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Histoire de l'art > La peinture
L'histoire de la peinture
La peinture en Belgique
La peinture flamande.
A en juger d'après les quelques manuscrits à miniatures qui ont survécu, la peinture, en Flandre, au XIe et au XIIe siècle, associa aux traditions byzantines un sentiment, assez rare alors, de la vie réelle. Plusieurs miniatures flamandes du XIVe siècle offrent des formes plus naturelles que les ouvrages de la période précédente. Au XIVe siècle, les artistes étaient assez nombreux en Flandre pour former des corporations. La guilde des peintres brugeois passe pour avoir été fondée par le comte Louis de Male. En 1383, Philippe le Hardi fonda à Dijon le couvent des Chartreux, où Jean Malouel, artiste dont nous ne possédons plus rien, fut chargé des peintures murales. Melchior Broederlain, peintre ordinaire du duc, exécuta, vers 1398, les peintures qui ornaient la châsse du maître-autel (aujourd'hui à Dijon); elles offrent un singulier mélange de délicatesse et de naïveté.

La tendance réaliste de l'école flamande s'accentua dans les oeuvres des frères Hubert et Jan Van Eyck, nés à Maeseyck dans la seconde moitié du XIVe siècle, qui les premiers (ou parmi les premiers) ont peint des tableaux à l'huile; leur oeuvre la plus célèbre, faite en collaboration, est l'Agneau mystique, dont les panneaux se trouvent aujourd'hui séparés dans plusieurs musées. Parmi leurs continuateurs immédiats, trois sont très remarquables : Rogier Van der Weyden (mort à Bruxelles en 1464), Hans Memling (mort à Bruges en 1495), dont le chef-d'oeuvre, la Châsse de sainte Ursule, se trouve à l'hôpital de Bruges, et Quentin Metsys (né en 1442 à Louvain?), dont le grand triptyque, l'Ensevelissement du Christ, est au musée d'Anvers.

 Le XVIe siècle a produit van Orley (né à Bruxelles en 1541), Michel Coxcie (mort en 1592) et Frans Floris, qui, subissant l'influence de la Renaissance italienne, abandonnent la naïveté et le mysticisme de leurs prédécesseurs et forment la transition au nouveau style qui va illustrer l'école d'Anvers. La plupart des créateurs de cette école sont nés à Anvers même, à la fin du XVIe s. Ce furent, dans l'ordre de date de leur naissance : Adam van Noort (1557) et Otto Venius (1558), qui successivement donnèrent des leçons à Rubens; Daniel Zegliers (1570, Pierre-Paul Rubens (1577), qui résuma en lui tout l'éclat artistique de son époque; François Snyders, Gaspard de Craeyer (1585), Jordaens (1593), et van Dyck (1599). Après eux, le XVIIe siècle produisit encore une foule d'artistes de talent, entre autres les peintres de genre Adrien Brauwer, Breughel, Craesbeek, David Teniers le Vieux et le Jeune; mais la Renaissance flamande s'éteignit avant la fin du XVIIe siècle
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Jordaens : Autoportrait et famille du peintre.
Autoportrait de l'artiste entouré de sa famille, par Jakob Jordaens.

Les XVIIIe et XIXe siècles.
Le XVIIIe siècle vit encore de très bons peintres, mais aucun n'atteignit l'éclat des précédents. Vers 1815, la tradition se mourait aux mains de Herreyns (1743-1827) et de Lens (1739-1822), faibles successeurs des grands peintres d'autrefois; déjà les artistes belges abandonnaient Bruxelles pour venir à Paris, et, suivant les leçons de David (1748-1825), cherchaient à s'assimiler les éléments du beau, tel qu'on le comprenait alors en France. Lorsque David, exilé, se réfugia à Bruxelles (1815), la plupart de ses élèves l'accompagnèrent et formèrent autour de lui un groupe où l'art nouveau était préconisé exclusivement; l'art national ne devait donc pas refleurir encore, mais l'impulsion était donnée. David mort, ses meilleurs élèves, Odevaere (1783-1859), Paelinck (1781-1839), et surtout Navet (1787-1869), continuèrent à suivre les mêmes errements, mais, tout en gardant le respect de la ligne, inculqué par le maître, ils comprirent la nécessité de donner la couleur comme auxiliaire au dessin, et si le succès ne répondit pas complètement à leurs efforts, ils eurent du moins le mérite d'indiquer une voie nouvelle à leurs compatriotes. Parmi les artistes de cette époque on peut encore citer François (1759-1861); van Huffel (1769-1844) et van Brée (1773- 1839). Le mouvement artistique fut inauguré à Anvers par Wappers (1803-1874) et de Keizer; il se propagea bientôt dans d'autres villes telles que Gand, Bruxelles et s'étendit ensuite à toute la Belgique. Navet, tout classique qu'il était, fit preuve d'une conception intelligente de la figure humaine et du sens de la vie. Wiertz (1806-1895) eût été un grand peintre, si l'exécution de ses tableaux eût répondu à la hauteur de ses conceptions. Ce furent surtout Wappers et de Keizer qui accentuèrent le mouvement qu'ils avaient commencé, mais ils donnèrent dans l'idéal d'élégance mis à la mode par les Keapsake, qui substituait l'invention à la nature. Picqué, van Ysendyck, tout en cherchant à marcher sur les traces de Rubens et à retrouver les traditions oubliées de l'école flamande, firent des tableaux mi-classiques et mi-romantiques. Louis Gallait seul (né en 1810) s'en tint à l'étude des tons naturels.
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Wappers : Le dévouement du bourgmestre Van der Werff.
Le dévouement du bourgmestre Van der Werff, par Gustave Wappers (1829).

A la même époque, de Jonghe, Perlon, Werwée père, Marneffe faisaient des paysages romantiques et tourmentés, dont l'allure tragique se ressentait de l'influence des romans.byroniens. Dans les sujets de genre on remarquait la même prétention au sentiment, que l'école de Wappers, toute à l'imitation de Rubens, avait laissé de côté. Gallait lui-même, nourri à l'école du romantisme de Delaroche, n'en est pas exempt dans certains de ses tableaux : le Tasse; les têtes coupées; les Derniers moments du comte d'Egmont, etc. Il en était de même pour la peinture religieuse. Cette sentimentalité, souvent banale et exagérée, appelait une réaction, ce fut Henri Leys (1815-1869) qui la provoqua; au début de sa carrière, il fit, en haine de la peinture jolie et sentimentale, une peinture laide et raboteuse, préparant ainsi le réveil de cette forme de rudesse qu'allait montrer l'école belge avec de Groux (1825-1870), H. de Brakeleer (né en 1818), Dubois et quantité d'autres artistes. Leys peut donc être considéré plutôt comme un rénovateur que comme un simple chef d'école, car son influence s'étendit bien au delà du groupe des élèves qu'il avait formés et qui imitaient sa manière, souvent, il est vrai, en l'exagérant. Ces préparations de l'art aboutirent cependant à une dualité éminemment virile : Alfred et Joseph Stewens, qui rappelèrent par leurs toiles les plus belles époques de l'art national.

Presque en même temps que : H. de Braekeler et que Louis Dubois, le peintre des grasses chairs flamandes, on vit apparaître le rustique Hippolyte Boulanger (1837-1874), l'animalier Alfred Verwée, puis successivement G. de Jonghe, Smits, Baron, Artan, van Hove, Bouvier, les deux Vernas, Charles Hermans, Agneessens, Verdyen, Hennebicq, C. Meunier, Wauters, Lambrecht, Coosemans, Verheyden, van Camp, Mellery, etc., surtout peintres de genre et de paysage.

Ainsi, de 1830 à la fin du XIXe siècle, l'histoire de l'école belge peut se résumer en trois périodes : la première, de romantisme, où les personnages sont, pour ainsi dire, impersonnels et doués d'une vie, en quelque sorte, artificielle; la deuxième, de vulgarité bourgeoise, où les types sont plus étudiés, mais plutôt dans leur laideur que dans leur beauté; et enfin, la troisième, de franc naturalisme, exact et modéré, caractérisé surtout dans le paysage. C'est, en effet, parmi les paysagistes que se remarquent les oeuvres les plus brillantes. Le même phénomène se produit d'ailleurs en Angleterre, en Suède, eu Norvège et généralement dans tous les pays du Nord; c'est une sorte de spécialité de ces contrées froides de porter les artistes à l'observation de la nature, qu'ils représentent presque toujours avec un sentiment plein de finesse et une grande sincérité d'expression. Au premier rang des paysagistes belges on peut placer Marie Collart, dont les vergers et les sites agrestes ont un charme intime et pénétrant. Après elle on, peut citer de Knyf, Hippolyte Boulanger, Fourmois, Heymanns, Lamorimière, Coosemans, Dubois, de Cock, Baron, Is. Verheyden et de Schampheleer.
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Wauters : La Folie de Hugo van der Goes.
La Folie de Hugo van der Goes, par Emile Wauters (1871).

Dans un genre qui se rattache au paysage proprement dit, la peinture de marines, les artistes, belges sont également nombreux et remarquables. Parmi les meilleurs on peut nommer Clays, Bouvier, Artan, Leemans, Robert Mols, et surtout Théodore Weber. Les animaliers sont également en grand nombre; parmi les plus connus se placent Joseph Stevens, Alfred Verwée, Louis Robbe et  principalement Eugène Verboeckhoven (1798-1881), dont le talent impeccable était exceptionnellement fécond. La peinture de portraits est aussi traitée avec succès; par plusieurs artistes; parmi les plus éminents nous citerons d'abord  Liévin de Winne (1821-1880), puis Abry, Agneessens, Lebrun, Nisen, Portaels, Thomas et Emile Wauters. C'est toutefois le tableau de genre qui a été le sujet préféré des peintres belges modernes. Ils tiennent, sous ce rapport, des Flamands, leurs prédécesseurs, mais ils n'en ont malheureusement pas l'ampleur magistrale et se rapprochent davantage du fini des peintres hollandais. Cependant Leys, dans sa deuxième manière, qui est la plus importante, tient des maîtres flamands primitifs, les van Eyck et les Memling, pour la grâce et la naïveté, sans avoir toutefois leur raideur et leur sécheresse. C'est Jan van Beers, un habitué des Salons parisiens, qui devint la personnalité la plus marquante de la peinture anversoise; mais pour la représentation de la vie, le peintre consacré restait  Alfred Stevens, 

« le premier homme du monde, dit Victor Cherbuliez, pour broder une dentelle, faire chatoyer le satin, peindre la soie, le velours et les châles de cachemire ».
Puis viennent Florent, Willems, Henri de Braeckalaer, Ter Linden et Lagye. Dans les sujets de genre, on peut encore citer Ch. Hermans, de Groux, Madou, Smits, Mellery et Jean Verhas. Dans la peinture historique, nous nommerons, outre Leys et Gallait, Cluysenaar, Lies, Hennebicq et Meunier. La peinture de fleurs est représentée par van Robie. L'aquarelle, si estimée à cette époque en France et en Angleterre, est également fort en honneur en Belgique à la fin du XIXe siècle.
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