qui leur permet de retrouver leur gîte quand on les en a éloignés par des distances énormes, a fait employer certaines espèces comme moyen de correspondance (Pigeons voyageurs). Même si l'on a des raisons de penser qu'elle est liée à une sensibilité au champ magnétique terrestre, on n'a pas encore pu expliquer d'une façon satisfaisante la faculté appelée sens de la direction, qui est si développée chez cet Oiseau, mais qui exige un dressage graduel, et qui se retrouve d'ailleurs chez beaucoup d'autres animaux, Oiseaux ou Mammifères. Le Biset (Columba livia) est considéré par la grande majorité des ornithologistes comme la souche des races nombreuses que l'on élève en domesticité, et qui présentent des variations considérables, dont Darwin dans son beau livre (la Variation des animaux) a fait une étude, approfondie. Toutes ces races se croisent entre elles et peuvent donner des variétés nouvelles. Les principales de ces races sont :
L'élevage des PigeonsL'élevage, du Pigeon aujourd'hui répandu dans le monde entier, est très ancien; Lepsius et Birch disaient en avoir retrouvé les premières traces à l'époque de la Ve et même de la IVe dynastie égyptienne (L'Ancien Empire); le pigeon domestique est figuré du reste sur un grand nombre de monuments d'Egypte. La Perse et la Phénicie out possédé des colombiers de temps immémorial; les Hébreux sacrifiaient la pigeon à Yahveh; les Grecs avaient aussi, bien longtemps avant les guerres médiques, de très bons établissements d'élevage, mais ces derniers se multiplièrent et prirent une grande importance, si l'on en croit Pline, Varron et Columelle, surtout chez les Romains; ces auteurs signalent des pigeonniers modèles appropriés pour contenir jusqu'à 2500 couples; des paires appartenant au chevalier Axius se vendaient 400 deniers. Le pigeon domestique était aussi exploité par les Gaulois; Charlemagne a consacré à son élevage plusieurs passages de ses Capitulaires et imposé son entretien dans toutes les fermes impériales. E. Lemoine pensait qu'il peut y avoir là l'origine du fameux droit du colombier accordé aux seigneurs sur leurs terres et sur celles de leurs vassaux.Pigeon de colombier ou de rapport. Le pigeonnier ou colombier, habitation servant d'abri pour les pigeons pendant la nuit et pendant les périodes de ponte et de couvaison, est construit à part ou établi dans une pièce des bâtiments de la ferme, où, enfin, il se compose de logettes ou boulins suspendues à une muraille; il doit être aussi voisin que possible de la basse-cour, exposé de préférence au midi et rapproché d'un ruisseau ou d'un réservoir d'eau pure et facilement renouvelable; trois nids pour deux couples, et, même, au printemps, deux nids par couple sont indispensables; les dimensions les plus ordinaires pour chaque case sont : profondeur, 30 à 35 cm, largeur, 25 à 30 cm, et hauteur, 20 à 25 cm; la construction en briques ou en pierres non poreuses est à préférer, car le bois sert de refuge à de nombreux parasites; la visite des nids et le nettoyage doivent être faciles, l'hygiène jouant un grand rôle dans l'élevage du pigeon. La meilleure époque pour la consommation des pigeonneaux varie entre trois et cinq semaines; l'engraissement commence avant que le plumage soit entièrement poussé, il dure de cinq à six jours et se fait surtout avec des pâtons de farine ou des grains de maïs bouilli, de farine de millet, de sorgho, de sarrasin et de graines de légumineuses gonflées, en délayant le tout avec du lait écrémé. Quant aux sujets que l'on veut conserver plus longtemps ou garder pour la reproduction, il est bon de ne les enlever aux parents que lorsqu'ils mangent seuls, c.-à-d. après quatre ou cinq semaines, à moins qu'il ne se produise une nouvelle ponte pendant l'intervalle. La nourriture doit être abondante, il faut la distribuer régulièrement en deux reprises chaque jour; elle consiste surtout en petits grains de céréales, de légumineuses ou d'oléagineuses; le sel est indispensable, aussi a-t-on recommandé de suspendre à la sortie des pigeons des merluches qu'ils dévorent entièrement; l'abreuvoir doit être toujours tenu très propre et être rempli d'eau claire. L'enlèvement de la colombine et la désinfection des logettes (sulfate de cuivre, crésyl, lysol, etc.) sont renouvelés fréquemment, ils peuvent seuls permettre de prévenir les nombreuses maladies (diarrhée vermineuse, aphtes, pourriture du jabot, apoplexie, épilepsie, etc.) auxquelles le pigeon est très sujet. Le fécondité des pigeons varie entre cinq et sept années, mais il est généralement prudent d'opérer la réforme avant cette limite. Pigeon de volière. Les Pigeon voyageursLe pigeon voyageur est doué au plus haut point d'une capacité d'orientation. Quand on lâche un pigeon loin de son colombier, il s'élève, s'oriente en tournant, puis, dès qu'il a trouvé son orientation, part droit devant lui et ne s'arrête qu'à la tombée de la nuit pour repartir le lendemain matin dès que le jour paraît. La vitesse moyenne du vol des pigeons voyageurs dépend de la longueur du trajet; pour les petites distances, elle est de 25 m environ par seconde. L'état atmosphérique, la nature du pays, ont une influence sur la vitesse du pigeon. Il va moins vite par un mauvais temps, et dans les pays accidentés. Pour un trajet de cinq à dix heures, en pays moyennement accidenté et par un temps calme, la vitesse moyenne de son vol est de 700 à 800 m par minute, soit de 45 à 50 km à l'heure. Le pigeon voyageur peut parcourir en une seule journée de 500 à 800 km sans interruption. Il ne s'arrête en effet que lorsqu'il a perdu sa route ou qu'il y est forcé par l'orage, la pluie, la faim ou bien encore qu'il est surpris par la nuit. Il ne voyage pas, en effet, de nuit; il cherche, pour attendre le jour, un endroit sûr où il sera à l'abri des intempéries et des oiseaux de proie; là, il veille jusqu'à l'aurore et reprend sa course dès les premières lueurs du jour.Mais la qualité qui fait de cet oiseau voyageur un messager incomparable est sa fidélité au colombier, surtout s'il y a laissé une compagne, fidélité qui ne s'éteint pas avec le temps. On a vu des pigeons retourner sans hésitation à leur colombier après plusieurs années d'absence. En 1870, un pigeon voyageur fut pris par les Allemands; le prince Frédéric-Charles l'envoya à sa mère à Berlin. Quatre années plus tard, le pigeon trouvant sa cage ouverte s'évada et retourna à son colombier du boulevard de Clichy, à Paris. Les pigeons voyageurs qui ont peuplé au XIXe siècle tous les colombiers de l'Europe provenaient de la Belgique où l'on s'était occupé depuis très longtemps d'une façon très active de l'amélioration de la race. La race belge comporte deux variétés : le pigeon liégeois et le pigeon anversois. Le premier, petit, bas sur pattes, l'oeil vit, le bec court, est remarquable par sa fidélité et son instinct d'orientation; le second, plus haut sur pattes, plus volumineux, a des ailes plus grandes, est plus résistant et plus vif que le pigeon liégeois, mais il est moins fidèle et ne possède pas les qualités d'orientation au même degré que celui-ci. Aussi, peuplait-on de préférence les colombiers militaires de pigeons liégeois, qui offrent plus de sécurité; les pigeons anversois, au contraire, ont formé presque exclusivement la population des colombiers civils les courses et concours organisés entre les sociétés colombophiles, qui demandent, en effet, aux pigeons de l'allure et de la résistance, tandis que le pigeon militaire, lui, n'a jamais eu de très grands trajets à parcourir, mais pouvait être conservé longtemps en captivité hors de son colombier. Histoire. Plus près de nous, en 1098, on rapporte que les chrétiens au siège du fort nasard, près d'Antioche, nouèrent des relations avec la ville à l'aide de pigeons voyageurs. Le gouvernement de Saint-Jean-d'Acre assiégé par Philippe-Auguste et Richard Coeur-de-Lion (1189-1191) ne cesse de communiquer par ce procédé avec le sultan Saladin. Au XVIe siècle, les Parisiens assiégés par Henri IV en font usage; de son côté, l'assiégeant fait donner la chasse à ces innocents messagers par des faucons dressés. Au commencement du XIXe siècle, les pigeons voyageurs furent employés à la transmission des cours de la Bourse. C'est par eux que l'issue de la bataille de Waterloo fut connue en Angleterre. Enfin, en 1870, Paris assiégé et complètement séparé du reste de la France, parvint à communiquer avec la province, grâce à l'initiative du directeur des postes, Rampont. Les pigeons voyageurs quittaient Paris en ballons, ils étaient ensuite lâchés des différents points de la France. Sur 400 pigeons environ emportés de Paris, une centaine seulement revinrent dans la ville assiégée; les autres périrent victimes des rigueurs d'un hiver terrible ou tombèrent sous les balles ennemies ; beaucoup se perdirent. Néanmoins, les pigeons qui rentrèrent dans Paris apportèrent plus de 150.000 dépêches officielles et 1 million de dépêches privées. Après la guerre franco-allemande, ces fidèles messagers tombèrent un peu dans l'oubli, et ce n'est que vers 1877 qu'on recommença à s'occuper d'eux, à les éduquer, à perfectionner leur race et à favoriser leur élevage dans un but militaire. A cette époque, un amateur belge fit don de 420 pigeons au gouvernement français; ces pigeons furent envoyés au jardin d'acclimatation de Paris et placés dans un colombier. Colombiers militaires. Les Pigeons dans l'art culinaireOn ne saigne pas les pigeons pour les tuer, on les étouffe. Il y a beaucoup de manières de les apprêter; on les mange :Rôtis. Frits. En compote. A la crapaudine. Aux petits pois. |
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