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Les
Nandous ou Autruches d'Amérique dont Moehring, en
1752, a proposé le premier de faire un genre à part sous
le nom de Rhea sont un genre de l'ordre des Ratites qui diffère
du genre Struthio (Autruches proprement dites)
par les pattes à trois doigts
au lieu de deux; l'aile n'a qu'un seul éperon : elle est dépourvue
des plumes lâches, flexibles et flottantes qui ornent celle de l'Autruche
d'Afrique. Ce genre est propre à l'Amérique,
du Brésil et de l'Argentine
au détroit de Magellan. On en
connaît trois espèces :
• Le
Nandou d'Amérique (Rhea americana) est l'espèce la mieux
connue; son plumage est d'un gris brun
assez terne, plus pâle chez la femelle; on connaît une variété
blanche; sa taille, bien inférieure à celle de l'Autruche,
atteint cependant 1,65 m chez le mâle; la femelle est un peu plus
petite. Une dizaine de sous-espèces.
• Le Nandou de
Darwin (Rhea Darwini, Rhea pennata ou, si l'on y voit un genre distinct,
Pterocnemia pennata), ou Nandou nain, est plus petit : son plumage est
gris brun rayé de gris clair; chaque plume
ayant un liséré blanchâtre près de son extrémité.
• Le Nandou à
long bec (Rhea macrorhyncha) est de la taille du Nandou ordinaire,
brun foncé avec le cou noir dans le bas, blanchâtre dans le
haut.
La première espèce
habite les plaines découvertes et accidentées
désignées sous le nom de Pampas,
entre l'océan Atlantique et la
cordillère des Andes, et s'étend
de la Bolivie, du Gran Chaco argentin, jusqu'au
Sud de la Patagonie; la seconde est de la Patagonie
et du Chili; la troisième, du Brésil
oriental. Toutes trois ont les mêmes moeurs que le Nandou ordinaire.
Le Nandou vit dans
les steppes de l'Argentine et de la Patagonie
par petites troupes composées d'un mâle et de cinq à
sept femelles, qui vivent isolées. Cependant, après la saison
de la reproduction, on rencontre des bandes de 50 à 60 individus.
Ils se nourrissent de fruits et d'herbe.
Bien qu'ils s'éloignent peu du district qui les a vu naître
et qu'ils considèrent comme leur domaine, leur course est rapide
et leur poursuite fatigue les meilleurs chevaux, en raison surtout des
crochets qu'ils font avec une grande agilité. Comme l'Autruche d'Afrique,
le Nandou s'aide de ses ailes pour courir et sauter
: il franchit des crevasses de plus de 3 m de large.
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1.
Nandou d'Amérique ou Grand Nandou (Rhea americana
americana);
2.
Nandou de Darwin (Rhea pennata); 3. Nandou de Rotschild (Rhea
americana rothschildi).
Le nom de Nandou,
qui provient d'un mot guarani, est une imitation du cri du mâle lorsqu'il
appelle ses femelles ou qu'il provoque d'autres mâles an combat.
En dehors du temps des amours, mâle et femelle font entendre une
sorte de sifflement. Les jeunes pépient comme les Dindons.
C'est en octobre
que le mâle ayant deux ans révolus est en état de se
reproduire. Il présente à
ce moment une grande animation et danse devant les femelles d'une façon
singulière en faisant entendre son cri qui est sourd, comme une
sorte de mugissement. La ponte commence en
décembre. C'est le mâle qui se charge seul de la construction
du nid et de l'incubation.
Il creuse dans la terre bien sèche une dépression peu profonde,
utilisant souvent les inégalités naturelles du sol, et recherchant
les endroits abrités de la pluie et cachés
par les chardons ou les hautes herbes. Ce nid est grossièrement
tapissé d'herbes sèches. Les femelles déposent leurs
oeufs dans ce nid on à quelque distance,
et le mâle les y réunit avec soin mais il en reste souvent
un certain nombre en dehors qui ne seront pas couvés. Les femelles
s'éloignent et restent ensemble à quelque distance, pendant
que le mâle couve assidûment la nuit et le matin jusqu'à
ce que la rosée soit évaporée
: il ne se lève que pour aller chercher sa nourriture, restant rarement
absent plus de 3 à 4 heures. S'il est inquiété pendant
qu'il est sur le nid, il s'en éloigne en cherchant à détourner
sur lui l'attention du chasseur. Les oeufs sont d'un blanc jaunâtre,
ayant de 10 à 14 cm dans leur plus grand diamètre, et équivalent
à douze ou quinze oeufs de poule.
Les jeunes éclosent
en février, c.-à-d. après une incubation d'environ
deux mois. Dès leur naissance ils sont en état de courir
comme les jeunes poussins, et commencent à chercher les insectes
et les graines pouvant servir à leur nourriture.
Le mâle continue à les abriter sous ses ailes jusqu'à
ce que tous les oeufs soient éclos. Il quitte alors le nid suivi
da ses petits, et ce n'est qu'au bout de cinq semaines qu'il laisse les
femelles rejoindre sa petite troupe.
On s'empare de cet
oiseau en le chassant à cheval et à l'aide du lasso. Le Nandou
pris jeune s'apprivoise facilement, et au bout de quelques jours ne cherche
plus à s'échapper. On peut le laisser errer en liberté,
il reviendra tous les soirs à son gîte. Cette espèce
supporte bien le climat de l'Europe; elle s'y
reproduit en plein air sans exiger de soins particuliers. Il suffit de
tenir les couples ou les petites familles, composées d'un seul mâle
et de plusieurs femelles, dans un enclos suffisamment étendu et
de leur ménager une petite cabane pour les abriter contre les grands
froids, et surtout contre l'humidité, qui leur est plus nuisible
encore. On ne peut les laisser dans une liberté complète
à cause des dégâts qu'ils commettraient dans les plantations
de jeunes arbres et dans le potager. Mais ils sont faciles à nourrir,
recherchant non seulement l'herbe et les graines, mais aussi les fruits
épineux, notamment ceux du chardon, les insectes et même les
reptiles. La chair de l'adulte a été
comparée à celle du cheval, mais celle du jeune est délicate,
et un Nandou de deux mois donne un rôti gros comme un Dindon. La
graisse est excellente pour les usages culinaires. Les oeufs sont très
avantageux, un seul suffisant pour faire une omelette. (E.
Trouessart). |
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