|
. |
|
Histoire de l'art > La peinture |
La peinture en Allemagne au XIXe siècle |
Aperçu | Les écoles gothiques | La Renaissance | L'école néo-classique | Le XIXe siècle |
La période romantiqueLe XVIIIe siècle s'est achevé avec la prédominance de l'école néo-classique, mais une réaction ne tarde pas à se dessiner en faveur d'un art moins hypnotisé par l'antique, mais non pas plus vivant, les théories, cette fois encore, devant refréner tout essor vers la nature et la vérité. Deux jeunes étudiants berlinois, Wackenroder et son ami Tieck, se rendant, en 1793, à l'université d'Erlangen et passant par Nuremberg s'enthousiasment pour les monuments de la vieille Allemagne. Leurs Effusions d'un frère convers ami des arts sont la première expression d'une nouvelle esthétique qui deviendra le romantisme. Le temps, d'ailleurs, allait venir où l'Allemagne, combattant pour son indépendance et voulant se libérer de tout lien avec l'étranger, chercherait dans son passé la définition de ce que pourrait être son identité propre. La revue Athaeneum (1798-1800), fondée par les frères Schlegel, devient l'organe de la nouvelle école. Friedrich Schlegel, converti récemment au catholicisme déclare, en 1803, qu'incontestablement la rénovation introduite par Raphaël, Titien, le Corrège, Jules Romain, Michel-Ange a été l'origine de la corruption de l'art, et qu'il faut délibérément, pour le régénérer, revenir aux traditions nationales; et la collection de Primitifs allemands réunie à Cologne par les frères Boisserée et leur ami Bertram ramène l'attention et l'intérêt sur les vieux maîtres religieux. C'est ainsi que cinq ans après la mort de Carstens le christianisme est substitué à l'antique comme principe directeur.- Joseph interprétant le rêve de Pharaon, par Peter Cornelius (1817). Les Nazaréens
de Rome.
« J'aime mieux connaître un peu moins mon métier, écrivait Overbeck, et ne point perdre la pureté de coeur et d'esprit qui convient au chrétien. »Il s'ensuit que les oeuvres des Nazaréens, d'inspiration très élevée, manquent de toute base solide, sont d'une pauvreté de dessin et de couleur qui n'ont rien de commun avec l'inexpérience de leurs modèles du Moyen âge et ainsi sont dépourvues totalement de vie et de persuasion. Overbeck, qui dans ses premières oeuvres avait montré une certaine ingénuité de sentiment, tomba de plus en plus dans un formalisme étroit qui se contente d'imiter les maîtres du Quattrocento. Sa Sainte Famille de la Pinacothèque de Munich (1825) est inspirée complètement de Raphaël; son Christ mort pleuré par Marie et les Saintes Femmes (1837), à Lübeck, rappelle le Pérugin; son Triomphe de la religion dans les arts (1846) exécuté pour l'institut Staedel (Städel) de Francfort, où il voulut concrétiser l'esthétique des néo-chrétiens, est emprunté, comme disposition, partie à la Dispute da Saint-Sacrement, partie à l'Ecole d'Athènes. Ses dessins valent mieux que ses peintures. Et des portraits de sa main montrent à quel caractère expressif il pouvait atteindre lorsqu'il s'attachait fidèlement à l'observation de la nature. - Le Triomphe de la religion dans les arts, par Friedrich Overbeck (1846). Deux grands travaux furent exécutés à Rome par le petit cénacle : la décoration à fresque de la casa Bartholdi (scènes tirées de la Bible auxquelles collaborèrent Overbeck, Cornelius, Schadow et Veit, dont la meilleure est le Joseph vendu par ses frères d'Overbeck, et qui sont aujourd'hui à Berlin), et la décoration de la villa Massimi, où Cornelius, Führich, Overbeck et Schnorr peignirent des compositions inspirées de Dante, du Tasse et de l'Arioste. Chacun des Nazaréens a d'ailleurs laissé des oeuvres intéressantes : Pforr, que la phtisie emporta en 1812, un des plus doués parmi ces artistes, a laissé un tableau maIheureusement inachevé : Rodolphe de Habsbourg (musée Staedel à Francfort), d'un style remarquable; Philipp Veit, devenu en 1830 directeur de l'institut Staedel, peignit dans le musée de cet Institut une fresque qui est une des meilleures productions de l'école, l'Introduction du christianisme en Allemagne. De F.-Wilhelm Schadow le musée d'Aix-la-Chapelle conserve une Assomption de la Vierge, et plusieurs églises des provinces rhénanes possèdent des retables d'un sentiment plein de suavité. Les deux Viennois Joseph Führich et Ed. von Steinle, se montrèrent plus particulièrement Touchés par la poésie des peintres primitifs allemands. Leurs qualités de sentiment sont très grandes et la recherche de la couleur est plus marquée chez eux que chez leurs confrères. Friedrich Wasmann, qui a vécu la plus grande partie de sa vie isolé au Tyrol, a laissé des portraits d'un grand style, d'une précision de facture et d'une vérité d'expression qui rappellent l'art des Primitifs, et des paysages d'un accent tout moderne. L'école de Munich.
Cornelius, lui, ne se contenta pas d'admirer les Préraphaélites, mais également Raphaël, Michel-Ange et l'antique, et voulut restaurer le grand art de la fresque. Il avait collaboré à la décoration de la casa Bartholdi et peint sous l'influence d'Overbeck une Sainte Famille (Institut Staedel) et une Fuite en Egypte, où le paysage est de J.-A. Koch (galerie Schack à Munich). De retour en Allemagne, où il avait été appelé comme directeur de l'Académie de Düsseldorf en 1821, il ne tarda pas à être chargé par le roi de Bavière Louis Ier de la direction des grands travaux artistiques que celui-ci entreprenait à Munich et alla se fixer dans cette ville en 1826. Il tenta d'enfermer dans les grandes compositions qu'il exécuta alors (par exemple dans sa fresque de la Glyptothèque où, sous la figure des dieux de l'Olympe, il se proposa de tracer un tableau complet de la vie et des forces de la nature, puis dans son Jugement dernier à l'église Saint-Louis) tout un monde de pensée et de science. De fait, ces « exercices à la Michel-Ange
», comme les a appelés R. Muther, dignes pendants des compositions Ã
la Raphaël et à l'Andrea del Sarto qu'Ã
la même époque H.-M. von Hess (1798-1863)
exécutait à la nouvelle basilique de Munich, exercices où la pensée
des maîtres, exagérée et déformée, tourne immédiatement aux pathos,
sont les produits parfaits d'une époque qui s'entendit plus à philosopher
qu'à peindre. Il en est de même des compositions que Cornelius exécuta
pour le roi de Prusse Frédéric-Guillaume,
qui l'avait appelé à Berlin en 1841
lorsqu'il se fut brouillé, au sujet de I'exécution de son Jugement
dernier, avec le roi de Bavière : les cartons, très inspirés de
Signorelli, qu'il dessina pour la décoration
(qui ne fut jamais réalisée) d'un Campo
santo; les fresques qu'il fit exécuter, d'après les esquisses de
Schinkel, dans l'escalier de l'Ancien Musée.
Si l'oeuvre de l'artiste est critiquable, cependant il faut admirer la
grandeur de ses conceptions, la noblesse de son esprit, le haut idéal
qu'il s'était formé de l'art, la volonté qu'il mit à le réaliser.
Dans ses dessins pour le Faust
de Goethe (1810-1816;
au musée Staedel) dont il voulait faire un commentaire à la hauteur de
l'oeuvre littéraire, il chercha à la netteté de forme de Dürer, mais,
comme dans son cycle d'illustrations pour les Niebelungen, n'aboutit
qu'Ã un art des plus hybrides.
La sainte Famille, par J. Schnorr von Carolsfeld (ca. 1817). Pour achever le tableau de l'art à Munich sous le roi Louis ler, il faut joindre aux noms de Schnorr, de Cornelius et de Hess celui de Wilhelm von Kaulbach (1805-1844), aussi mal doué que ceux-là sous le rapport des dons picturaux, mais leur inférieur de beaucoup comme sentiment artistique. Désireux surtout de plaire à la foule, il préfère aux sommets fréquentés par ses prédécesseurs le chemin commode de la médiocrité qui conduit sinon à la gloire posthume, du moins au succès immédiat. Ses illustrations du Reineke Fuchs (très inspirées de Grandville), de Klopstock, de Wieland et de Goethe, ses grandes compositions, Destruction de Jérusalem, la Défaite des Huns, etc., dans l'escalier du Musée de Berlin, sa grotesque décoration satirique de la Pinacothèque de Munich, ce « carnaval au soleil », a dit Théophile Gautier, d'une invention prétentieuse, d'un sentiment théâtral et faux, d'un dessin sans accent et d'un coloris sans goût, marquent comme la fin de la noble période qui va de Carstens à Cornelius. L'école de Düsseldorf.
A la tête de ce petit groupe était Fr.-Wilhelm Schadow, dont nous avons déjà parlé, et qui avait succédé en 1826 à Cornelius comme directeur de l'Académie de Düsseldorf; autour de lui se groupèrent Julius Hübner (1806-1882), F.-Th. Hildebrand (1804-1874), Carl Sohn (1805-1867), H. Mücke (1806-1891), Christian Koehler (1809-1861), qui devint plus tard directeur de l'Académie de Dresde, etc. Ces artistes formaient une sorte de petite colonie, menant une vie très simple, partagée entre la peinture et les réunions amicales, les causeries littéraires et le théâtre. Leurs tableaux, qui obtinrent tout de suite en Allemagne un vif succès - le Guerrier et son fils et le Meurtre des enfants d'Édouard, de Hildebrand; les Deux Léonore, de Sohn; Sémiramis, de Koehler; l'Age d'or et Ruth et Booz, de Hübner (qui a cependant laissé de bons portraits, pleins de sincérité); etc. - nous paraissent aujourd'hui bien conventionnels et bien fades. K.-F.
Lessing.
Paysage de l'Eifel, par Karl Friedriech Lessing (1834). Alfred Rethel,
Caspar-David Friedrich et Ludwig Richter.
Alfred
Rethel.
La Bataille de Cordoue, par Alfred Rethel (1849). Ci-dessous, l'Arc-en-ciel, de Caspar David Friedrich (ca. 1810). Caspar-David
Friedrich.
Ludwig
Richter.
« Je voudrais saisir et rendre la nature avec la droiture et l'ingénuité d'un enfant. »Son compatriote Friedrich, lui avait enseigné cette sincérité, en ouvrant ses yeux au charme de la nature allemande qu'il révéla ensuite à ses compatriotes. Ces paysages des environs de Dresde, où la nature saxonne l'inspire mieux que n'avaient fait les sites classiques d'abord cherchés à Rome de concert avec Koch (le Watzmann, Traversée au bas du Schreckenstein [1837], la Prière du soir); surtout ses illustrations pour des livres d'enfants, scènes familières pleines de pure et suave naïveté empruntées à la vie de tous les jours observée autour de lui et où revit toute la gemüthlichkeit de l'Allemagne d'autrefois, puis des Souvenirs de la vie d'un peintre allemand, recueil de gravures sur bois, décèlent une sensibilité charmante de véritable artiste. -
Les courants réalistes et naturalistesDu romantisme au réalisme, l'école de Berlin.A côté des tendances diverses de ces différents groupes - école romaine des Nazaréens, école néo-chrétienne, école de Munich, école de Düsseldorf - règne à Berlin un réalisme un peu terre à terre qui, suivant le mot de Goethe, « étouffe tout sentiment humain sous le sentiment local », mais d'où résulte, comme caractéristique de l'école, un sens de la saine réalité qui aura plus tard en Menzel son plus complet et plus glorieux représentant. Mais au début ce réalisme se mitige souvent de fadeur et d'apprêt. G. Wach (1787-1847), Karl Begas (1794-1854), auteurs de tableaux religieux de style académique, de portraits et de scènes de moeurs; Hosemann (1801-1875), illustrateur et peintre de genre; Fr.-Ed. Meyerheim (1808-1879), peintre de moeurs populaires, et le peintre de marines Krause (1803-1864), sont les principaux noms de cette école au commencement du siècle. Les froids sujets romantiques de Ed. Steinbrück (1802-1882), A. von Klober (1793-1864), K.-W. Kolbe (1781-1853) ne s'élèvent pas au-dessus de cette peinture prosaïque. C'est dans les paysages de K.-Fr. Schinkel (1781-1841), également architecte de talent, et dans ceux, d'une belle mais un peu pompeuse ordonnance décorative, de A.-W.-F. Schirmer (1802-1866), qu'il faut chercher l'expression la plus profonde du sentiment romantique. Le réalisme reprend ses droits avec le peintre d'histoire et de portraits Franz Krüger (1797-1857), un des meilleurs représentants de cette école berlinoise: comme Menzel plus tard, il se forma seul et s'en tint strictement à l'observation probe de la nature; ses principales oeuvres, qui retracent des parades militaires et d'autres événements locaux, constituent par leur vérité de précieux documents. A côté de lui, il faut placer le peintre-architecte Eduard Gärtner (1801-1877), que l'exemple de Krüger sans doute poussa à la représentation fidèle des aspects de Berlin; puis le paysagiste Karl Blechen (1798-1840), autre précurseur de Menzel par le sens très moderne des valeurs que montrent ses toiles, notamment ses Baigneuses dans la forêt. Ce sont encore les portraitistes Ed. Magnus (1799-1872), robuste tempérament de dessinateur; Gustav Richter (1823-1884), plus gracieux, mais aussi plus fade, et de qui les effigies de ses enfants et de sa femme valent mieux que le portrait, si célèbre en Allemagne, de la reine Louise de Prusse (musée de Cologne). Le vent de l'étranger.
Anselm
Feuerbach.
Victor
Müller.
Carl
von Piloty.
Seni devant le cadavre de Wallenstein, par Carl von Piloty (1855). Une voie nouvelle.
Parmi les nombreux peintres qui suivent
cette nouvelle voie, citons en premier lieu enfin F.-A.
von Kaulbach (1850), qui résume
bien les diverses tendances de cette école historique; s'inspirant tout
- Ã tour de Holbein, de Van
Dyck, de Watteau, de Frans
Hals, il a réussi surtout dans les figures isolées (Joueuse de
luth, Dame en ancien costume allemand, etc.) et dans des portraits
féminins où il sait allier la vérité à la grâce; mais on souhaiterait
à ces oeuvres aimables plus d'accent et la marque personnelle qui distingue
ses savoureuses fantaisies caricaturales.
Ajoutons, le célèbre portraitiste Franz
von Lenbach (1836-1904),
dont les effigies de personnages illustres des deux mondes s'opposent,
par leur vigueur, leur vie et leur éclat, aux portraits pleins de fadeur
et de convention du peintre officiel, très en faveur dans les cours d'Europe,
F. Winterhalter (1806-1873),
appartient également à cette suite de son maître Piloty, par son esthétique
et sa technique, inspirées des maîtres anciens jusqu'à l'assimilation
complète de leurs procédés. Il sut d'ailleurs y joindre le don d'évoquer
de façon saisissante (surtout dans ses nombreux portraits de Bismarck,
dans ceux de Gladstone, de Döllinger, de Mommsen)
la personnalité de ses modèles. Il avait débuté par des tableaux de
genre dont les meilleurs sont l'Arc de Titus (musée de Bratislava)
et le Petit Pâtre de la galerie Schack, à Munich.
Enfin, on peut encore joindre à ce groupe les peintres d'histoire officiels : Ad. Eybel (1806-1882), également portraitiste et peintre de genre, Wislicenus (1825-1899), Fr. Geselschap (1835- -1898), W. Camphausen (1818-1885), G. Bleibtren (1828-1592), Anton von Werner (1843), directeur de l'Académie de Berlin, dont les grandes compositions, la Proclamation de l'Empire d'Allemagne à Versailles, le Congrès de Berlin, etc., sont le type parfait de l'art officiel, pompeux, conventionnel et froid; puis les non moins académiques décorateurs de palais et d'églises catholiques ou protestantes; W. Lindenschmit le vieux (1806-1848), Ph. Foltz (1805-1877), A. Schorn (1803-1850), qui marque la transition entre l'école de Cornelius et celle de Piloty; W. Hausschild (1827-1887), E. Ille (1823), W. Echter (1812-1879), Heinrich Spiess (1832-1875), August Spiess (1841), H.-M. von Hess (1798-1863), Johann von Schraudolph (1808-1879) et Claudius von Schraudolph (1813-1891), E. Deger (1809-1885), F. Ittenbach (1813-1879), Andreas et Karl Müller (1811-1890; K.-G. Pfannschmidt (1819-1887), K.-G. Schönherr (1824), B. Plockhorst (1825 -1895), K.-J. Grätz (1843), etc. Adolf Menzel.
Souvenir du Théâtre du Gymnase, par Adolf Menzel (1856). Cependant c'est la nature et la vie modernes qui seront ses meilleures inspiratrices. Les tableaux de Constable lui avaient révélé le charme de la traduction franche et sincère de la nature. C'est sous cette influence, semble-t-il, qu'il peint dès 1845 le délicieux Intérieur ensoleillé de la Nationalgalerie de Berlin, si étonnant par la liberté et la délicatesse de la facture, la vérité de l'observation, puis les Jardins du palais du prince Albrecht (1846); le Chemin de fer de Berlin à Potsdam, la Chambre de l'artiste (1847, Berlin), quantité d'études de plein air, d'intérieurs, de scènes nocturnes où domine la préoccupation des questions d'éclairage. Un rapide voyage à Paris, en 1855, semble l'avoir révélé à lui-même; il en résulta une oeuvre capitale, peut-être son chef-d'oeuvre : Souvenir du théâtre du Gymnase, peint avec une telle maîtrise, un accent de vérité si frappant, une si exacte notation des valeurs, qu'on ne croirait jamais à un tableau exécuté de mémoire l'année suivante. L'influence de Daumier semble y être visible. Un second voyage à Paris, en 1867,
confirme Menzel dans cette émancipation et cet affinement de métier,
témoins les toiles célèbres : Après-midi de dimanche au jardin des
Tuileries (très parent de la Musique aux Tuileries de Manet),
un Jour de semaine à Paris, Prêche en plein air à Kosen (1868),
la gouache Sur la bâtisse (1875),
etc. Citons encore ses innombrables études de vie quotidienne et de labeur
humain que résume puissamment le tableau de la Forge (1875);
ses savoureuses scènes de bal à la Cour, merveilles de fine et narquoise
vision, de métier pimpant; ses intérieurs d'église dix-huitième siècle,
d'une virtuosité étonnante; les délicieuses aquarelles, prises au Jardin
zoologique de Berlin, qui forment le Kinder-Album. Mais, plus encore
que dans ses peintures, c'est dans ses dessins, d'une perfection absolue,
que se manifeste son talent : l'homme et l'artiste s'y montrent pris tout
entiers par le spectacle du monde et de la vie, serviteurs fidèles, incorruptibles,
de la seule vérité.
La Forge, par Adolf Menzel (1875). Philipp-Otto Runge
et l'école de Hambourg.
Enfants jouant dans un jardin, par Ph.-Otto Runge (1805). Hambourg.
On rencontre alors à Hambourg Jutius Oldach (1804-1830), peintre excellent, mort à vingt-six ans, bien supérieur comme métier à Runge, et qui a laissé des portraits pleins de cordialité simple et de franchise; puis les trois frères refaire : Günther (1803-1884), portraitiste de mérite; Jacob (1808-1845), le plus personnel des trois, paysagiste doué d'un sentiment décoratif très fin, et Martin (1811-1881), qui s'attacha surtout à la représentation fidèle de la vie des paysans du littoral et se montra aussi, comme Runge, attentif aux effets de plein air. La peinture militaire.
La peinture de
moeurs.
Une Fillette dans un champs, de Ludwig Knaus (1857). Citons aussi l'artiste fin et élégant que fut Heilbuth (1830-1889), qui vécut à Paris; E. Grützner (1846), le peintre des joyeux moines de quelque abbaye de Thélème. Et il ne faut pas omettre, dans ce groupe, les collaborateurs des publications satiriques, soit de tendances politiques comme le Kladderadatschde Berlin, auquel s'est adjoint un peu plus tard, le cinglant Simplicissimus, soit simplement humoristiques comme les Münchner-Bilderbogen et surtout les Fliegende Blätter et le Jugend de Munich, productions typiques de ce souriant humour bavarois auquel nous devons déjà les tableautins de Spitzweg. Ce sont : Wilhelm Busch, Harburger, auteur, en dehors de ses spirituelles caricatures, de scènes de moeurs bavaroises savoureusement peintes; Th. Grätz, Hengeler, R. Reinicke, H. Schlittgen, Th.-Th. Heine, E. Kirchner, O. Zwintschner, A. Roeseler, A. Münzer, et, le plus grand de tous, A. Oberländer (1845), un des artistes les plus originaux et des plus savants de l'école allemande : ses albums de dessins forment une véritable comédie humaine, d'une satire réjouissante, sans amertume, où se décèle une imagination inépuisable et une sûreté d'observation et de main surprenantes. Le paysage.
Un bateau de pêche et un bateau à vapeur dans les mers agitées, par A. Achenbach (1869). Comme Carus, K.-F. von Rumohr (1785-1843) se fit le théoricien du réalisme, de l'observation directe et fidèle de la nature sans souci d'arrangement. Il fut l'éducateur de plusieurs artistes de Hambourg : Christian Morgenstern (1805-1867), A.-F. Vollmer (1806-1875), etc. Valentin Ruths (1825-1905), Ludwig Gurlitt (1812-1897), d'Altona, appartiennent aussi à cette école sincère de Hambourg. Mais l'évolution n'alla pas sans transition
timide, surtout à Düsseldorf, le milieu académique par excellence, acquis
presque exclusivement à la peinture d'histoire ou de genre. Les élèves
de Lessing et de Schirmer essayèrent d'abord de concilier la tradition
idéaliste d'autrefois avec le goût nouveau de la réalité. A ce groupe
intermédiaire appartiennent Andreas Achenbach (1812),
qui peignit la mer du Nord sous des aspects dramatiques, puis, dans des
accents plus simples, les ports et les canaux de la Hollande, qui allait
devenir l'éducatrice bienfaisante de beaucoup d'artistes; le comte Stanislas
von Kalckreuth (1821-1894),
qui, s'inspirant du Suisse Calame,
affectionna les sites grandioses de la haute montagne, les rochers, les
glaciers, les cimes neigeuses. Après lui, O. von Kameke (1826-1899),
O. Pape (1817), Garl Ludwig (1839-1901)
retracent les paysages des Alpes.
Après les paysagistes, les réalistes français, à leur tour, allaient marquer de leur vigoureuse empreinte la peinture de moeurs allemandes. Le réalisme, déjà plus accentué chez Max Michael, de Hambourg (1823-1891), qui semble avoir été influencé par Bonvin, Karg Güssow (1853), souvent trivial, K. Haider (1856), trouve son représentant le plus parfait dans Wilhelm Leibl (1844-1900), le grand nom de la peinture réaliste allemande avec Menzel. Wilhelm Leibl.
De retour dans son pays, il y observe,
comme Millet, la vie paysanne, la peignant toutefois,
non comme lui de façon épique et synthétique, mais avec une conscience
minutieuse, un scrupule d'observation pénétrante, alliés à une touche
vigoureuse, large et hardie : Paysans lisant le journal, Paysannes
de Dachau, Paysannes à l'église, etc. Leibl fit pour la direction
de la peinture allemande vers 1870
ce qu'avait été Cornelius vers 1830,
Piloty vers 1850, ce que devait être
vers 1880 Liebermann.
Scène de chasse, par Wilhelm Leibl (ca. 1895). Il eut de nombreux disciples, parmi lesquels l'Anglais L. Eysen (1843-1899), R. Hirth du Frènes (1846), le Viennois Karl Schuch (1846-1903), Albert Lang (1847) excellents peintres de portraits, d'intérieurs et de natures mortes; J. Sperl (1840), qui peignit la plupart des paysages dans les compositions de Leibl, et Willelm Trübner (1851), auteur d'intérieurs, de scènes mythologiques, de paysages et de portraits, un des meilleurs peintres de son temps au point de vue des qualités techniques : sans aucune visée intellectuelle, lui aussi n'a cherché que la vérité et la belle pâte savoureuse. Ses tableaux, surtout ses portraits et ses paysages (où il finira par se rallier à la technique impressionniste), sous des oeuvres excellentes par l'exactitude de l'observation, la science du métier, la vigueur et la délicatesse du coloris. La nouvelle école
réaliste.
Signalons aussi les portraitistes J. Scholtz (1825-1803) et Th. Grosse (1829-1891) à Dresde, Max Koner (1854-1900) et C.-C.-L. Stoeving (1863) à Berlin. A cette nouvelle école réaliste appartient aussi Bruno Piglhein (1848-1894), auteur de tableaux de genre de sujet frivole, bien observés, et d'un panorama de Jérusalem avec le Crucifiement, intéressant essai de reconstitution archéologique. Impressionnisme et symbolismeDans le sillage des Impressionnistes.La marche en avant, où Friedrich, Menzel et Leibl avaient marqué une étape glorieuse, allait s'achever, sous l'influence, cette fois encore, de la France - la constante initiatrice des progrès en peinture au XIXe siècle - à la suite de l'importante participation des impressionnistes à l'exposition de Munich en 1879. En 1888, l'esthétique nouvelle triomphait dans la capitale bavaroise à l'exposition du Palais de Cristal. Max
Liebermann.
Il devait, après un long séjour en Hollande,
sous l'influence d'lsraëls, puis sous celle de Degas,
donner des peintures encore plus fortes et plus subtiles dans ses Raccommodeuses
de filets (Hambourg), son Asile des Vieillards à Amsterdam,
sa Rue de village hollandais, sa Femme aux chèvres (Munich), ses Enfants
au bain, son Jardin de brasserie (musée du Luxembourg), et
dans ses portraits et autres tableaux, d'une observation si sincère, d'un
rendu si habile de l'atmosphère et de la lumière. Son influence fut considérable
en Allemagne. Et il a eu l'immense mérite, entre autres, d'émanciper
l'art de Berlin des entraves officielles, non seulement par son exemple,
mais encore, comme Munich et d'autres centres artistiques d'Allemagne l'avaient
déjà fait à la suite de la France, par la fondation dans la capitale
de la Prusse d'une "Sécession" groupant, en face des associations académiques,
tous les artistes novateurs.
Enfants au bain, par Max Liebermann (1900). Sécession
et compagnie.
Il faut leur ajouter ces colonies d'artistes
qui, assoiffés d'émotions sincères, désireux de se libérer des recettes
d'atelier, sont allés, en différents endroits d'Allemagne, comme avaient
fait les peintres de Barbizon,
se retremper aux sources fraîches de la nature : à Dachau en Bavière,
comme Ludwig Dill, L. Willroider, A. Hölzel, A. Langhammer; à Grötzingen,
près de Karlsruhe; à Mittenwald; à Goppeln, près de Dresde; à Ahrenskop,
près de Stralsund; à Worpswede enfin, pauvre village entre Brème et
Hambourg, d'où « l'âme simplifiée au contact des humbles », comme
a dit Paul Leprieur, les paysagistes Hans am Ende, O. Modersohn, Fritz
Overbeck. C. Vinnen (qui n'appartint qu'un temps à ce groupement), le
peintre de moeurs Fr. Mackensen, et le mystique et rêveur H. Vogeler ont
tiré des trésors de poésie, de charme intime et pénétrant, qui continuent
l'oeuvre des Friedrich et des Richter.
Les Hespérides (panneau central du triptyque), par Hans von Marées (1884). Avec Feuerbach, et, comme lui, dans la tradition « romaniste », un artiste solitaire, encore plus que lui méconnu de son vivant, Hans von Marées (1837-1887), fut le précurseur de ce nouveau mouvement. Cherchant, dans le sujet comme dans la forme, le général et l'universel sous le particulier et le contingent, estimant avec raison que le grand art ne réside pas dans la virtuosité, la justesse d'observation et l'heureux choix des motifs, pas plus que la philosophie ne consiste dans des réflexions spirituelles, il s'éleva de plus en plus aux conceptious abstraites, se tournant de préférence vers le mythe, la légende et l'allégorie ; ses compositions à l'huile, dont la plupart sont au musée de Schleissheim (les Hespérides, Saint Martin, Saint Georges, Saint Hubert, les Trois âges de la vie), etc., ou à fresque (sujets allégoriques à la Station zoologique de Naples font de lui en quelque sorte le Puvis de Chavannes de l'Allemagne. Il ne manque à ces peintures harmonieuses, aux tonalités de tapisseries fanées, qu'une meilleure réalisation technique. Pour parvenir plus facilement à son idéal, Marées alla se fixer à Rome, redevenue ainsi à la fin du siècle la source de l'inspiration artistique. L'influence de cet esprit et de cet art plein de sérénité, de simplicité, de noblesse a été grande sur bien des artistes : sur Böcklin, par exemple, sur Hans Thoma, Conrad Fiedler, principalement sur le sculpteur Hildebrand, dont le livre le Problème de la forme ne fait qu'exprimer les mêmes théories, enfin sur les artistes allemands vivant à Rome, comme le peintre et sculpteur Arthur Volkmann, le peintre autrichien K. von Pidoll (1847-1901), le sculpteur Tuaillon, etc. Hans Thoma (1839),
de Bernau (grand-duché de Bade), fixé à Karlsruhe,
élève de Schirmer, s'est fait, avec un archaïsme voulu, le peintre ingénu
et ému des aspects idylliques de la nature, des sentiments simples et
primitifs (la Grand-mère et le petit-fils, Été, Violoniste de village,
etc.) et aussi, mais avec trop de gaucherie parfois dans la forme, des
légendes bibliques ou mythologiques. Méconnu en Allemagne tant que régna
l'école de Piloty, il est cependant l'héritier direct de cette tradition
germanique du sentiment de la nature notamment, et il continue Schwind
et Ludwig Richter en même temps que Marées. Il a été aussi, avec Steinhausen
et Klinger, un des émancipateurs de la gravure en Allemagne.
La Ronde d'enfants, par Hans Thoma (1872). W. Steinhausen (1846),qui vivait à Francfort, transcrit, avec un semblable esprit de simplicité, de largeur et de sentiment candide, les scènes de l'Évangile dans ses toiles ou ses lithographies. D'ailleurs Eduard von Gebhardt (1838) et F. von Uhde (1848) rénovaient de leur côté la peinture religieuse. Répugnant à l'art en trompe-l'oeil des peintres de l'école de Piloty, aussi bien qu'aux restitutions où Menzel, puis Liebermann, dans leur Enfant Jésus au milieu des docteurs, Munkacsy dans ses scènes de la Passion, essayèrent d'atteindre une vérité tout extérieure; visant, au contraire, à une évocation où le coeur, avant tout, fût touché, le premier renoue avec les vieux maîtres allemands et flamands en joignant à nu sentiment très parent de celui de Rogier van der Weyden et empreint d'austérité protestante le caractère expressif de types et de costumes empruntés au temps de la Réforme (l'Entrée de Jésus à Jérusalem, Résurrection de Jaïre, la Cène (Berlin), le Crucifiement (Hambourg, etc.). F. von Uhde (d'abord
officier jusqu'en 1877, puis peintre
de scènes frivoles, et enfin acquérant au contact de la Hollande,
lui aussi, l'amour de la vie calme et simple) est conduit par sa tendresse
pour les humbles à une con ception plus émue encore de la peinture religieuse
: renonçant à toute formule et à toute tradition, pour émouvoir plus
sûrement il place résolument et franchement dans la vie contemporaine,
comme l'avaient fait les Primitifs et Rembrandt,
les épisodes sacrés, alliant à un réalisme sincère un sentiment profond
et touchant d'humanité (« Laissez venir à moi les petits enfants »,
les Pèlerins d'Emmaus, au musée de Francfort, le Sermon sur la
montagne, la Sainte Nuit, le Christ chez les paysans, au musée
du Luxembourg, etc.). Son influence a été grande, même à l'étranger
: en France, en Norvège et jusqu'en Finlande.
La Grâce, par Fritz von Uhde (18856). Parmi les peintres de la légende et de l'allégorie chercheur de nouveaux symboles rendus par les procédés les plus modernistes, et chez qui se mélangent le désir de vérité qui passionne tous les peintres de son temps et le goût de rêverie et d'idées générales qui reste, malgré tout, l'essence de l'art germanique, il faut citer en première ligne un artiste dont un livre : Malerei und Zeichnung (Peinture et Dessin), paru en 1891, a eu non moins d'influence que le Problème de la forme du sculpteur Hildebrand sur la jeune génération allemande : Max Klinger, de Leipzig (1856), le plus doué et le plus personnel des artistes allemands au tournant du XXe siècle. Ses oeuvres, d'une richesse extraordinaire d'invention, d'une âpreté incisive d'expression où le lyrisme se voile d'ironie, décèlent un amour très vif de la beauté uni à une sensibilité aiguë de psychologue jetant sur la vie un regard à la fois désenchanté et stoïque. Mais, trop souvent préoccupé de faire exprimer à l'art plus qu'il n'est possible, il est arrivé rarement à donner des créations harmonieuses, reste inégal et tourmenté. Il débutait à l'âge de vingt et un ans, dans l'atelier du peintre berlinois Güssow, par deux séries de dessins à la plume : Cycle sur le Christ, et Fantaisies sur la découverte d'un gant, aux inventions déconcertantes. Ses peintures, où s'allie étrangement à une composition volontiers de forme archaïque, pleine de recherches curieuses et farcie de symboles. un sentiment très moderne - le Jugement de Pâris, le Crucifiement, Pietà (au musée de Dresde), le Christ dans l'Olympe, - soulevèrent à leur tour les plus vives protestations. Mais, c'est surtout en gravure qu'il a donné la mesure de son génie créateur. Nommons ensuite particulièrement : Franz
[von] Stuck (1863), président de la
Sécession de Munich, tempérament vigoureux et hardi, fier de sa force,
très parent de Böcklin en certaines oeuvres, et, comme Klinger, épris
aussi de beauté antique, mais plus amoureux de forme plastique que de
psychologie, et cependant atteignant parfois à la grandeur, comme dans
le Péché, le Baiser du Sphinx, la Guerre (Pinacothèque de Munich);
R. Schuster-Voldan; Ludwig von Hofmann, poète délicat, plein de sève
et de spontanéité, et brillant coloriste; J. Exter, peintre énergique,
très influencé, semble-t-il, par Besnard; Volz; Otto Greiner; Otto-H.
Engel; Hartmann; L. Dürr; L. Herterich; Sascha Schneider; L. von Corinth;
H. Anelsberger; Max Slevogt; C. Strathmann; Fritz Erler; M. Pietschmann;
P. Bürck; Th.-Th. Heine, non seulement peintre, mais encore illustrateur
plein de verve piquante ou de fantaisie charmante, etc.
Le baiser du Sphinx, par Franz Stuck. (1995). Dans le groupe des néoimpressionnistes et stylistes : H. Streinel; Leo Samberger, portraitiste pénétrant. Le paysage lui-même a subi l'influence de cette évolution idéaliste, en ne se contentant plus d'être le simple portrait de la réalité, la peinture subtile d'aspects fugitifs, mais l'image synthétique du visage de la nature, non dans ses couleurs changeantes, mais dans le décor de ses lignes éternelles. Telles sont les créations, principalement, des paysagistes de Karlsruhe, où professe Ludwig Dill : G. Kampmann, F. Kallmorgen. H. von Volkmann, F. Hein, et celles, à Munich, de Karl Haider, Toni Stadler, Edmund Steppes, Benno Becker; à Berlin, de W. Leistikow. E. Lugo, Erich Erler-Samaden, Otto Ubbelohde, P. Schulze, de Naumburg, etc. Et d'autres aussi...On peut rattacher au mouvement néo-classique moderne l'école bénédictine d'art religieux de Beuron fondée, par un jeune sculpteur élève de l'Académie de Munich, P. Lenz, qui prit ensuite en religion le nom de Père Didier, et par un peintre suisse, élève de la même Académie, G. Wuger. Basée sur les méthodes de synthèse, sur les lois de nombre et d'harmonie de l'Egypte et de la Grèce archaïque, elle a réduit à un petit nombre de rapports simples les éléments de la beauté, tirant de l'étude des chefs-d'oeuvre antiques des figures et des formes capables d'exprimer des idées et des sentiments religieux, et baptisant ainsi, en quelque sorte, comme Orsel l'avait dit de Flandrin, l'art grec, et même l'art égyptien. Mais cette peinture synthétique tourne souvent à la formule. Cependant on ne peut méconnaître que les décorations peintes et sculptées des monastères du Mont-Cassin et de Beuron n'aient un caractère vraiment monumental et religieux.- Moderne danse macabre, par Joseph Sattler. Il faut, en terminant cette histoire de la peinture allemande au XIXe siècle, parler aussi de quelques artistes purement illustrateurs : outre ceux, déjà cités, des journaux humoristiques de Munich et de Berlin, le charmant poète Hermann Vogel, de Dresde, auteur de scènes idylliques et de contes populaires où semble revivre l'âme de Moritz von Schwind; puis G. BeIwe, F.-H. Ehmcke, et F.-W. Kleukens, qui ont fondé à Steglitz, près de Berlin, une école des arts du livre et une imprimerie où l'illustration, les vignettes et aussi l'imagerie populaire furent rénovés d'heureuse façon; les vignettistes Cissarz, P. Bürck, M. Lechter, P. Haustein, etc.; enfin et surtout Joseph Sattler (1867), héritier, lui, des vieux maîtres allemands du XVIe siècle, à l'école desquels il a appris sa technique archaïque forte et expressive, et dont il s'est assimilé l'esprit au point de donner dans ses Tableaux du temps de la guerre des paysans et ses Anabaptistes des visions qu'on dirait traduites par un contemporain. Il a été illustrateur non moins remarquable d'une Histoire de la civilisation dans les villes rhénanes (ouvrage publié par les soins et aux frais d'un amateur éclairé, le baron von Heyl), qui reste son principal titre de gloire, et où il a fait apprécier, en même temps que sa puissance d'évocation, sa richesse d'imagination mise au service d'un admirable sens décoratif, duquel témoignent également un recueil d'Ex libris, sa Moderne Danse macabre, son illustration des Niebelungen, etc. (Auguste Marguiller). |
. |
|
|
||||||||
|