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Le
participe a été défini à bon droit comme
un mot qui tient (ou, donc, qui participe) à la fois de la nature
du verbe et de celle de l'adjectif.
Il participe de la nature, du verbe en ce qu'il a toujours un radical identique à celui d'un verbe; il peut exprimer l'action et dans certains cas il admet les mêmes espèces de compléments que le verbe. Il participe de la nature de l'adjectif en ce que, comme ce dernier, il qualifie. A titre d'adjectif il est susceptible d'accord avec un mot de l'objet duquel il marque la manière d'être ou d'agir. On a considéré pendant longtemps le participe comme une dixième partie du discours. En réalité c'est un simple adjectif et non un mot particulier. Si l'on admet que la distinction des différentes parties du discours est le résultat d'un développement historique du langage, le participe, sous la forme et avec le sens d'un nom d'agent, a dû précéder le verbe proprement dit : l'antécédent logique de « je donne » est « moi donnant ». Toujours est-il que les langues indo-européennes anciennement formées, telles que le sanscrit et le grec, étaient fort riches en participes; chaque temps et chaque voix du verbe avaient le sien caractérisé par une forme du radical et de la terminaison en rapport avec ses fonctions temporelles et vocales. En latin, le système
primitif des participes a subi d'assez grandes perturbations, qui consistent
surtout dans la perte complète des participes du moyen-passif en
menos ;
(sanscrit manas). Parmi tous les anciens participes actifs, cette
même langue n'a conservé que la forme du présent ferens
« portante », qui correspond au sanscrit bharan et au
grec ferwn,
mais non sans qu'il y ait à tenir compte du féminin éolien
Les participes passés à sens habituellement passif, sur type da grec dotos «-donné-», ont été conservés aussi parle latin : ex. datus. Et cette même langue a réparé une partie de ses pertes en créant deux nouvelles formes de participes qui lui sont propres. Ce sont : 1° les participes futurs actifs en turus développés sur les noms d'agents en tor. Ex.: dator, « donneur », d'où datur-us, -a, -um ;2° les participes futurs passifs en endus et undus (avec les gérondifs en endi, endo, endum qui s'y rattachent), développés sur les participes présents, en oens pour oents. Ex. : ferend-us, -a, -um, et ferund-us, -a, -um, l'un et l'autre pour feroent-us. De tous ces participes
de première ou de seconde formation, le français
n'a gardé que le participe présent actif donnant (cf.
lat. donans) et le participe passé à sens passif donné,
dont la finale latine tus (a-tus) ou sus (donatus)
a subi, sous la double influence de l'évolution phonétique
et de l'analogie, des altérations pour lesquelles il convient de
renvoyer aux travaux spéciaux qui rendent compte des transitions
par lesquelles le latin a passé pour
aboutir aux formes actuelles des langues romanes.
Au même égard, le participe passé est, en général, considéré comme adjectif et s'accorde en conséquence avec le mot qu'il qualifie ou dont il exprime l'état. Ex. : «-l'année passée », « elle est venue », « nous sommes aimés », etc. L'accord doit s'expliquer de la même façon dans les phrases telles que : « la chanson qu'il nous a chantée », « la montagne que nous avons gravie », « les plaisirs que nous nous sommes donnés », c.-à-d. toutes les fois que le participe appartient à un verbe actif et suit son complément direct, lequel peut être considéré comme le mot que qualifie le participe-adjectif (chanson chantée; montagne gravie; plaisirs donnés). L'accord n'a pas lieu, au contraire, quand le participe précède le complément et quand on dit, par exemple, « j'ai chanté la chanson », « j'ai gravi la montagne », « nous avons goûté de grands plaisirs ». Il est à peine besoin d'ajouter qu'en pareils cas la logique ne justifie pas l'exception, et qu'il faut l'attribuer à des causes traditionnelles et artificielles qui mettent souvent l'usage grammatical en contradiction avec les données du raisonnement. (Paul Regnaud). Le participe présent en françaisLe participe présent (terminé par ant) est un participe qui ajoute au nom qu'il qualifie l'idée d'une action faite par celui-ci.La dénomination de participe présent est défectueuse : il vaudrait mieux dire participe actif. Du reste l'idée de temps est complètement étrangère au participe présent, qui exprime indifféremment le passé, le présent ou le futur, selon le sens général de la phrase dont il fait partie. Le participe présent est toujours invariable. Toute forme verbale en ant est participe présent ou adjectif verbal. 1° Elle est participe présent et par conséquent invariable lorsqu'elle exprime l'action.Pour distinguer le participe présent de l'adjectif verbal, il faut s'en rapporter au sens de la phrase. Le mot en ant exprime-t-il une action, il est participe présent; désigne-t-il un état, il est adjectif verbal.Ex.: Votre mère est une personne obligeant tout le monde.2° Elle est adjectif verbal, et par conséquent variable lorsqu'elle exprime une qualité.Ex. : Votre mère est obligeante pour tout le monde. On reconnaît mécaniquement que le mot verbal en ant est participe présent : 1° Quand il a un complément direct. Il ne faut toutefois pas trop se fier à ces moyens mécaniques; ils peuvent quelquefois induire en erreur.Ex : Cornélie, apercevant l'urne où étaient renfermées les cendres de Pompée, versa un torrent de larmes.2° Quand on peut le traduire par un mode personnel du verbe et par un mot conjonctif.Ex. : Nous aperçûmes une loutre nageant dans le ruisseau. On peut dire : une loutre qui nageait.3° Quand il est précédé ou qu'on peut le faire précéder de la préposition en.Ex. : Les bergères, en dansant au son du chalumeau, charmaient les ennuis de la solitude. Grammaire
historique.
Ex. : En marchant à grands pas, vous serez bientôt arrivé.Autrefois le français distinguait le gérondif, qui était toujours, invariable, du participe présent qui était variable. Le participe présent était un adjectif des deux genres, variant seulement quant au nombre. On disait : des hommes lisants, des femmes lisants. Actuellement on suppose que tout participe présent est un gérondif, et on l'écrit toujours invariable, conformément à une décision de l'Académie française du 3 juin 1679. Les écrivains du XVIIIe siècle n'admirent pas toujours l'identification du participe présent avec le gérondif et firent souvent varier le participe présent. Ex. : N'étant pas de ces rats qui, les livres rongeants, se font savants jusques aux dents.Conformément à l'ancien usage on écrit encore aujourd'hui avec un s le pluriel de ayant droit, ayant cause : des ayants droit, des ayants cause. Différence
d'orthographe entre certains participes présents et les adjectifs
verbaux correspondants.
On peut partager ces mots en deux sections : la première, formée de participes présents nécessairement terminés par ant, et d'adjectifs ou de noms verbaux dont la désinence est ent; la seconde, composée de participes ou de noms qui tous possèdent la terminaison ant et qui diffèrent par la consonne finale du radical. Les mots qui font
partie de la première section sont :
Les mots qui font
partie de la seconde section sont :
Quand au participe présent correspond un adjectif verbal en ent, la différence d'orthographe marquant la différence d'origine, est légitime. Le participe présent doit son origine à la conjugaison; l'adjectif verbal dérive du latin. Mais quand à
un participe présent correspond un mot verbal en ant, la
différence d'orthographe est puérile, parce qu'elle semble
faire croire à une différence d'origine qui n'existe pas.
Toutefois, cette différence d'orthographe est aujourd'hui consacrée
par l'usage.
Le participe passé en françaisLe participe passé (terminé par é, i, u, s ou t) est un pur adjectif exprimant un état, une qualité passive du nom auquel il se rapporte.Ex. : La lune est cachée par un nuage.Le participe passé appartient essentiellement et exclusivement à la voix passive, d'où il résulte qu'on devrait plutôt l'appeler participe passif. Le nom de participe passé, sous lequel on le désigne habituellement, est tout à fait impropre; car le participe passé n'indique pas le temps; il peut indifféremment exprimer un passé, un présent ou un futur suivant que la proposition dont il fait partie correspond à l'une ou à l'autre de ces trois époques de la durée. Participe passé
employé sans auxilliaire.
Ex. : Une personne estimée.Participe passé avec être. Le participe passé accompagné du verbe être s'accorde toujours avec le sujet de ce verbe, quelle que soit la place du sujet. Ex. : Les bonnes actions sont récompensées tôt ou tard.Participe passé avec avoir. Le participe passé accompagné du verbe avoir s'accorde avec le complément direct quand ce complément est avant le participe; mais il reste invariable si le complément direct ne vient qu'après le participe, ou s'il n'y a pas de complément direct. 1° Le complément direct est avant. Soient ces phrases :
Les compléments directs que, l', les, te, vous, que d'affaires, combien d'affaires sont avant le participe : accord. 2° Le complément direct est après. Soient ces phrases :
Les compléments directs ville, fleur, livres, lettre sont après le participe : pas d'accord. 3° Il n'y a pas de complément direct. Soient ces phrases :
Il n'y a pas de complément direct : pas d'accord. Remarque
historique.
Participe passé
d'un verbe à la forme active.
Ex. : Les livres que nous avons lus.Si le complément direct est une des expressions combien de, que de, plus de, moins de, autant de, etc., le participe s'accorde avec le nom qui suit combien de, que de, etc. Ex. : Combien de gens j'ai vus se repentir d'avoir perdu trop d'heures à l'école!Actuellement, dans les temps composés, le participe passé se place toujours immédiatement après l'auxiliaire; dans l'ancien français, on mettait fréquemment le complément direct entre l'auxiliaire et le participe. On pouvait dire : J'ai la lettre reçue, au lieu de : J'ai reçu la lettre. Au XVIIe siècle, cette construction était encore tolérée en poésie. En voici deux exemples empruntés à La Fontaine : Mais vous avez cent fois notre encens refusé.Aujourd'hui on dirait : vous avez refusé cent fois notre encens. Il avait enfoui une somme dans la terre. Participe passé
d'un verbe à la forme active.
Ex. : Les forêts sont peuplées de bêtes sauvages.Participe passé d'un verbe à la forme pronominale. On admet ordinairement que dans la forme pronominale l'auxiliaire être est mis pour avoir. Partant de là, on énonce ainsi la règle d'accord du participe : Tout participe passé d'un verbe pronominal suit la règle d'accord du participe conjugué avec l'auxiliaire avoir, c'est-à-dire qu'il varie s'il est précédé du complément direct, et qu'il reste invariable s'il en est suivi. Ex. : Ces deux hommes se sont querellés.C'est-à-dire : Ces deux hommes ont querellé eux.D'après cette règle, le participe passé des verbes pronominaux suivants : se complaire, se convenir, se déplaire, s'imaginer, se nuire, se parler, se persuader, se plaire, se ressembler, se rire, se sourire, se succéder, se suffire, qui sont des verbes intransitifs, est toujours invariable. Le participe passé des verbes essentiellement pronominaux, tels que s'abstenir, s'emparer, se repentir, s'enfuir, s'écrier, etc., s'accorde avec le sujet. Ex. : Ils se sont abstenus.Remarques. • Le verbe s'arroger, quoique essentiellement pronominal, suit la règle précédente. Ex. : Nous nous sommes arrogé des prérogatives.• Les verbes s'apercevoir de, s'attaquer à, s'attendre à, se douter de, se plaindre de, se prévaloir de, se saisir de, se servir de, se taire, qui ont à la forme pronominale un sens tout spécial, suivent la règle des verbes essentiellement pronominaux. Ex. : Ils se sont aperçus, ils se sont plaints, ils se sont tus.Participe passé d'un verbe intransitif. Le participe passé d'un verbe intransitif, conjugué avec avoir, est toujours invariable, parce qu'un verbe de cette nature n'a pas de complément direct. Ex.: Nos fleurs ont péri.On écrira de même avec le participe invariable : Les quelques heures qu'il a dormi, qu'il a vécu; c'est-à-dire pendant lesquelles il a dormi; pendant lesquelles il a vécu.Le verbe coûter étant de sa nature intransitif, et ne pouvant jamais être employé dans un sens transitif, son participe passé coûté demeure toujours invariable. En conséquence il faut écrire : les sommes que cette acquisition m'a coûté et non coûtées. Les ennuis que cette affaire m'a coûté et non coûtés. On trouve chez les auteurs quelques exemples d'accord du participe coûté; mais ce sont des licences qu'il est recommandé de ne pas imiter, surtout en prose. Un certain nombre de verbes s'emploient dans deux sens différents : dans le premier sens ils sont transitifs, et dans le second, intransitifs. Il faut tenir compte de cette différence de signification lorsqu'il s'agit d'écrire le participe passé d'un de ces verbes. Par exemple : • Courir est transitif lorsqu'il veut dire poursuivre, s'exposer à; il est intransitif s'il signifie aller avec une grande vitesse. Le participe passé d'un verbe intransitif conjugué avec être, est traité comme un pur adjectif et s'accorde avec le sujet du verbe.Ex. : Les cerfs que les chasseurs ont courus.• Pousser, signifiant faire avancer, est transitif. Ex. : Nos soeurs sont parties ce matin.Participe passé d'un verbe impersonnel. Le participe passé d'un verbe impersonnel est toujours invariable. Ex. : Il est arrivé des troupes.Participe précédé de en. Le pronom en, bien qu'il soit équivalent à de lui, d'elle, d'eux, d'elles, de ceci, de cela, selon le nom dont il tient la place, est neutre par lui-même; de plus, il joue toujours le rôle de complément indirect. En conséquence, le participe qui a pour unique complément le pronom en reste invariable. Ex. : J'ai trouvé des framboises et j'en ai mangé. C'est-à-dire j'ai mangé de cela, d'elles.Il est évident que si, indépendamment du pronom en, il y a dans la phrase un complément direct exprimé, le participe suit la règle générale d'accord. Ex. : Mon père est absent, voici les nouvelles que j'en ai reçues, c'est-à-dire que j'ai reçues de lui.Lorsque le pronom en est précédé d'un des adverbes de quantité combien, plus, autant, moins, etc., le participe se met au pluriel, parce que ces expressions éveillent une idée de pluralité et qu'elles sont considérées comme les compléments directs du verbe suivant. Ex. : Autant de parties il a jouées, autant il en a perdues, c'est-à-dire autant de parties il a perdues.Dans l'exemple qui précède, autant, employé pour la seconde fois, est considéré, à l'exclusion de en, comme un complément direct elliptique féminin pluriel. Participe passé
suivi d'un infinitif.
Ex. : Les vers que j'ai entendu réciter étaient magnifiques. - J'ai entendu, quoi? réciter les vers, pas d'accord.La même règle s'applique au cas où l'infinitif est précédé d'une préposition. Ex : Les ciseaux qu'elles ont donnés à repasser (elles ont donné les ciseaux à repasser).Le participe fait suivi d'un infinitif est toujours invariable, parce qu'il forme avec ce dernier une espèce de verbe composé. Ex. Je les ai fait partir.Participe passé entre deux que. Le participe passé placé entre deux que est toujours invariable, par la raison que le premier que n'est pas le complément direct du participe passé, mais du verbe, qui suit. Ex. : Les obstacles que j'avais supposé que vous rencontreriez. - J'avais supposé quoi? que vous rencontreriez des obstacles. Que est le complément direct de rencontreriez, et non de supposé.D'ailleurs, la succession des deux que rend la phrase traînante et il vaut mieux éviter cette tournure. Infinitif sous-entendu.
Ex. : Il a débité toutes les extravagances qu'il a voulu (sous-entendu débiter).Mais ces mêmes participes rentrent dans la règle générale, lorsqu'il n'y a pas d'infinitif sous-entendu. Ex. : Les sommes que nous lui avons dues sont payées.Le représentant une proposition. Le participe qui a pour complément direct le pronom le représentant une proposition, reste toujours invariable. Ex. : La guerre a fini plus tôt que nous ne l'aurions cru (c'est-à-dire que nous n'aurions cru qu'elle finirait).Le représentant une proposition sous-entendue est au fond un véritable pronom singulier du genre neutre équivalant à cela. Dès lors le participe qui s'y rapporte doit demeurer invariable. Participe précédé
de le peu.
• Tantôt il signifie une quantité petite, mais suffisante; dansExcepté, supposé, approuvé, etc. Les participes excepté, supposé, approuvé, passé, certifié, attendu, y compris, non compris, ci-joint, ci-inclus, ouï, sont considérés comme prépositions, et sont par conséquent invariables, lorsqu'ils précèdent le nom et qu'ils commencent la phrase. Ex. : Approuvé l'écriture ci-dessus.Mais ces mêmes mots sont considérés comme participes et s'accordent lorsqu'ils suivent le nom. Ex. : Mes soeurs exceptées.Lorsque ci-joint, ci-inclus sont placés après un verbe et qu'ils précèdent un nom indéterminé, ils demeurent invariables; dans cette situation ils varient, au contraire, s'ils sont suivis d'un nom déterminé. Ex.: Vous trouverez ci-inclus copie de l'acte.Remarque historique. La règle qui prescrit l'invariabilité des participes ci-dessus est relativement moderne. Autrefois on les faisait accorder : Ex. : Exceptées les forteresses. (Froissart).Proposition participe. On appelle proposition participe une expression équivalente à une proposition subordonnée et formée de deux parties : un nom ou un pronom sujet et un verbe au participe. Ex. : L'hiver approchant, chacun fit sa provision de bois.L'hiver approchant, les parts étant faites, eux venus forment trois propositions participes ayant pour sujets respectifs aver, les parts, eux, et équivalentes à comme l'hiver approait, après que les parts furent faites, lorsqu'ils furent venus. Il faut bien se garder de considérer comme formant une proposition participe le sujet d'une proposition ordinaire, modifié par un participe. Dans cette phrase : le lion blessé succomba peu après, le lion blessé ne constitue pas une proposition participe. (L. et
R.)
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