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Histoire de l'art > La peinture |
La peinture italienne à la Renaissance Le Cinquecento |
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(II) le Cinquecento | Le XVIIe siècle | Le XVIIIe siècle | Le XIXe siècle |
Au XVe siècle (Quatrocento), Masaccio, qui méprisait les types conventionnels de la forme humaine et étudiait directement la nature avait initié l'époque la grande époque de la peinture italienne qui s'est épanouie au XVIe siècle , le Cinquecento. Cette époque, où les conceptions plastiques de Masaccio se combinent avec une composition plus vigoureuse et plus dramatique, et des notions plus nettes de la couleur locale et du clair-obscur, commence avec Léonard de Vinci, maître accompli dans un grand nombre d'arts. Elle se continue bientôt avec Michel-Ange et Raphaël, qui portent l'art de la Renaissance à son apogée. Léonard de Vinci. Outre la fameuse Cène de Milan, fresque aujourd'hui fort altérée, on peut citer les toiles de Léonard que possède le Musée du Louvre, La Vierge aux rochers, la Vierge, l'Enfant Jésus et Sainte Anne, Saint Jean-Baptiste, et, bien sûr, La Joconde. La Cène de Sainte-Marie-des-Grâces (Milan, 1497) est une des grandes oeuvres de la peinture de tous les temps par le rythme de la composition, le caractère dramatique des têtes, des attitudes des mains, par la majesté mystérieuse et recueillie de l'ensemble.Michel-Ange. Michel-Ange se fraya une voie indépendante. D'abord sculpteur, et également architecte, iI n'a guère laissé que les dessins de ses études et la décoration de chapelle Sixtine, à Rome, qui ne le cède en rien à ses oeuvres de sculpture : ces tableaux bibliques, où revit toute la sublime énergie de la Genèse, ces sibylles, ces prophètes, ces puissants et gracieux adolescents qui les encadrent, sont peut-être l'oeuvre capitale de la peinture de tous les temps et de tous les pays. Quant au Jugement dernier, même si l'on trouve impitoyable le geste du Christ, impuissante et froide l'attitude de Marie, si l'on peut regretter aussi l'exagération des musculatures, quel artiste, pourtant, a jamais ordonné un tel ensemble de figures colossales, de groupes à la fois fourmillants et équilibrés, ces chutes de damnés et ces ascensions d'élus, le tout suspendu à la main foudroyante du juge implacable et tout-puissant qui donne l'unité à cette scène terrifiante? Sa chaleur de composition, sa connaissance profonde de l'anatomie, la hardiesse de ses contours et de ses raccourcis, lui donnent, comme dans l'architecture et la sculpture, une originalité puissante, qui devint de l'exagération dans ses imitateurs. Raphaël. On a peine à croire que Raphaël a été le contemporain de Michel-Ange, tant son oeuvre reflète le calme et la quiétude. Heureux et fêté de tous pendant une vie aussi courte que féconde, il représente la Renaissance dans ce qu'elle a de plus noble et de plus brillant. Né à Urbino en 1483, et fils de peintre, il étudie à Pérouse chez le Pérugin. Il passe ensuite à Florence, s'initie à l'art de Vinci, de Michel-Ange, et peint ses premières Vierges, celle du Grand duc, celle de Tempi, la Vierge au chardonneret, la Belle Jardinière, où l'expression, les lignes, la couleur sont d'une pureté inconnue avant lui et qui ne sera jamais égalée; mais dans la Mise au tombeau (1507), on sent la peine et le travail plus que l'émotion; c'est Rome qui lui révélera ce qui lui manque jusqu'alors : le sentiment de la grandeur et de la force. Appelé au Vatican par Jules Il, il est chargé de la décoration des chambres (Stanze) du palais pontifical. Les Loges furent exécutées de 1513 à 1519 sous sa direction et d'après ses dessins inférieur à Michel-Ange dans la Création et le Déluge, il retrouve toute sa maîtrise dans les scènes calmes et gracieuses : Moïse sauvé des eaux, les Trois anges visitant Abraham, l'Entrevue de Jacob et de Rachel. Sur l'invitation de Léon X, il dessine les cartons des Actes des Apôtres, qui doivent être reproduits en tapisserie dans les ateliers de Bruxelles. Raphaël trouve même du temps pour des travaux de chevalet. Madone à l'enfant, par Raphaël (ca. 1505). Ce sont d'abord d'admirables portraits, comme le Jules II, le Balthazar de Castiglione, la Jeanne d'Aragon et la Fornarina; puis la seconde série de ses Madones : la Madone Aldobrandini, la Vierge au voile, la Vierge à la chaise (palais Pitti), celle de Saint-Sixite (Dresde), la plus belle de toutes par la gravité et la profondeur d'expression de la Mère et de l'Enfant, la Vierge de Foligno, la Madone de Sixte-Quint. On citera encore : les Sibylles, le Triomphe de Galathée, les Noces de Psyché, la Bataille de Constantin, la Sainte Famille du Louvre. Il travaillait à son tableau de la Transfiguration quand il mourut, âgé de trente-sept ans, en 1520. Il est unique dans l'histoire de l'art par la ravissante et noble pureté de ses Madones, par la force calme et harmonieuse (les grandes fresques des Stanze (Dispute du Saint-Sacrement, l'École d'Athènes). Le déclin des écoles. Les suivants de Michel-Ange, plus nombreux, de tempérament moins homogène. Si l'on excepte Daniel de Volterre et Sébastien dal Piombo, trop éminents pour reproduire les défauts du maître, il n'y a plus, après lui, que des peintres qui tombent dans le faux et l'enflure en cherchant l'effet, Vasari, Rossi, Naldini, les Zuccari, Vanni, le chevalier d'Arpino, Fontana, Cesi, Semini, Cambiaso, etc. Dans la peinture de portrait, Angello Allori dit Bronzino et son neveu Alessandro appartiennent à la même école. II faut faire exception pour André del Sarto, dont la peinture se rattache à l'école naturaliste, mais tempérée par une grande naïveté et une grande finesse de dessin et d'expression, et qui eut pour élèves Franciabigio, le Pontormo, le Rosso. Vers la fin du XVIe siècle, Ludovico Cigoli et Gregorio Pagani revinrent à la nature et à un goût meilleur dans l'emploi du clair-obscur. L'Annonciation, par Andrea del Sarto (ca. 1525). Les meilleurs maîtres de l'école romaine après Raphaël ont été Jules Romain, le Primatice, Niccolo dell' Abbate, François Penni dit « le Fattore-», Perino del Vaga, Polydore de Caravage, André Sabbatini, Pellegrino, Benvenuto Tisi dit il Garofalo, Giacomone de Faenza, Timoteo Viti, les Campi, etc. Trois noms importants doivent être cités immédiatement après ceux de Léonard, de Michel-Ange et de Raphael. Ce sont ceux du Corrège, Giorgione et de Titien : Le Corrège. Giorgione. Titien. L'Enlèvement d'Europe, par Titien (ca. 1525). En attendant le Tintoret et Véronèse. La décoration du palais Doria, à Gênes, par Perino del Vaga, est un dernier souvenir de la Farnésine, déjà alourdi et compliqué. Daniele da Volterre doit aux conseils directs de Michel-Ange les quelques figures noblement dessinées de sa Descente de Croix, à la Trinità de'Monti. Le Parmesan change la grâce langoureuse du Corrège en une affectation puérile; près de lui Federigo Barrocci, tout en conservant encore la science de la composition et la clarté du coloris, arrive, à force d'arrondir le visage de ses Vierges, d'allonger leurs paupières et de rapetisser leur bouche, à leur donner un type presque chinois. Seul, le dernier des peintres de la grande école lombarde, Bernardino Lanini (mort en 1578) peut encore imiter, sans la profaner, la douceur grave de Luini et de Ferrari. Les copies des maîtres ne deviennent intéressantes que par le prix de la technique sur les majoliques dans des fabriques célèbres se sont constituées dès le début du XVIe siècle à Pesaro, à Urbin, à Castel Durante, à Gubbio. L'exemple du Jugement dernier, achevé en 1541, précipita la ruine de la peinture, en inspirant aux papes, aux fabriques, aux seigneurs qui commandaient des décorations aussi bien qu'aux artistes qui les exécutaient, des ambitions démesurées. Pendant plus de cinquante ans des fresques de grandes dimensions, remplies d'une foule d'énormes corps tordus dans des mouvements monstrueux, couvrirent les murs des palais et les coupoles des églises. Des artistes, capables de trouver le dessin exact et la couleur harmonieuse, forcent leur talent pour arriver à bout de ces entreprises, et cherchent la grandeur dans l'exagération des proportions et la pompe théâtrale des attitudes. Aussi, malgré la beauté de quelques détails, n'y a-t-il rien de plus froid que le Christ aux Limbes d'Angiolo Bronzino (1501-1572), aux Uffizi, que les Batailles et les Allégories de la Sala Regia au Vatican, par Vasari et les frères Zucchero, de Rome, ni surtout que les groupes lourds et déclamatoires que peignirent sur la coupole de Brunellesco ces mêmes Zucchero, si célèbres en leur temps. La déformation de l'esprit italien par les habitudes espagnoles et l'abus de l'emphase et de la préciosité achevèrent la perte de toute sincérité et de toute chaleur, en répandant l'emploi des allégories les plus artificielles et les plus compliquées, comme celles de Francesco Salviati au Palazzo Vecchio. Enfin, l'imitation d'un peintre sculpteur comme Michel-Ange ruina la technique même de la peinture, en habituant les artistes à se contenter d'un modelé de nu en teinte neutre et de draperies colorées d'un ton plat et glacé. Les peintres ne retrouvèrent leurs qualités de vision et d'exécution que lorsqu'ils se mirent en face de la nature vivante, dans les portraits: les plus énergiques sont ceux de Bronzino, qui connut certainement les modèles vénitiens. Le Prophète Eliezer, par Giorgio Vasari (ca. 1566). Venise, dont le commerce et la prospérité étaient depuis plus d'un demi-siècle battus en brèche par la concurrence commerciale des Espagnols et des Portugais, et par les succès militaires des Turcs, retrouvait dans la seconde moitié du XVIe siècle un éclat factice, mais éblouissant; sa flotte magnifique remportait à Lépante (Le Siècle de Soliman) une victoire qui faisait oublier toutes les défaites, et, tandis que Palladio faisait revivre pour la noble cité la tradition de Bramante abandonnée même à Rome, une nouvelle génération de peintres, aussi jeune, aussi vivante, aussi triomphante, succéda à celle de Titien. Venise fut sauvée de l'universel déclin, parce que la tradition établie de maître en maître y consistait non pas à copier le plus grand et le plus dominateur, mais à regarder comme lui la nature et à l'embellir d'une poésie qui n'était pas dans un idéal accessible à quelques élus, mais dans la force même des sensations et des jouissances de tout Vénitien. On peut même dire que ce fut dans les deux derniers de ses grands peintres qu'elle trouva, à la veille de la brusque déchéance et de la longue nuit, son image la plus radieuse. Le premier est Jacopo Robusti, dit il Tintoretto (1512-1594). Il fut hanté longtemps par le souvenir de Michel-Ange; il lui prit les ombres noires et funèbres dont il se servit trop souvent pour exagérer le modelé et l'effet de ses figures, et opposa au Jugement dernier un Paradis de 200 m² (grande salle du Palais ducal). Véronèse. Noli me tangere, par Paul Veronèse. Tintoret a peint Venise dans son ardeur et sa volupté, le Véronèse dans sa joie et sa majesté. Tous deux furent réunis, avec des maîtres dont les seuls illustres furent Palma le Jeune et Leandro Bassano, pour exécuter cette décoration du Palais ducal consacrée tout entière à des allégories glorieuses et à des tableaux de victoires, où Venise chargeait ceux qui avaient le mieux compris son charme et sa beauté, de célébrer son triomphe. Dans cet ensemble unique au monde, vertigineux pour la pensée, éblouissant pour les yeux, c'est le Véronèse qui domine, jetant un chant plus clair et plus sonore que tous, du haut de ce plafond de la salle du Grand Conseil où trône dans son manteau d'or la blonde reine de l'Adriatique. Après lui, l'art vénitien s'assombrit aussitôt. Palma le Jeune (1544-1628) improvise plus lourdement que Tintoret; son coloris s'empâte, et la salle du Scrutin, au Palais ducal, qu'il a peinte presque entièrement, est sans vie et sans lumière. Les Bassano, Jacopo (1510-1592) et ses fils Leandro et Francesco, abandonnent brusquement la tradition de noblesse dans la composition et de clarté dans le coloris ; ils se plaisent à placer leurs scènes religieuses au milieu de paysans et de troupeaux, devant des chaumières décrépites, dans des paysages sombres et mystérieux où le soir est tombé. Par leur étude de la vie vulgaire et leur couleur noircie, ils annoncent l'école réaliste qui va se former à Naples. |
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