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Histoire de l'art > La peinture |
La peinture gothique en Allemagne XVe siècle |
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L'Allemagne du XVe siècle fut, comme la France, tributaire des Flandres. Seule, sur les bords du Rhin, l'école de Cologne maintint son indépendance. Le réalisme flamand, Parfois si brutal dans les expressions, si confus dans l'ordonnance, fut encore outré par les artistes allemands. Bien peu réussirent à s'affranchir de formules rapidement devenues conventionnelles et il entrevoit, par-dessus toutes les laideurs et toutes les misères, un idéal supérieur de beauté. Néanmoins les écoles allemandes du XVe siècle ont déployé une vitalité et une verve merveilleuses bien faites pour piquer la curiosité, parfois même pour exciter l'admiration de tous les amis de l'art. Elles ont préparé le splendide essor de l'art allemand au siècle suivant pendant la Renaissance. L'école de Cologne. Le prince des peintres colonais, maître Stéphan (Étienne) Lochner ou Lothner (mort en 1451), est le Fra Angelico des bords du Rhin. Son chef-d'oeuvre est le « Dombild » ou retable de la cathédrale, peint à l'huile, entre 1430 et 1440 (l'Annonciation, l'Adoration des mages, des saints). Les figures y sont a la fois solennelles et souriantes; elles dégagent un délicieux parfum de jeunesse et de candeur, qui nous transporte dans des régions enchantées; le sol est parsemé des plus jolies fleurs. Une autre page célèbre de maître Stéphan, la Vierge au buisson de roses (musée de Cologne), véritable symphonie en bleu, s'impose à l'admiration par une sorte de grâce irrégulière et nonchalante qui n'exclut pas l'intensité du sentiment mystique. Tout autre est la Vierge à la violette, du musée archiépiscopal de la même ville : rien n'égale la limpidité et la fraîcheur de cette gamme rouge, relevée de rose et de blanc de neige (seule, la robe bleue de la Vierge fait contraste). C'est un véritable feu d'artifice, une explosion de lyrisme, et cependant elle est pleine de recueillement intérieur. L'Adoration des Mages (détail du Dombild de Cologne), par Stephan Lochner. Entre ces têtes, aux traits soit atrophiés, soit estompés, et les têtes de Fra Angelico, on constate toute la différence qui sépare les traditions artistiques de l'Allemagne et de l'Italie. Mais l'inspiration est la même l'âme se dégage à travers l'enveloppe terrestre; dans ce monde idéal, fait de poésie et de piété, il n'y a place que pour les sentiments purs et nobles. Inférieur à son émule italien pour l'élégance des figures, la noblesse ou la vigueur de la composition, maître Stéphan l'emporte sur lui par son sentiment des beautés de la nature végétale. Rien de plus frais que les paysages qui encadrent ses Vierges : gazon émaillé de jolies fleurs, haies vives, rosiers. Chez les uns d'ailleurs comme chez les autres la couleur est conventionnelle encore; de même que chez les peintres du XIVe siècle l'or forme la note dominante. Le côté faible des peintures colonaises, c'est l'anatomie : ni maître Guillaume, ni maître Stéphan ne semblent avoir la moindre notion de la structure du corps humain. Nous avons affaire à des coloristes, non à des dessinateurs, tels que l'étaient les Florentins. L'École de Cologne ne survécut guère à maître Stéphan. Elle se laissa gagner à la longue par l'influence flamande et finit par imiter les types réalistes créés par les frères van Eyck, ainsi que leurs fonds de paysages. Les tableaux de style légendaire, l'Histoire de saint Georges, l'Histoire de saint Hippolyte, ou encore la Crucifixion, conservés au musée de Cologne, n'ont plus rien à envier aux maîtres de Bruges et de Bruxelles. Aussi bien cette école, purement lyrique, faite pour vivre d'idéal, n'avait plus de raison d'être du jour où la curiosité envahissait les esprits. L'école du Haut-Rhin. Mais c'est Colmar qui devient le vrai centre de l'École du Haut-Rhin avec Gaspard Isemnann (mort en 1466), auteur, en 1462, du maître-autel de Saint-Martin de Colmar (fragments au musée de cette ville): nous y voyons un artiste tout à fait réaliste, parfois même rude, burlesque et tout imprégné de la technique l'amande. L'école de Souabe. Ulm. La Vierge et sainte Marguerite, par B. Zeitblom (munster d'Ulm).. Son élève favori, qui devint son gendre, Barthélemy Zeitblom (de 1450 à 1517 environ), avec lequel il peignit à Munster, près d'Augsbourg, les volets d'un autel (aujourd'hui conservé à la galerie de Budapest), fut non seulement le meilleur artiste de l'école, mais encore un des maîtres les plus caractéristiques et les plus grands de l'art allemand du XVe siècle, par son respect de la vérité, la noblesse et la beauté de ses figures, le soin et la sûreté de son dessin, la beauté de son coloris, vigoureux et lumineux; mais il manque de chaleur et de passion. Ses principales oeuvres sont l'autel d'Eschbach (musée de Stuttgart; la prédelle représentant la Sainte Face est au musée de Berlin), le retable de Blaubeuren, les scènes de la Légende de saint Valentinien (musée d'Augsbourg, et surtout les autels de Herberg (musées de Stuttgart et de Sigmaringen). Citons encore un moine de Rothenbourg, Martin Schwarz, dont les oeuvres se distinguent par une pureté, une douceur et une grâce délicieuses (Scènes de la vie de la Vierge, au musée de Nuremberg). Augsbourg. Détail de l'autel de Kaisheim, par Hans Holbein, l'Ancien. Nordlingen. L'école de Franconie. Mais bientôt, entre 1440 et 1450, un deuxième groupe, dont l'autel Tucher, à l'église Note-Dame de Nuremberg, est le type, montre une préoccupation extraordinaire de l'expression individuelle et une passion qui va jusqu'au tragique. Fin 1450, enfin, une révolution s'opère avec l'introduction, par Hans Pleydenwurff (1472), le maître de Wolgemut et le plus génial des peintes nurembergeois du XVe siècle, de la technique flamande et du style des van Eyck et de Rogier van der Weyden (Crucifixions, à la pinacothèque de Munich et au musée de Nuremberg; Portrait du chanoine Schoenborn, dans ce même musée). Michel Wolgemut (1434-1519) ne fit guère que mettre en oeuvre l'apport de ses prédécesseurs, mais il le fit avec infiniment d'habileté, et son atelier, d'où sortit Albrecht Dürer, devint rapidement célèbre. Portrait du chanoine G. von Löwenstein, par Hans Pleydenwurff. Parmi les nombreuses oeuvres qu'on lui attribue avec plus ou moins de vraisemblance, citons l'autel de Hof (à Munich) et le maître-autel de l'église de Heersbruck. Un de ses élèves, Willelm Pleydenwurff (mort en 1494), fils de Hans, intéresse par la grâce lumineuse de son coloris, la pureté de son modelé et aussi par une certaine expression étrange, inquiétante, dans les physionomies de ses personnages (autel Peringsdorffer, au musée de Nuremberg). L'école bavaroise et les autres écoles. Il reste à mentionner les Ecoles de Silésie, de Pologne, de Bohème, de Saxe et du nord de l'Allemagne; mais on y rencontre peu d'oeuvres caractéristiques. A Breslau (Wroclaw) et à Cracovie, c'est l'influence de Nuremberg qui domine. La Bohème, à la suite des déchirements causés par la guerre des Hussites, offre un terrain peu favorable au développement des arts, et les quelques oeuvres qu'elle produit témoignent aussi de l'influence de Nuremberg. En Saxe, il n'y a guère à citer que le maître-autel de la cathédrale de Meissen, où se voit l'influence flamande, notamment celle de Hugo van der Goes. Le Brandebourg et la Prusse enfin n'offrent que très tard des oeuvres locales, et elles sont peu typiques. En guise de bilan... |
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