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Étymologiquement,
le terme de nova désigne une étoile
nouvelle (stella nova). En réalité, les novae correspondent
à un brève étape, intervenant
à la fin de l'existence de certaines
étoiles initialement très peu lumineuses, et au cours de
laquelle la luminosité de ses astres augmente
brusquement. Leur luminosité peut alors en quelques heures seulement,
et pendant quelques jours ou plusieurs semaines, devenir dix mille fois
supérieure à celle du Soleil. La
plupart du temps, la luminosité de l'étoile n'augmente que
d'un facteur cent, et l'on parle plutôt dans ce cas de novae naines.
Toujours est-il que c'est à cet instant qu'on les repère
en général, et que l'on peut être tenté d'y
voir, à l'instar des astronomes des siècles passés,
des astres "nouveaux". |
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Selon toute vraisemblance,
ces objets à quelque type qu'ils appartiennent, correspondent à
des systèmes binaires, dont l'une des composantes
est une naine blanche, astre compact dont le coeur
s'est éteint, et l'autre composante une étoile plus jeune
et froide, à l'enveloppe dilatée. |
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L'attraction
gravitationnelle de la naine happe le gaz de sa compagne. La matière
ainsi accaparé par la naine blanche ne tombe pas directement à
sa surface. Il s'enroule en spiralant au tour de l'étoile et finit
par former un anneau, ou disque dit d'accrétion,
dont la température est très élevée.
Les transferts de matière d'une étoile
vers l'autre et transitant par le disque d'accrétion sont à
l'origine d'une grande variété des phénomènes
explosifs, expliquant les brusques augmentations d'éclat.
Si l'explosion se révèle suffisamment
puissante, elle n'affectera plus seulement les régions périphériques
de la naine blanche. Elle la détruire complètement et l'on
aura affaire à une supernova. Un déferlement
d'énergie des milliers de fois plus puissant que celui rencontré
dans les novae.
A noter qu'il existe
d'autres possibilités pour qu'une étoile manifeste un comportement
comparable à celui d'une nova. Ainsi en est-il en particulier, quand
certaines étoiles de masse légèrement supérieure
à celle du Soleil parviennent au stade de géante
rouge et se débarrassent très brusquement de leur enveloppe
lors d'une explosion, appelée le flash terminal d'hélium.
Deux cas ont été signalées dans la Galaxie.
Le plus connu est l'étoile (ou "nova") de Sakuraï dans le Sagittaire.
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Mise en ordre |
Novae
ordinaires - Elles correspondent à des explosions très
puissantes (quelque chose comme dix milliards de milliards de tonnes de
dynamite), se produisant à la surface, enrichie en carbone, azote,
et oxygène, de la naine blanche, suite à l'accumulation d'hydrogène
et d'hélium en provenance du disque d'accrétion. Une naine
blanche étant un objet excessivement compact, le champ de gravitation
à sa surface y est intense. Il s'ensuit que l'enveloppe de gaz dont
elle est se dote alors s'en trouve donc comme écrasée. Pression
et température (plus de 108
K) de la couche d'hydrogène augmentent donc considérablement.
Ainsi, quand une quantité d'hydrogène équivalente
à une centaine de masses terrestres se trouve rassemblée
autour de l'étoile morte, le gaz dépasse une densité
dix mille fois supérieure à celle de l'eau, dans les conditions
ordinaires. La compression est telle, que des températures de l'ordre
du million de degrés sont atteintes. Si le processus se poursuit
encore, les atomes finissent par fusionner
brutalement comme dans une immense bombe thermonucléaire. De nouveaux
atomes impossibles à produire dans le coeur des étoiles ordinaires,
comme l'azote-15 sont synthétisés à l'occasion du
processus. L'onde de déflagration souffle alors dans l'espace
interstellaire à plusieurs milliers de kilomètres par
seconde, la fine enveloppe de la naine blanche. Soit une masse de mille
à cent-mille fois inférieure à celle du Soleil. C'est
la boule de feu qui grandit alors pendant quelques semaines dans l'espace
que l'on désignera, en principe, sous le terme de nova. La luminosité
est multipliée par plusieurs millions en quelques heures et reviendra
à son niveau antérieur quand toute la matière dispersée
dans l'espace par l'explosion se sera complètement diluée
et refroidie.
Novae naines
- On qualifie ainsi des objets dont les augmentations de luminosité
révèlent des caractéristiques comparables à
celles des novae ordinaires, mais avec une amplitude moindre. L'origine
de leurs explosions semble être le point d'impact sur le disque du
jet de matière en provenance de l'étoile dilatée.
Les conditions de température et de pression dans ce "point chaud",
pourraient atteindre des valeurs justifiant le déclenchement de
réactions de fusion thermonucléaire
des noyaux d'hydrogène. Exemples de novae
naines : U Gem (Gémeaux), Z Cam (Girafe),
ER UMa (Grande Ourse), ou encore WZ Sge (Flèche).
Une nova naine implique en moyenne 10-8
masses solaires, soit cent mille fois moins de matière qu'une nova
énergétique.
Novae récurrentes : L'une
des caractéristiques des novae naines et de certaines novae ordinaires
est la récurrence, c'est-à-dire qu'elles connaissent des
explosions à intervalles très irréguliers. Il existe
ainsi des novae qui, à l'instar de T CrB (Couronne
Boréale), U Sco (Scorpion), ou RS Oph
(Ophiuchus), gratifient les astronomes d'une nouvelle
explosion de temps à autre. Pour T Pyx (Boussole),
par exemple, qui bat tous les records de fréquence, ce sera tous
les dix à vingt ans en moyenne. Les novae naines se montrent bien
plus généreuses en matière d'explosions : U Gem, par
exemple, connaît une crise en moyenne tous les trois mois. En fait,
pratiquement toutes les novae peuvent être considérées
comme potentiellement récurrentes. Simplement l'intervalle entre
deux explosions dans le cas des novae ordinaires est de l'ordre de 10 000
à 100 000 ans et donc beaucoup trop long pour que les astronomes
aient jamais pu enregistrer plus d'un événement!
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La Relation Kukarkin-Parenago
Les
astronomes Boris Kukarkin et Pavel Paranego ont montré dans les
années 1930 qu'il existe pour les novae récurrentes une relation
entre le temps écoulé depuis une explosion donnée
et l'augmentation de luminosité observée au cours de l'explosion
suivante. L'origine de cette relation peut se comprendre par un effet d'accumulation
dans le processus de transfert de matière. La violence d'une explosion
est en rapport avec la quantité de gaz qu'elle implique. Or cette
quantité est d'autant plus importante qu'elle a disposé de
temps pour s'accumuler.
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Rouages |
Le mécanismes des explosions
Selon un schéma proposé par Evry Schatzman
dès les années 1950, dans ces régions profondes, qui
sont celles où la compression et l'échauffement sont maximaux,
l'hydrogène et les autres atomes se trouvent dans un état
très spécial qui a reçu le nom de dégénéré.
Rien ne s'y produit alors comme il sied à de la matière placée
dans les conditions habituelles. En particulier, l'élévation
de température ne conduit pas à une dilatation. La naine
blanche s'échauffe mais ne peut gonfler en géante
rouge pour évacuer son trop-plein d'énergie. N'ayant
pas une surface suffisante pour évacuer vers l'extérieur
l'énergie produite, la température de l'astre augmente encore.
Au point que les noyaux d'hydrogène fusionnent.
Mais désormais, ce sera dans le cadre du cycle de réactions
nucléaires dit CNO (carbone-azote-oxygène). Un processus
rencontré ordinairement dans les étoiles
chaudes, de masse supérieure à au moins deux ou trois
masses solaires, et aboutissant également à la synthèse
de l'hélium, mais catalysé par le carbone remonté,
dans le cas présent, du coeur de la naine blanche. Le problème
de l'élévation de température devient alors critique.
L'enveloppe de la naine blanche produit de plus en plus d'énergie,
mais ne parvient absolument pas à l'évacuer. Après
un millier d'années à ce régime, la température
dépasse les trente millions de degrés. En une semaine, les
cent millions de degrés sont atteints, puis, très vite, les
cent soixante millions... ainsi que le point de non retour. La naine blanche
est devenue comme une cocotte-minute dont le contenu surchauffé
n'aurait aucun véritable exutoire. Une seule solution alors : exploser.
Les régions inférieures de l'enveloppe
de la naine blanche enfin déchargées du poids qui les comprimaient
en profitent pour se détendre. L'astre gonfle alors jusqu'à
un diamètre comparable à celui de notre étoile. Sa
température superficielle chute rapidement au dessous de cinquante
millions de degrés. Mais c'est bien suffisant pour que des réactions
de fusion s'y produisent toujours. Désormais, cependant, l'astre
possède une surface suffisamment dilatée pour évacuer
confortablement l'énergie qu'il fabrique. Il s'ensuit que sont éclat
croît démesurément. Et, en un ou deux jours, il brille
comme dix mille soleils. Faute de combustible, le vampire est cependant
condamné à revenir assez vite à sa nuit. L'étoile
de nouveau se contracte en effet pour revenir à sa dimension originelle.
La compression fera certes de nouveau augmenter la température.
Mais maintenant son émission se fera principalement dans le domaine
UV. En attendant une nouvelle éruption. Si la compagne de la naine
blanche n'a pas trop souffert des événements, et surtout
si elle possède encore assez de gaz dans son enveloppe pour continuer
de nourrir le disque d'accrétion, peut-être que tout le processus
pourra recommencer.
Après quelques semaines, c'est surtout de
l'enveloppe qui a été expulsée par l'explosion, que
viendra la lumière. La matière se disperse dans l'espace
à une vitesse dépassant les mille kilomètres par seconde.
Elle est d'abord transparente. Mais en se diluant et en se refroidissant,
elle tend à bloquer les UV en provenance de l'astre central. Le
rayonnement ainsi intercepté est alors réémis à
des longueurs d'ondes plus grandes. L'enveloppe
devient lumineuse dans le domaine visible et l'infrarouge.
Sa lente diminution d'éclat accompagnant alors pendant les mois
qui suive sa dilution progressive dans l'espace. La Galaxie
s'en voit enrichie d'éléments
chimiques lourds, dans des proportions sans doute bien moins importantes
que lors de l'explosion d'une supernova, mais non
négligeables. Les novae pourraient ainsi être responsables,
depuis la formation de la Voie Lactée, de la dispersion dans le
milieu interstellaire de l'équivalent de
vingt millions de masses solaires. |
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Collection |
Les novae sont des phénomènes
rares. Quelques dizaines d'étoiles deviennent des novae dans notre
Galaxie chaque année. En moyenne, seulement trois ou quatre de ces
phénomènes sont détectées. Les novae naines,
plus fréquentes, manifestent souvent des sautes d'éclat à
répétition, parfois espacées de quelques années,
ou même de quelques mois. Les novae sont 700 fois plus fréquentes
dans notre Galaxie que les supernovae. La liste qui suit rassemble quelques
unes des novae les plus brillantes observées dans la Voie
Lactée depuis le début du XXe
siècle. |
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