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Histoire de l'art > La peinture |
La peinture néo-classique en Allemagne et en Autriche XVIIIe et XIXe siècles |
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AllemagneL'éclat jeté pendant plus de deux cents ans, du XIVe au XVIe siècle, par l'art allemand, et qui brilla de sa plus vive lueur avec Dürer et Holbein, s'était, après la disparition de ces maîtres, affaibli rapidement, pour s'éteindre bientôt tout à fait. Le XVIIe et le XVIIIe siècle sont une période d'obscurité et de décadence où toute tradition a disparu, où n'existent plus que des virtuoses sans âme, pour qui l'art n'est qu'habileté, occupés à imiter servilement les maîtres étrangers, appelés dans les cours d'Allemagne; puis, dès la fin du XVIIe siècle, à la suite de la fondation, dans les résidences royales, d'académies ou écoles d'art officielles sans contact avec la vie et avec l'esprit national, des peintres de cour qui réduisent l'art à des formules pompeuses et vides.Mengs et la doxa néo-classique. Le Parnasse, de Raphaël Mengs. Il en est de même d'Angelica Kaufmann (1770-1807), dont les gracieux portraits aux délicates harmonies valent mieux que les conceptions mythologiques, sentimentales jusqu'à la fadeur. On s'étonne de trouver l'éloge de cette artiste sous la plume de Goethe, qui pourtant, quelques années auparavant, considérant les peintures maniérées et fardées de ses compatriotes, s'écriait : « Ô viril Albrecht Dürer, risée de nos jeunes artistes, combien ta rude figure m'est plus sympathique! » Mais l'écrivain était touché déjà à son tour par les théories académiques. Et, en dépit de la réaction dessinée en faveur de la simplicité et du naturel par les portraitistes Johaun-Georg Edlinger (1741-1819), à Munich; Anton Graff, de Winterthur (1736-1813), et Christian-Leberecht Vogel, 1759-1816, qui travaillèrent tous deux à Dresde; tandis que de tous côtés bouillonne et fermente la sève d'un art issu plus directement de l'esprit et du coeur, que Goya en Espagne, Hogarth en Angleterre, Chardin en France, Chodowiecki (1726-1801) en Allemagne même, substituent aux formules conventionnelles la vivante réalité et le sentiment intime, l'école allemande, en fait de renouvellement, ne sait - incapable qu'elle semble de se placer ingénument, sans raisonner, devant la nature - que s'empêtrer dans les théories du nouveau classicisme instauré par Winckelmann, puis par les Réflexions sur la beauté de Raphaël Mengs; et l'exemple de David en France fortifie encore dans ces doctrines des peintres tels que J.-P. von Langer (1756-1824), qui succédait à J.-L. Krahl (1712-1790) dans la direction de l'Académie de Düsseldorf, puis fut placé à la tête de celle de Munich; à Stuttgart, Nicolas Guibal (1725-1784); à Dresde, le peintre de la cour A.-F. Oeser (1717-1799), qui réorganise dans l'esprit de Mengs l'Académie de Leipzig; à Kassel, J.-A. Nahl le jeune (1752-1825); les Tischbein, Johann-Friedrich (1730-1812,, et J.-H. Wilhelm (1751-1829), dont les portraits habiles, quoique assez superficiels, valent mieux que les grandes compositions historiques; etc. La Pouponnière, par Daniel Chodowiecki (1763). On a plaisir à trouver parmi ces artistes fades et impersonnels l'apparition soudaine d'un peintre sincère tel que ce J.-K. Wilck, de Schwerin (avant 1783 - vers 1820), dont on remarque des vues de Schwerin, et un portrait d'un vieux baron digne de Chodowiecki. Le retour à l'antique (et à un antique qui n'était nullement la beauté vivante de l'art grec, mais la correction d'oeuvres telles que l'Apollon du Belvédère ou les Niobides) va être pour près d'un demi-siècle l'évangile de l'école allemande; c'est à ce procédé seul qu'aboutissent en art le légitime désir de se ressaisir qu'éprouve vers le commencement du siècle la conscience nationale, la généreuse aspiration vers un art élevé, traducteur de nobles et grandes pensées. Carstens. Philoctète pointant l'arc d'Héraclès sur Ulysse, par J. Carstens (1790). D'autres étudient à Paris: tels Ph.-F. Hetsch (1758-1838), élève de Vien; Eberhard von Wachter (1762-1852), élève de Regnault; Gottlieb Schick (1776-1812), élève de David, de qui il reçut une instruction technique très solide qu'il alla ensuite développer à Rome : son Apollon parmi les bergers fut très admiré, même de ses confrères; mais c'est là encore une oeuvre qui trahit l'influence de Mengs et qui vaut beaucoup moins que ses portraits. Cependant Carstens eut une influeuce particulière, avec Poussin, sur son ami le paysagiste tyrolien Joseph-Anton Koch (1768-1839), qui était venu se fixer à Rome en 1794 et dont les vues de nature, où la composition idéale s'allie à la représentation minutieuse de la vérité, sont pleines de grandeur. Le paysage. Cascade à Tivoli, par J.-Martin Rohden (vers 1800). Un contraste frappant avec ces paysages classiques plus ou moins idéalisés nous est offert par les vues d'Italie de Johann Martin von Rohden (1778-1868) : il sait s'abstraire, chose étonnante, des formules de rigueur autour de lui et se contente de peindre sincèrement la nature qu'il a sous les yeux, avec une délicatesse dans le rendu de l'air et de la lumière qui se retrouve dix ans plus tard dans les vues d'Italie de Corot. Genelli. AutricheFüger et ses successeurs.En Autriche, l'époque du néo-classicisme est représentée, à Vienne, principalement par Friedrich-Heinrich Füger (1751-1818); il eut pour maître un élève de Mengs, N. Guiball, de Stuttgart, et citait un beau-frère de Mengs qui dirigeait l'Académie de Vienne. On peut donc s'imaginer le caractère que revètent sous le pinceau de Füger le Départ de Coriolan (musée de Vienne), Madeleine pénitente, et autres sujets historiques, dont le mieux conçu et exécuté est une Mort de Germanicus où se révèle aussi l'influence de David. - La Mort de Germanicus, par Friedrich Heinrich Früger (1789). Ses dessins pour la Messiade de Klopstock, d'un caractère mi-antique mi-chrétien, ne valent pas mieux que ces grandes compositions. Ses portraits, quoique bien douceâtres de coloration et de facture, sont plus estimables; mais c'est surtout dans la miniature que son talent trouva le mieux à s'exprimer : ses défauts deviennent ici de la délicatesse et du style (portraits de Joseph Il, de Léopold II, de lui-même, de son père, d'Emilia Galotti, etc.). Ses successeurs dans le «grand art » : J. Abel (1766-1818), J. Petter (1781-1858), qui devint directeur de l'Académie, K.-P. Goebel (1793-1823), H. Maurer (1738-1818), valent à peine une mention. Kart Russ (1779-1843), dans son Hécube, s'exprime d'un accent plus viril. Le portrait. Deux Vestales, par J.-B. Lampi (L'Ancien). Les portraitistes de la période suivante, pour la plupart élèves de Lampi, parmi lesquels nous citerons seulement J. Ender (1793-1855) et W.-A. Rieder (1796-1880), puis le miniaturiste A. von Anreiter (1803-1882), sont assez ternes, en dépit de la célébrité qu'ils eurent jadis. Il faut mentionner ici les gouaches ou aquarelles où J.-N. Hoechle, de Munich (1790-1855), qui suivit l'armée autrichienne dans la campagne de France, a tracé, d'un pinceau habile et fidèle, les épisodes de la guerre, puis, de concert avec B. Wigand (1771-1846), fut le chroniqueur exact des fêtes occasionnées par le Congrès de Vienne. Paysage avec les éclaireurs de la Terre promise, de J. A. Koch (1816).. |
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